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Portrait de femme - Henry James

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Et le dixième est 

«  L'histoire d'une innocente intrépide qui a tout pour elle » *

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                                               Isabel Archer

Le roman le plus connu d'Henry James et certainement l'un des meilleurs, et pour moi un pur chef-d'oeuvre de sensibilité, de construction, de style, de bonheur de lecture.

« Je préférerais que vous attendiez quelques mois, jusqu’à ce que mon gros roman soit sorti. C’est à partir de lui que, pour ma part, je prétendrai faire date »

Voilà ce que disait Henry James à son éditeur alors qu'il écrivait Portrait de femme.

Quelques mots sur l'histoire elle-même :
Isabel Archer, jeune orpheline américaine, se voit proposer par Mrs Touchett, sa tante, de partir pour l'Europe, d'y voyager avec elle et de séjourner à Florence ou Mrs Touchett a une villa.
Les deux femmes font d'abord une pause en Angleterre à Gardencourt, auprès de Mr Touchett et de son fils Ralph qui tente de soigner sa tuberculose.

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Tea in the garden  Walter Frederick Osborne


Isabel rencontre immédiatement le succès auprès de l'entourage des Touchett, elle est jeune, vive, enjouée, intelligente et elle plait.
Le séjour se prolonge, Isabelle aime beaucoup le vieux Mr Touchett et son cousin Ralph et passe de longues heures avec eux, elle retrouve Henrietta, une amie américaine venue en Europe pour être journaliste. Elle fait la connaissance de Mme Merle une amie de sa tante qui l'encourage à réaliser ses désirs et ses rêves.
Isabel Archer se voit proposer le mariage à plusieurs reprises par un lord anglais et par un riche américain qui l'a suivi jusqu'en Europe. Lord Warburton et Caspar Goodwood se voient l'un comme l'autre opposer une fin de non recevoir.

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                                           Florence il y a longtemps

Isabel a soif de liberté, elle tient à son indépendance et souhaite voir le monde, elle est, dit Henry James, « impatiente de vivre »
Leon Edel le biographe de James dit qu'il met sa propre enfance et son propre désir de liberté dans le personnage d'Isabel.
La mort de Mr Touchett va tout changer. Elle hérite d'une petite fortune, il est temps pour elle de voler de ses propres ailes.

Ce ne serait pas du Henry James si il n'y avait,  après ce moment un rien idyllique qui a tout d'une comédie romantique et légère, désillusion, désenchantement, trahison et souffrance ….
Mona Ozouf dit «  Tous les romans de James sont des allégories de la déception » voilà vous êtes avertis.

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                                             Gilbert Osmond le collectionneur

Je vous laisse faire connaissance avec Gilbert Osmond le collectionneur et sa fille Pansy tout juste sortie du couvent.
Je vous laisse flâner dans les ruines romaines, dans les musées et les églises de Florence à l'époque du Grand Tour que James restitue parfaitement.
Les dialogues sont subtils, profonds et sont superbement mis au service de l'errance psychologique des personnages. Les liens qui s'instaurent entre les différents personnages évoluent beaucoup au fil du récit et Henry James ne dévoile jamais tous les ressorts d'une histoire, il laisse le lecteur suivre son propre cheminement.

Un reproche souvent lu : l'intrigue est longue à se mettre en place, peut être, mais James aime faire le tour de toutes les implications d'une situation, il l'examine, la pèse, l'étudie sous toutes les coutures. Ils sondent âmes et caractères , il examine la morale et les répercussions des choix de ses personnages.
Chaque nouvelle situation donne lieu à un nouvel examen attentif digne d'un entomologiste.
Les ruptures de temps du récit, les non-dits, ajoutent à l'oppression ressentie par le lecteur qui passe de la douceur du thé sur les pelouses de Gardencourt à l'ombre menaçante des ruelles de Rome.
Le lecteur est victime de «  la curiosité presque douloureuse » * que lui communique l'auteur.

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Un mot du film de Jane Campion, les adaptations de romans sont parfois très réussies, c'est le cas ici. Nicole Kidman est parfaite d'allant juvénile, puis de douleur muette, elle EST Isabel Archer.

Si vous n'avez jamais lu Henry James gardez ce roman pour plus tard, commencez par Les Papiers d'Aspern ou Washington Square et ensuite délectez vous de ce Portrait de femme et peut-être comme moi le lirez-vous et le relirez-vous.

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Les livres :
Un Portrait de Femme dans Un portrait de femme et autres romans - Henry James - Traduction de Evelyne Labbé - Gallimard Pléiade
* La Cause des livres - Mona Ozouf- Gallimard

Commentaires

  • C'est ma prochaine lecture d'Henry James, suivant ainsi l'ordre du volume de la Pléiade. Je dois dire, que je me régale par avance et ce n'est pas ton article qui risque de brider mon enthousiasme.

  • je t'envie de ne l'avoir jamais lu, c'est pour ce roman que j'ai acheté le pléiade car j'avais un exemplaire vieux et pas très bien traduit
    j'ai lu ce roman lentement et avec un plaisir total

  • james est noté, tellement noté que je ne le lis pas d'ailleurs. Mais récemment j'ai tourné autour de Portrait de femme (billet à venir un jour ^_^)

  • H James ne devrait pas dérouter la Proustienne qui est en toi

  • Je n'ai jamais lu Henry James. Je me laissais impressionner. Annie et toi, vous m'avez convaincue. Je note tes recommandations.

