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La Route de la Kolyma - Nicolas Werth

 La Kolyma

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                      Magadan ©  Магадан

 

A l’été 2011 un récit de voyage pas tout à fait comme les autres. Un voyage vers l’enfer vers cet extrême orient russe qui fut la région emblématique du travail forcé en Union Soviétique, vers la Kolyma où un million de personnes furent envoyées.

Le Goulag fut pendant des années un réel mode de vie : ceux qui y étaient, ceux qui en revenaient et ceux qui tremblaient d’y être envoyés. Les camps du Goulag couvraient toute la Russie avec une place à part pour la Kolyma vaste région (deux fois la France) isolée de la Sibérie à quelques neuf heures d’avion de Moscou.

 

C’est donc sur les traces des Zek de la Kolyma que part Nicolas Werth, le voyage il l’effectue avec plusieurs russes qui sont tous membres de l’association Mémorial, une ONG russe qui tente sans aucun moyens de préserver la mémoire du Goulag et de cette période des répressions staliniennes.

ll est grand temps car les témoins disparaissent, la plupart des survivants de la Kolyma ont autour de 80 ans et les rares vestiges que l’on peut encore trouver vont disparaitre à jamais. Bientôt il ne restera rien du plus grand système concentrationnaire du vingtième siècle.

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                           Magadan  ©  Магадан

 

L’arrivée à Magadan le coeur de la Kolyma est un choc, la région est magnifique « entre deux promontoires maritimes » et totalement sinistrée, les bâtiments sont à l’abandon, peu de circulation, des terrains vagues, une cité lépreuse.

Le travail commence, visite du musée local à la recherches d’objets du Goulag, rencontres avec des témoins.

Cette façon d’opérer va se répéter pendant deux semaines, de ville en ville, absence de vestiges, traces effacées volontairement ou non. Les détenus arrivaient ici après des semaines dans des trains glacés, plusieurs jours à fond de cale du bateau qui marquait la fin du périple.

 

 

           Le film dont parle Nicolas Werth dans son interview

 

Les statistiques du Goulag se passent de commentaires : de 1930 à 1955 : 20 millions de soviétiques ont été envoyés dans les camps, 2 millions y ont trouvé la mort, 1 million y ont été exécutés.

Les témoignages des gardiens de la mémoire sont terribles, importants pour préserver une mémoire des faits car, au delà des statistiques qui sont maintenant connues, il y a un réel refus de se souvenir du million de personnes qui passa ici à la Kolyma.

 

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                       la Kolyma  © Daniel De Roulet

 

Le voyage rend bien compte de ce que devaient être les difficultés dans ce pays au climat effrayant, en ce mois d’août la température avoisine les 2° confirmant le dicton de la Kolyma « Douze mois d’hiver, Le reste c'est l'été ». ll a suffit de laisser les vestiges des camps à l’abandon pour qu’ils s’effacent du paysage.

La parole libre aujourd’hui est malgré tout difficile car comme le dit Miron Markovitch un ancien de la Kolyma âgé de 82 ans : «  Le Goulag, il est dans nos gènes. Il fait partie de notre patrimoine génétique »

Le témoignage d’Evguenia Petrovna qui à l’âge de 22 ans avaient déjà passé 6 années à Ravensbrück et à la Kolyma, suivant en cela le destin de Margareth Buber-Neumann

 

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                        Le mémorial de la Serpantinka et celui de Magadan © Igor Krasnov

 

Comme un hommage le groupe va faire une halte à la Serpantinka au haut lieu des exécutions de masse pendant ce que l’on appelle la Grande Terreur d’août 37 à octobre 38, une année pendant laquelle entre six et dix mille personnes ( 750 000 pour la Russie entière). Les gardiens de la mémoire ont fait érigé un monument sur les lieux, une croix de granit, un simple plaque de marbre noir.

 

Un livre indispensable pour qui s’intéresse à cette période de l’histoire. Nicolas Werth l’historien a pris la route pour nous révéler cette « civilisation goulaguienne » 

Un livre qui dit-il est un hommage à « l’humble obstination » des hommes et femmes qui tentent de lutter contre l’oubli.

