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Giono Le vrai du faux - Eugène Saccomano

Calomniez calomniez ......

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Pour démarrer le parcours Giono j'ai choisi de vous parler d'un livre récent sur l'écrivain.

On peut être journaliste de foot et s’intéresser aussi à la littérature, la preuve..

Eugène Saccomano s’est intéressé à Giono, au Giono mis à l’index avec cet épithète de collabo qui lui colle à la peau. 

Pacifiste ça on le sait, mais collabo ? 

J’ai lu plusieurs biographies et entretiens autour de Giono et c’est un point qui restait un peu en suspens. 

 

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Le Contadour : le temps du pacifisme

 

Ce petit livre est parfait, il remet les choses en perspective, n’élude pas les erreurs commises mais rétablit une vérité.

La guerre de 14 a tellement marqué Giono, lire le Grand troupeau pour s’en convaincre, que le pacifisme lui paraissait la seule voix possible. 

Son erreur ? oui il y en a, ne pas avoir réalisé que les temps avaient changés et que Hitler représentait un danger qui balayait tout pacifisme, avoir fait publier ses textes pour pouvoir manger dans des revues douteuses, mais était-ce sa faute si ses oeuvres étaient connues en Allemagne ?

 

Pour rétablir la balance il est bon de dire aussi que dans ce pays de Manosque il a abrité des communistes pourchassés, des Allemands qui n’étaient pas en odeur de sainteté, caché des juifs qu’il sauvât de la Gestapo.

Dans sa ferme des Graves un maquis s’installa, est-ce  là le comportement d’un collaborateur ?

 

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Il a eu des ennemis puissants à la libération : Aragon par exemple qui devait oublier ses propres errements, et André Chamson, mais aucun des deux n’apporta la moindre preuve.

Il fit deux séjours en prison, au fort Saint Nicolas à Marseille au début de la guerre et un à la libération. Arrêté pour le protéger ? c’est ce qu’affirme Raymond Aubrac mais c’est assez discutable il  semble surtout qu'il fut la cible des communistes d'alors, d’autant que les résistants du cru le soutenaient ouvertement, alors règlements de compte littéraire ? Peut-être...Mais en attendant il est interdit de publication alors qu’il a une famille a faire vivre.

Sartre qui s’est arrangé pour faire jouer ses pièces de théâtre pendant la guerre ne semble pas avoir été inquiété lui à la libération !

 

Deux poids deux mesures il me semble et Eugène Saccomano termine par cette phrase:

« comme le disait simplement Condorcet, la vérité appartient à ceux qui la cherchent, et non point à ceux qui prétendent la détenir.»  

 

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Le livre

Giono Le vrai et le faux - Eugène Saccomano - Editions Le Castor Astral

Commentaires

  • Les lâchetés de l'après guerre .Aragon, Sartre et tant d'autres.. cela n'entre pas dans mon peu de goût pour cet auteur qui m'ennuie à part quelques textes. J'adore la citation de Condorcet.

  • Pour moi c'est un auteur majeur et les doutes et calomnies perturbaient un peu mon plaisir de lecture

  • Les pacifistes durant la première guerre mondiale ont eu aussi des critiques;.. je pense à Romain Rolland.

  • oui tout à fait, je me dis toujours que je ne sais pas ce que j'aurai pensé et fait dans ces périodes là

  • Dans une période comme celle-là beaucoup se sont érigés en juges qui n'étaient pas plus blancs que d'autres. Merci à toi de rééquilibrer la balance vis à vis de Giono qui comme Brassens, avec lequel il a beaucoup de points communs, s'est trouvé calomnié après la guerre par les "biens-pensants" du moment.
    Je note ce livre

  • Pour Brassens j'ai appris cela assez récemment et suis restée stupéfaite, on comprend beaucoup mieux certaines de ses chansons après ça !

  • Comme je te le disais c'est un sujet-Giono - dont on a beaucoup parlé dans ma famille. Avant la guerre, il réunissait ses jeunes admirateurs autour de lui en chantre de la nature et de la paix, Après la guerre, ces accusations dont on ne sait pas trop démêler le vrai du faux. C'est bien que ce livre s'y soit essayé.

