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Courriers des tranchées - Stefan Brijs 

Jusqu’à quel point le mensonge est-il tolérable ? Est-il plus acceptable si c’est pour le bien des personnes ? 

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Londres en 1914

Rendez-vous à Londres en 1914, la guerre vient d’être déclarée et les files s’allongent pour s’engager. Tout le monde est sûr que les soldats seront de retour dans quelques semaines.
Le pays vit fort d’un optimisme à tout crin et d’une grande colère face aux planqués qui refusent de s’engager. 

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John Patterson est parmi ceux qui tombent sous la vindicte populaire, il est étudiant et n’a pas l’intention d’interrompre ses études.

Son père, facteur, s’est sacrifié pour lui payer sa formation au prix de sa bibliothèque dont il met en vente régulièrement un volume de valeur.
Est-ce de la lâcheté quand autour de lui ses amis s’engagent, Martin Bromley son plus proche copain s’engage avec un mensonge sur son âge et son identité.

Les premiers morts arrivent, son père distribue les télégramme du commandement pour annoncer les décès.Un autre ami de John est pacifiste et marxiste, il influence un peu le jeune homme et son suicide  perturbe John qui est pacifiste dans l’âme et plus attiré par la poésie de Keats que par la carte des combats.

John reste très proche de la famille de Martin après son départ pour le front. Il aimerait obtenir l’amour de Mary, la soeur de Martin, mais il se heurte à un refus.

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L'arrivée du courrier 

La mort dramatique de son père  fait électrochoc, John découvre que ce dernier utilisait son métier de facteur pour subtiliser des lettres qu’il n’osait pas remettre hanté par tous ces morts.
Il s’engage et décide de voir cette sordide guerre de près.

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Un lieu sinistre de la Première Guerre 

Un livre que j’ai beaucoup apprécié, j’ai aimé le débat sur le refus de s’engager, le courage ou la couardise, la notion de lâcheté que ce soit à l’arrière ou sur le front.

J’ai aimé les questions que posent ce livre : qu’est-ce que l’héroïsme, la trahison, le refus de se battre ?

L’auteur dit très bien l’attente du courrier de part et d’autre, le moral qui plonge quand une lettre n’arrive pas, l’inquiétude des mères, des amis, des épouses, le désespoir à l’arrivée du courrier des autorités qui taisent la vérité, enjolive la mort et cache les vraies raisons parfois (suicide, exécution ) 

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J’ai aimé que le fils après le père soit détenteur de courriers qui annoncent la mort aux familles dissimule la vérité, ment pour ne pas blesser. Tout est là, dans ses propres interrogations, quand une simple lettre peut détruire, réconforter, donner de l'espoir ou l'annihiler. 

J’ai apprécié l’écriture, simple et élégante, d’une grande sobriété et qui nous fait partager le goût pour la littérature de l’auteur.

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Au dessus de Londres 

Le portrait de Londres sous la menace des Zeppelins préfigure ce que sera Londres sous les bombes d’Hitler. Les drames de Poperinge et d'Ypres sont présents dans le récit et invitent à lire un peu à leur propos.

Lisez ce livre, sans vous presser jusqu’au final très émouvant et comme moi laissez vous émouvoir par John qui part à la recherche de perce-neige et d’anémones des bois au beau milieu d’une guerre.

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Le livre : Courrier des tranchées - Stefan Brijs  - traduit par Daniel Cunin -Editions Héloise d’Ormesson ou Folio Gallimard

Commentaires

  • Oh ! que ton billet me parle Dominique car moi-même détentrice (comme le fils après le père) d'un certain nombre de cartes postales échangées pendant la guerre de 14-18 entre mon grand-père paternel Léon et sa femme, Juliette, et autres membres de la famille. Mon papa Justin avait 3 mois en août 1914 quand la guerre a débuté, et il était le troisième de la fratrie qui s'agrandira à 8 restés vivants. Et même s'il n'est pas question d'analyse autant poussée que dans le livre que tu nous proposes, côté anglais, je sens leurs questionnements sur ces temps de séparation des familles, de peut-être ou sûrement, l'inutilité de la guerre, même si elle n'est pas évoquée de façon crue... Les tranchées je les vues en 1956, j'avais 10 ans, comme à Verdun, Douaumont et son ossuaire, le livre d'Or des combattants....quand Léon revenu sain et sauf de la guerre, et veuf depuis, a eu l'opportunité de partir comme ancien "poilu" accompagné d'un membre de sa famille. Il m'a choisie, moi, une de ses petits-enfants, ....et j'ai vu les endroits où la guerre était passée et les saccages occasionnés par elle. Une semaine les yeux grands ouverts, je savais que je revivais avec lui une partie de la Grande Histoire, et comme je le craignais, cette émotion fortement retrouvée... il est décédé quelques temps après. Donc la guerre je connais... ces courriers que je possède après le décès de mes oncles, mes parents je les conserve comme la prunelle de mes yeux et les transmettrai le temps venu à ma descendance. C'est important de ne pas oublier, la guerre, quelle que soit la raison, ...les morts.
    Ces "poilus" de la grande guerre partis la fleur au fusil disait-on à l'époque, courageux, ..une idée fortement démentie par la suite... que connaissaient-ils de la guerre ?

    Ces échanges écrits ont fait l'objet d'un certain nombre de mes billets sur :

    https://delafenetrealaporte-aaq.blogspot.com

    si tu as envie de les lire, transcrits tels quels, mais qui transmettent une idée de ce qu'est la guerre - une guerre - et ce qu'elle entraîne.
    Excuse mon commentaire un peu long, mais je tenais à te répondre ainsi.