 

Le récit du plus ancien rescapé de la Kolyma 

 

Le voyage d'un autre écrivain Daniel De Roulet

 

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Le livre : La Route de la Kolyma - Nicolas Werth - Editions Belin

 

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L’auteur : Nicolas Werth est un historien chercheur au CNRS spécialiste de la Russie soviétique et du Stalinisme. 

 

Commentaires

  • "...est dans nos gènes", absolument terrible!
    Comme disait Maurice Clavel "Je ne crois pas en Dieu, mais à lire le Goulag je crois au Diable."
    Indispensable, tout à fait.

    (ps: le lien sous "interview" ne renvoie à rien, l'article semble avoir disparu)

    Bonne journée Dominique.

  • @ cool : ce retour vers le passé est passionnant et surtout surprenant par le peu d'écho dans la population

  • Un autre livre que, pour ma part, je n'ai pas lu, car trop dur. Faut être fort quand on ouvre ces livres, attendre le "bon" moment : "Récits de la Kolyma" de Chamalov.

  • @ Pascale : ce livre est un rappel, les Récits de la Kolyma sont terribles et à lire pa séquences, je l'ai lu finalement en totalité mais pas en une fois
    Ici c'est le présent et l'oubli que souhaiterait le gouvernement de Poutine

  • Il me semble que dans En Sibérie de Thubron il y a avait un gros passage sur ce coin là, terrible!
    Bon, j'ai deux bouquins sue la Kolyma ici même, je vais souffler un peu.

  • @ Keisha ': tu as raison, j'en parlerai dans un prochain billet
    Ce petit livre est un panorama très clair de la situation aujourd'hui

  • Ce livre m'intéresse beaucoup et je m'en voudrais de ne pas visiter, en devoir de mémoire, ces murs du bout du monde.
    Merci pour la vidéo, la photo de Magadan dit tout, cité lépreuse sous un ciel endeuillé.

  • @ Christw : Des villes qui ont été laissées à l'abandon en même temps que la population, et Nicolas Werth s'excuse presque à certaine moment de trouver le paysage alentour très beau, la baie est splendide ...

  • Lu sur Wikipedia : "Les victimes enterrées dans la terre gelée ne peuvent pas parler." Chalamov puis Soljenitsyne ont donné voix à ceux de la Kolyma, du Goulag, et rien ne les fera taire. Je note bien sûr ce livre, Dominique, un autre "Voyage au pays des ze-ka" (Margolin).

  • @ Tania : le livre de Margolin est vraiment un bon livre de par la personnalité de l'auteur qui sait prendre un recul extraordinaire et mettre en mots une situation insoutenable
    Ce livre plus "léger" si l'on peut dire est un raccourci saisissant vers ces contrées qui ont vu défiler des miliers d'hommes dont on voudrait bien aujourd'hui effacer le souvenir

  • J'avais noté du même auteur en poche "L'ivrogne et la marchande de fleurs" et "l'île aux cannibales" le premier sur la grande terreur d'août 37 et le second sur un épisode moins connu la déportation de 6000 personnes "socialement nuisibles" à Nazino au milieu du fleuve Ob où elles ont été abandonnées.
    Je note celui-là qui tente de préserver de l'oubli la souffrance extrême de ceux qui n'en sont pas revenus et celle des survivants qui gênent...

  • @ Nadejda : j'ai lu l'île aux Cannibales mais pas l'autre.
    Dans un prochain billet je parlerai d'un livre sur la Grande Terreur dans lequel Nicolas Werth a participé
    j'ai aussi un livre audio sur la grande famine : tout à fait édifiant

  • Je lis actuellement "dans le jardin de la bête" et le moins que l'on puisse dire c'est que ce siècle a été atroce en Europe. Je note ce livre qui me paraît, malgré le sujet, assez facile d'accès. Il est tellement important de ne pas laisser l'oubli s'installer, pour toutes les victimes. Combien faudra-t'il de temps aux Russes pour se réapproprier leur passé ?

  • @ Aifelle : il faut dire que nous n'avons pas de leçon à donner quand on pense au temps qu'il a fallu pour que la France fasse un retour sur les années de collaboration et sur le rôle de la police française dans les rafles de juifs !
    mais c'est étonnant de n'entendre aucune voix forte !

