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  • Mani - Patrick Leigh Fermor

    Les Amoureux de la Grèce : Paddy Leigh Fermor 

     

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                                                                         L'auteur P L Fermor à kardamyli

     

    Vous avez fait connaissance de l’auteur dans le billet précédent, Patrick Leigh Fermor est comme Durrell, un amoureux de la Grèce. 

    Nous l’avons rencontré à Chypre, mais durant cette période il a consacré l’essentiel de son temps à la découvert d’une région ignorée de Grèce, une région sauvage et isolée au delà l’Olympie : Le Magne 

    Cette région sera celle où il choisira un jour de vivre et où aujourd’hui encore les habitants le vénère.

    Il en a tiré un splendide récit : Mani, du nom grec de cette région.

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                         Villages crénelés et maisons-forteresses du Magne

     

    C’est avec sa femme Joan qu’il se lance à l’assaut du Magne. Sparte est leur point de départ, ils vont marcher, le Magne est une sorte de promontoire, le sud du Péloponnèse. Un pays sauvage où les grecs plaçaient une des entrées de l ’Hadès

    Ils délaissent les routes pour utiliser sentiers, croisent des bergers mutiques, grimpent comme les chèvres à l’assaut de la chaîne du Taygète et sont conduits par Yorgo le gardien de troupeau. 

    Une terre où le passé est présent en permanence :

    « Chaque rocher, chaque ruisseau évoquent presque toujours une bataille, un mythe, un miracle, une anecdote paysanne ou une superstition. Par conséquent, il me parut préférable, en écrivant, d'attaquer le pays en certains points choisis et de le saisir à cœur. »

     

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    Une marche dans les pas d ’Homère, la vie quotidienne du paysan a peu changée, le pays est pauvre mais accueillant, les ruraux colportent des histoires qui tiennent de la légende sur leurs voisins, les lieux, les animaux.

    Partout la table est dressée pour eux, le vin coule avec largesse, l’ouzo pour la pause du soir

     

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    « Tandis que nous parcourions les rues pavées, un murmure de saluts montait des tables des cafés et formait un choeur calme, amical et plein de sympathie  »


    On échange des histoires, on se vante : 

     « Les Anavrytains sont vraiment très forts. Nous serions capables de ferrer un pou si vous nous le demandiez. Il ferma un oeil et ses mains caleuses mimèrent le délicat travail du forgeron, les doigts de la main gauche semblant saisir la patte arrière du pou tandis que ceux de la main droite maniaient énergiquement un marteau miniature »

     

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    Patrick Leigh Fermor n’a pas son pareil pour vous promener à travers la vieille Grèce byzantine, vous dessiner les arbres généalogiques des Paléologue et des Cantacuzène, vous retracer les batailles, mêler les francs et les romains, Constantinople et la lutte des maniotes contre l’Emppire Ottoman. Vous saurez tout sur la coutume de la Vendetta née vers 1300 et que sans doute les marins transportèrent jusqu’en Corse, avec son cortège d’incendies, de poignards, de fusillade. Tout sur la piraterie et le rapt d’esclaves qui permettaient aux Maniotes de survivre.


    La leçon n’est pas difficile à suivre car Patrick Leigh Fermor détient l’art de raconter l’histoire en suivant des sentiers qui dégringolent jusqu’à la mer, au milieu des vignes, des bougainvilliers et des oliviers. De villages crénelés en maisons-forteresses, presques inacessibles, vous irez avec lui voir le soir les pêcheurs tirer leurs caïques sur le rivage.

     

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    Une belle façon de visiter la Grèce, Kardamyli, Agia Sophia, Stoupa, Agios Nikolaos, autant de villages aujourd’hui la proie d’un tourisme parfois ravageur, prenez Paddy pour guide vous ne le regretterez pas, il recueille le dernier souffle d’une Grèce qui va disparaitre.

     

    Le Livre : Mani - Patrick Leigh Fermor - Traduit de l’anglais par Marc Montfort - Editions Payot  1999  A chercher en biblothèque ou chez les bouquinistes 

  • Citrons acides - Lawrence Durrell

    Les Amoureux de la Grèce : Lawrence Durrell

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     www.martin-liebermann.de

    "Les ruines du monastère de Bellapaix comptaient parmi les vestiges gothiques les plus remarquables du Levant "

     

    C’est une année anniversaire pour Lawrence Durrell né en 1912. Ce diplomate romancier m’a toujours plu, découvert en lien avec la lecture d’Henry Miller avec qui il fut ami, c’est son amour pour la Grèce, Chypre et Alexandrie qui fait de lui l’écrivain de la Méditerranée, des îles, du soleil. 