    Merci à toi d'évoquer ce temps qui demeure fortement en nous, et encore ....malheureusement, partout dans le monde !

    douce journée Dominique.

  • Ma jeune grand-mère (10 ans) dernière de la fratrie a perdu (disparu, sans corps...) son jeune grand frère, l'ainé (20 ans) dans les tranchées. Il ne reste qu’une inscription au monument aux morts du village. Elle a vécu le départ, l'attente et l'annonce.
    Les larmes venaient toujours dans ses yeux, même à la fin de sa vie lorsqu'elle l’évoquait.
    "Presque tous les jeunes de certains villages ont été fauchés, c'était une période terrible" me disait-elle.
    Il ne faut pas oublier. Merci Dominique.

  • Surtout pas d'excuses pour la longueur d'un tel commentaire
    Non seulement il me touche profondément mais je crois qu'il va intéresser nombre de mes lecteurs lectrices
    je t'envie d'avoir de tels joyaux à disposition, j'ai eu un grand père qui disait qu'il était né une année faste, trop jeune en 14 et trop vieux en 39 par contre il avait souffert de la faim et du froid en raison des restrictions qui longtemps pesèrent sur sa santé
    Merci infiniment pour ces précisions, je ne suis pas remontée loin en arrière sur ton blog donc je vais aller lire ces témoignages indispensable et comme tu le dis importants à transmettre aux générations qui viennent

  • pour La petite Verrière
    Je me souviens à la campagne quand j'étais enfant du monument aux morts et je me souviens avoir lu tous les noms et surtout être frappée très jeune par l'âge des hommes dont le noms était inscrit j'avais une dizaine d'années et eux parfois juste 20 ans

  • Bien qu'en e moment la guerre fait rage tout près de nous, ce livre est très tentant.

  • j'ai un peu lu lors des anniversaires autour de la guerre mais c'est un moment où paraissent une masse de livres et j'ai toujours l'impression qu'on me force la main
    j'aime lire décalé à un moment où mon esprit se pose pour cela

  • j'ai lu ce roman en 2018
    et j'ai beaucoup aimé , j'avais eu une réserve je trouvais que le portrait de ceux qui s'engageaient était un peu caricatural, ils semblaient pas très malins . J'aimerais bien lire en savoir plus sur le patriotisme britannique car il ne faut pas oublier que les anglais étaient VOLONTAIRES pour faire cette guerre.

  • Oui je te suis sur ta remarque en effet mais ils représentent l'entourage du héros, ensuite dans les combats on voir bien le mixte de la provenance de tous ces hommes
    Comme toi je suis un peu épatée par le devoir que les anglais se sont imposés en même temps ils avaient une grande peur de l'invasion et en 39 idem cela n'enlève rien à leur courage comme à ceux des australiens, des américains
    j'ai aimé aussi voir les réactions d'un pays alors que la guerre n'est pas sur son sol

  • Un roman qui semble à la fois très intéressant et documenté et qui questionne sur ces "valeurs" .
    Un style épistolaire?
    Il est noté vu ta recommandation, et puis ce côté anglais, et bien, on le connaît beaucoup moins...
    Merci

  • il y a quelques lettres mais le gros du roman est de type récit
    oui c'est intéressant de voir le coté anglais

  • j'ai repris non pas un rythme soutenu de lecture mais un rythme de croisière alors les livres s'accumulent d'autant que j'avais aussi du retard sur mes billets

  • ce fut tout le problème de Giono qui suite à son expérience des tranchées devint un pacifiste parfois un rien trop engagé

  • Les sujets décrits semblent très intéressants... notamment le pacifisme, le courage et la lâcheté. Je note cet auteur pour le mois belge !

  • c'est une vraie bonne lecture pour moi j'espère qu'il te plaira de même

  • Je ne connaissais pas ce titre. Evidemment, je le note avec intérêt. Les questions qu'ils posent ( en ce jour de bac philo :)), ce que tu dis des personnages, de l'émotion, tout m'interpelle.

  • un bon roman et je trouve qu'on ne lit pas suffisamment de littérature flamande

  • Oh mais que ce doit être intéressant ! Je note ce titre.

  • ta liste doit comme la mienne être longuuuuuuuuue

  • c'est peut être chez toi que je l'avais repéré d'ailleurs ou chez Luocine

  • Je n'ai jamais rien lu de cet écrivain flamand, merci de me faire découvrir ce livre, Dominique.

  • une belle lecture et j'aime de plus en plus les auteurs Flamands

  • Trouver les noms de Yeats chez toi et de Russel chez Adrienne, le monde est étrangement petit parfois.
    Terrible époque, terribles guerres !!! Je n'aurais jamais pu partir et je ne pourrais jamais faire la guerre, je ne me sens pas lâche, je n'imagine pas une seconde tirer sur des inconnus, cela dépasse l'entendement pour moi. Jusqu'où peut aller le mensonge ? Je comprends ce facteur qui tente de ne pas ajouter de la douleur à la douleur du monde, il y a des mensonges de circonstances qui frôle la compassion... Je lirai ce livre, tu en parles fort bien, en poche en plus ? Génial. Merci Dominique, douce fin de journée. brigitte

  • les hasards des blogs
    La guerre, je crois que c'est ce qui m'a toujours fait être une européenne convaincue, la guerre d'Ukraine est là pour nous rappeler que rien n'est jamais gagné définitivement

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