  • je crois qu'il faut se lancer je te conseille de commencer par des textes un peu plus court : Papiers d'Aspern ou Washington Square et ensuite d'embarquer pour les oeuvres majeures mais ce n'est que mon avis

  • quel est ton favori , je dois dire que j'ai encore quelques romans de James à lire, et surtout la Coupe d'or mais de toutes mes lectures celui là pour le moment est mon favori avec les Ambassadeurs

  • Ah oui! J'adore ce roman aussi. Ça fait plusieurs années d'ailleurs que je projette de le relire. J'ai d'ailleurs sauté sur le volume de la Pléiade dès qu'il est sorti.

  • je crois que les amateurs de James se sont précipités car les traductions anciennes sont parfois défectueuses et surtout parce que nos vieux volumes souffrent d'avoir été ouverts, prêtés ...

  • Dommage que La Pléiade ait renoncé à publier l'intégrale des romans de James, comme il semble que c'etait prevu initialement.

  • c'est d'autant plus dommage que certains romans sont totalement introuvables ou en mauvais état et mauvaise traduction
    quand je pense qu'on publie en pléiade tout d'Ormesson !!

  • Je n'ai pas lu le roman, j'ai seulement vu le film, qui m'avait plu tout en me paraissant très sombre.

  • c'est sombre, l'amour n'est pas joyeux chez H James , c'est un grand sceptique qui lui même n'a sans doute que très peu été amoureux

  • J'en suis à la moitié, lecture lente, enchantée. Rien à ajouter à ton billet, c'est un très très grand et beau roman.

  • ah je suis heureuse de t'accompagner là, j'ai fait comme toi je l'ai lu très très lentement c'est loin de ma façon habituelle mais c'est ce que je fait pour les très bons romans de façon instinctive

  • Quel beau billet pour ce chef-d'œuvre, qu'il donne envie de le relire ! Comme toi, j'ai aimé le jeu de Nicole Kidman dans le beau film de Jane Campion. Relire aussi "La bête dans la jungle".

  • les nouvelles de James restent à mon programme, j'ai lu la bête dans la jungle bien sûr mais je voudrais découvrir cette facette de l'auteur

  • Pas lu encore ce portrait, il est noté, Ce Pléiade H James me tente bien, ses nouvelles aussi, je l'ai déjà dit. Pour une période (chimére?) où j'aurai abandonné les diverses activités qui me prennent le temps que je n'ai pas pour lire...

  • le manque de temps est récurrent chez nous tous, et quand comme je l'ai fait contrainte cet été on a du temps à revendre, là c'est l'envie de lire qui se fait la malle
    Allez comprendre :-)

  • Bonjour Dominique, je n'ai vu que le film qui est magnifique et qui a malheureusement été boudé par le public et les critiques et c'est bien dommage.

  • oui je sais c'est pour ça que j'insiste car j'ai beaucoup aimé le livre qui est très fidèle au roman ce qui est un exploit car James n'est pas facile à mettre en scène

  • j'ai déjà essayé mais... Cependant, j'essaierai à nouveau parce que les rencontres avec un auteur dépendent du moment et celui-ci viendra peut-être un jour !

  • oui c'est vrai que le moment importe, mais vrai aussi que James, V Woolf ou Proust sont des auteurs qui parlent à certains lecteurs et pas du tout à d'autres je ne suis pas certaine par exemple de parvenir à lire Joyce un jour sur lequel je cale depuis 30 ans

  • un grand auteur classique que l'on ne lit pas assez !

  • oui d'autant qu'il n'est pas aussi difficile à lire que ce que l'on pense

  • On sent bien toute ta joie et l'on a une seule envie, partir sur tes traces... Bravo pour ces billets d'anniversaire, ils montrent vraiment tout le beau chemin parcouru. Merci Dominique, passe une belle journée, livresque évidemment. brigitte

  • Merci Brigitte pour tes bons voeux et pour ta présence indéfectible sur ce blog

  • À mon sens, la longueur est une des clés de la réussite de plusieurs romans anciens (si on pense à Balzac, Austen, Brontë...). Les personnages n'y sont pas figés et ont le temps d'évoluer, il me semble que les possibilités narratives sont plus nombreuses, la fin moins écrite d'avance.

  • En même temps H James fait comme le fera Proust et V Woolf : des sauts dans le temps sans prévenir !

  • oui je l'ai lu et chroniqué sur le blog, je l'aime beaucoup et je crois que je l'ai plus aimé encore à la relecture faite il y a quelques mois

  • Je reviens, je lis les commentaires (et quant à Joyce - Ulysse- là je crois que ce sera mon grand échec de lectrice -il en faut- j'ai tout essayé, même la VO -qui d'ailleurs marche mieux- rien à faire je m'ennuie)
    A part ça, comme je venais de lire L'excuse où J Wolkenstein s'inspirait de Portrait de femme, c'était quasi obligé de commencer par Portrait de femme! Donc je connais en gros l'histoire et sais que ça ne va pas trop bien tourner pour Isabel, mais justement comme j'attendais l'arrivée de certains personnages, mon intérêt n'a pas faibli.
    Ton billet est excellent, il va falloir que je l'oublie pour écrire le mien (mais je n'en suis qu'à la moitié de ma lecture!)James est "agaçant", qui s'étale pour parler d'un personnage, mais laisse le lecteur deviner plein de choses (et d'après J Wolkenstein lui-même ne savait pas tout non plus ^_^)
    Bref je dois tenir la route, là.

  • les digressions de James c'est comme celles de Proust, on est passionné et agacé à la fois
    bonne fin de lecture

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