    Occupant des emplois variés, attaché de presse à Athènes, employé par le Foreign Office, les années cinquante le trouve à Chypre, il tirera de son séjour Citrons Acides  

     

    Un peu d’histoire pour comprendre 

    Chypre après beaucoup d’autres envahisseurs, était « occupée » par les anglais depuis 1878 ! 

    Le Royaume-Uni avait promis le rattachement de Chypre à la Grèce si celle-ci combattait aux côtés des alliés lors de la Première Guerre, les grecs refusent et en 1953 Chypre est toujours sous domination britannique.

    Un mouvement nationaliste naît et l’île sera après des mois de tergiversations des anglais, plongée dans le chaos et la violence.

    Au lieu du rattachement prévu à la Grèce, c’est l’indépendance qui sera proclamée en 1960 avec un très fragile équilibre entre les communautés turques et grecques, puis la partition et pour finir l’entrée dans la Communauté Européenne.

    Citrons acides est donc un livre présentant deux facettes de Chypre, une ensoleillée et idyllique et une seconde plus sombre et entâchée par la violence.

     

    Commençons par le versant ensoleillé. 

    Lawrence Durrell à son arrivée à Chypre cherche à se loger, il fait très vite connaissance avec l’instituteur, l’épicier, les pêcheurs avec qui il passe nombre de soirée, vidant des gobelets de vin parfumé.

    Il a l’intention d’accueillir sa famille et ses amis et il se met en quête d’une maison à un prix raisonnable et pas trop loin de Nicosie où il doit travailler comme prof d’anglais.

    Et le bonheur du lecteur commence, cette chronique au quotidien de la vie de l'île, la magnificence de la nature, la beauté des paysages millénaires, la chaleur amicale des habitants, tout est superbe.

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    « Dehors, le soleil de printemps brillait sur les arbres gonflés de mandarines ; un petit vent frais chargé du parfum des neiges du Taurus agitait doucement la cime des palmiers »

     

    Je vous laisse la joie de la découverte des tractations immobilières avec un turc madré et une propriétaire qui se cabre, à elles seules elles valent la lecture de ce livre. 

    Durrell choisit de vivre dans le village de Bellapais par lui baptisé dans le livre Bellapaix pour exorciser la violence.

    « L’atmosphère du village était absolument ensorcelante (...) Partout des roses, et les pâles nuages de fleurs d’amandier et de pêcher »

    La visite de la maison lui ôte toute raison :

     

     

    « Le jardin avait quelques mètres carrés, mais il était planté d’arbres (...) six mandariniers, quatre citronniers, deux grenadiers, deux mûriers et un grand noyer au tronc penché  »

    La période des travaux venue gare à celui qui s’assoit sous l’arbre de la paresse

    « Ce fut bientôt la lente procession des mules montant leurs charges de briques et de sacs de ciment par les ruelles tortueuses du village »

     

    Enfin la maison est prête à recevoir son frère, l’étonnant naturaliste Gerald Durrell qu’il a tenté de faire mourir à la bataille des Thermopyles (je vous laisse le plaisir de l’anecdote savoureuse) mais qu’il sait ressusciter fort à propos

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    les amis :  Freya Stark et surtout Paddy le magnifique.

    « Le voilà un bras sur l’épaule de Michaelis qui lui a indiqué le chemin » Patrick Leigh Fermor connaisseur hors pair des chants grecs envoûtants qu'il entonne pour la joie de tout le village

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    Patrick Leigh Fermor © Ulf Andersen/Getty Images

     

     « Je vois qu’un attroupement s’est formé devant la maison, ils sont quinze ou vingt qui écoutent dans la nuit et dans le plus parfait silence »

     

    Je ne sais pas ce qui l’emporte du comique des situations, de l’évocation des lieux chargés d’histoire, de la description des paysages qui vibrent sous le soleil ou des personnages si hauts en couleur.

     

    Si l’on vient au versant sombre, sès son arrivée il est frappé par les inscriptions « Enosis seulement » et assez vite les habitants lui confient « Nous ne voulons pas chasser les Anglais, nous voulons qu’ils restent mais en amis et non en maîtres »

     

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    Les troupes anglaises à Chypre en 1958

     

    Lawrence Durrell n’approuve pas la violence et ne se range pas aux côtés des Chypriotes mais condamne les tergiversations anglaises qui ne font qu’attiser la situation. Un lent processus de rancune et d’exaspération dit-il qui finira par lui faire quitter Chypre. 

     

    Une belle façon de faire connaissance avec cet écrivain.

     

    Pour connaitre mieux Chypre rendez vous chez Miriam 

     

     

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     Le livre : Citrons Acides - Lawrence Durrell - Editions Buchet Chastel  1994 ou  Phébus libretto 2012