  • depuis la découverte "de l'île aux cannibales" à travers le roman "le divan de Staline"
    j'ai beaucoup de respect pour cet historien
    je note ce livre évidemment et je le garde en réserve car je sais que sa lecture doit faire très mal , il faut trouver le bon !
    Luocine

  • @ Luocine : pas de comparaison avec l'ile aux cannibales quand à la dureté de la lecture car ici on est plutôt dans une réflexion sur les lieux, les parcours et l'absence de lieux de mémoire
    A lire vraiment

  • Bien entandu, je note ce titre, Dominique, mais ne le lirai qu'un peu plus tard : "Terres de sang" m'a déjà beaucoup marquée ainsi que le dernier livre dont j'ai rendu compte sur le sort des juifs sous la France occupée. Ce sont toujours des lectures difficiles mais qui me semblent indispensables. Merci à toi !

  • @ Annie : je peux comprendre car la lecture de Terres de sang m'a tellement bouleversée que je ne me suis toujours pas décidée à en faire la chronique ! et j'ai noté ton dernier livre il est présent dans ma bilbliothèque je l'ai ajouté à mon panier de lectures à venir

  • @ Claudialucia : un siècle de barbarie mais à voir la Syrie aujourd'hui on se dit que l'on a guère progressé !

  • Le livre de Chalamov, je compte bien le lire un jour.

    Voyage au pays de Ze Ka de Margolin est un sacré livre également, lu grâce à toi ...Le sujet est prenant et pourtant ces récits sont d'une force narrative, un vrai plaisir à lire et ça se sent. Je viens de trouver le livre de Margarete Bubber Neumann sur Milena Jesenska.

  • @ Nathalie : des lectures riches et indispensables si l'on veut comprendre notre monde, Margolin est une lecture qui m'a marqué comme celles en leur temps de Chalamov, de M Beuber Neumann ou Evguenia Guinzburg

  • Le livre de Chalamov, je compte bien le lire un jour.

    Voyage au pays de Ze Ka de Margolin est un sacré livre également, lu grâce à toi ...Le sujet est prenant et pourtant ces récits sont d'une force narrative, un vrai plaisir à lire et ça se sent. Je viens de trouver le livre de Margarete Bubber Neumann sur Milena Jesenska.

  • Le livre de M. B. Neumann est également bouleversant. Il est malgré tout plein d'humanité, d'espérance, malgré... Milena Jessenka, une sacrée nana !

  • @ Pascale : oui bien d'accord avec toi, ici ce qui réjouis c'est de voir ces personnes qui n'ont rien à gagner se battre pour que la mémoire demeure !

  • Je ne parviendrai pas à lire ce genre de livre, c'est trop dur, mais je salue ceux qui luttent contre l'oubli, de telles souffrances sont inscrites dans ces lieux !!! Belle soirée à toi. brigitte

  • @ Plumes d'Anges : des lectures difficiles c'est vrai mais tellement utiles

  • j'avais essayé de poster un commentaire! Lecture difficile mais combien nécessaire. Même thème En escarpin dans les Neiges de Sibérie de sandra Kalniete

  • @ miriam : oui le retour sur le passé si difficile, en Russie mais aussi dans tous ces pays qui ont souffert en permanence pendant des décennies

  • Je note avec intérêt. Comme d'autres dans les commentaires précédents, j'ai lu Chalamov mais ce fut long et dur, que des témoignages, récits. Je pense que la description offre une distance plus soutenable.

  • @ Nathalie : oups il faut que je fasse attention à ne pas mélanger les Nathalie

    oui le récit ici offre de la distance et rend la lecture beaucoup plus simple, dans les témoignages de personnes directement impliquées c'est beaucoup plus dur

  • @ Bonheur du jour : je profite de votre commentaire pour vous signaler que malgré plusieurs commentaires laissés chez vous ils n'apparaissent jamais ensuite ...bizarre bizarre

  • J'ai aussi sur la Kolyma beaucoup aimé les livres d'Evguénia Guinzbourg, en particulier "le Ciel de la Kolyma" qui est un témoignage très fort.

  • J'ai aussi sur la Kolyma beaucoup aimé les livres d'Evguénia Guinzbourg, en particulier "le Ciel de la Kolyma" qui est un témoignage très fort.

  • @ Catherine : Evguenia Guinzburg fut une des premières à écrire sur la Kolyma avec Chalamov et ses ivres sont indispensables
    merci de votre commentaire et de votre passage ici

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