« Je m’étais attablé à l’auberge des Trois Sapins, muet comme un marchand taiseux qui pense et fait ses comptes, puis je me levai et sortis pour retrouver la route, dans le serein, où le charme magique du soir m’accueillit par son obscurité.
L’auberge est doucement adossée à la colline boisée au-dessus de laquelle, à ce moment, brillait, superbe, la demi-lune. C’était indiciblement beau sur cette route de village. Le peu de clarté s’estompait, mais persistait, étendant, suspendant çà et là un léger halo.
Mais les étoiles apparaissaient déjà, entre de gros nuages tièdes, au ciel de plus en plus sombre. L’obscurité installait plus largement son règne. Les gens étaient si joliment indistincts et, dans l’ombre, s’éloignaient d’un pas si joliment doux et ouaté. Quelqu’un me dit un amical bonsoir. C’était une jeune fille. »
Le livre : Petits textes poétiques - Robert Walser - Traduction Nicole Taubes - Editions Gallimard
Commentaires
Jolis textes.
un auteur que j'aime depuis longtemps
Petits cadeaux de farfadet À lire dans un sous-bois ou au coin d'une cheminée ! Merci
le genre de livre que je sors quand mon moral est à la baisse
J'ai découvert, grâce à toi cet écrivain au destin si tragique et je t'en remercie. Bon dimanche, Dominique.
un auteur trop peu présent sur les blogs
Belle promenade du dimanche entre les mots et les photos ;0) Bon dimanche Dominique
merci à toi
Tiens, c'est amusant. Je suis plongé moi aussi dans Robert Walser en ce moment.
j'aime ce genre de coïncidence
J'ai reconnu tout de suite Robert Walser, poète fracassé. Magnifique.
j'aime ses textes courts si poétiques
Beaux textes, sur un moment qui paraît harmonieux et paisible.
parfois on a besoin d'harmonie et de silence non ?
Comme Annie, je l'avais découvert grâce à toi, et j'avais recopié un poème qui va dans le sens de ton billet.
DE LA FORÊT
Sa terre est souple comme un tapis,
son air est consolant comme un baume,
sa voix est un chant de troubadour
simple et svelte comme l’élan de ses troncs.
Sa voix est un chant de trouble-amour.
Chaque matin j’épie et j’écoute
dans la verte énigme de son abri.
Chaque matin mes yeux, ces amoureux,
contemplent ses merveilles muettes,
ses vermeilles plaies, car bientôt elle sera morte. –
Des troncs sourd le sang rouge –
ses vermeilles plaies, car bientôt elle sera morte.
heureuse que tu apprécie le poète et ce poème est magnifique digne de figurer dans les anthologies
La beauté ainsi décrite nous fait voyager, on est présent à cet instant, en communion avec l'auteur et ses yeux, ceux du cœur. Merci Dominique, belle journée à toi. brigitte
un poète qui doit te plaire
Connu de nom ou alors au détour d'un autre livre!
c'est souvent comme ça qu'on rencontre un nouvel auteur
Je vous sais adepte de Walser, j'aime beaucoup ce genre de petits textes, merci.
Je serais partant pour un jour faire l'itinéraire proposé sur la photo de l'article. En attendant, je le lis, ici et peut-être bientôt davantage dans un livre emprunté ou acheté.
j'ai eu comme vous l'envie d'emprunter ce chemin, ce qu'hélas je ne ferai jamais mais qu'importe !