  • j'ai trouvé le livre assez convaincant, ce n'est pas un plaidoyer c'est simplement un alignement de faits qui ne masque pas les maladresses mais qui refuse de les ériger en faute

  • un tout petit livre mais passionnant

  • Un livre qui semble en effet fort intéressant. Peut-on mettre fin aux rumeurs? Nenni, mais chercher à savoir honore l'auteur!

  • Cela ne fera sans doute pas taire toutes les voix mais au moins on a la sensation d'être honnêtement informé

  • grand petit livre en effet, j'ai vu sur ton site que tu l'avais lu

  • Je crois que l'on ne démêlera jamais complètement ces histoires d'après-guerre où les règlements de compte personnels entraient plus en ligne de compte que la justice ! En tout cas, c'est certainement un livre intéressant et je le note.

  • Disons que les accusations s'accordaient assez mal avec plusieurs aspects de la vie de Giono, comme tu le dis la période permettait tous les compromis et aussi toutes les erreurs de jugement

  • J'ai vu beaucoup Giono chez "Bonheur de jour" il y a quelques semaines. Je le retrouve volontiers chez vous, il a une bonne place dans vos lectures je crois.
    Un petit livre qui semble intéressant :rien que pour votre dernière citation, bravo, c'est à lire !

  • une place de choix qui s'est amplifiée avec le temps, je suis passée de livres que j'aimais bien à une véritable admiration pour l'écrivain et son oeuvre, peut être un peu moins pour l'homme qui manqua singulièrement de courage non politique mais dans sa vie personnelle

  • Toujours la question de l'homme vs l' œuvre. Pour Giono et en exergue avec Cocteau vs Proust que vous avez visité chez moi.
    C'est un sujet que j'aimerais aborder en détail à travers les arguments des uns et des autres : Proust contre Saint-Beuve, la Nouvelle Critique, etc... Il n'y a pas de réponse à cela bien entendu, juste des pistes de réflexion pour trouver une joie intellectuelle.

  • « comme le disait simplement Condorcet, la vérité appartient à ceux qui la cherchent, et non point à ceux qui prétendent la détenir» ... tout est dit, il me semble ! Je note avec intérêt ce livre, merci Dominique. Bises. brigitte

  • La citation était trop belle pour ne pas la reprendre

  • Je garde également cette citation, vraiment très juste. Merci !

  • J'ai d'abord été surpris en lisant l'auteur du livre mais la chronique que vous en faites donne envie d'en savoir plus. Sur la période de l'entre-deux guerres, il est difficile avec nos mentalités d'aujourd'hui de porter un jugement. Plus d'un million de morts français, des gueules cassées, un pays traumatisé... J'imagine que 20 ans après, la majorité de nos compatriotes hésitait à s'engager à nouveau... Et merci pour la citation de Condorcet, il faut que je la note !

  • moi aussi j'étais surprise, l'auteur j'avais plus l'habitude de l'entendre commenter du football !
    une belle citation en effet

  • Il en est bien souvent ainsi; c'est tellement plus facile de rejouer l'histoire quand on en connait son issue et puis il y avait une variété de situations personnelles et collectives qui trouvaient leur explication uniquement dans le trouble du temps présent!

  • les interpretations après coup avaient beau jeu de jeter l'opprobre sur une personne

  • Il en est bien souvent ainsi; c'est tellement plus facile de rejouer l'histoire quand on en connait son issue et puis il y avait une variété de situations personnelles et collectives qui trouvaient leur explication uniquement dans le trouble du temps présent!

  • Moi qui adore l'oeuvre d'Aragon, à chaque fois, je suis consternée par ce qu'il fut en tant qu'homme, et je pense à Elsa....
    Bonne journée.

  • C'est aussi mon cas pour Aragon

  • Distinguer le vrai du faux exige beaucoup de recherches et d'objectivité. Cet essai semble y parvenir, d'après ce que tu en dis.

  • je l'ai trouvé bien équilibré et objectif en effet

  • Ce fut d'abord la curiosité qui me fit m'intéresser à ça et puis je trouvais que les accusations ne cadraient pas bien avec le personnage, ce petit livre est tout à fait salutaire

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