L'amour à mort
Dora Diamant
J’ai dans ma bibliothèque le journal et les romans de Kafka. Autant le dire, j’aime le journal mais je suis toujours restée imperméable à ses romans
Ce roman m’a attiré car il apporte un éclairage sur l’écrivain sans être une vraie biographie.
Ici nous abordons aux rivages de la fin de vie de l'écrivain. Malade, tuberculeux, lors d’un séjour au bord la Baltique, nous sommes à l’été 1923, il fait connaissance avec Dora Diamant, elle est immédiatement séduite par le Docteur, comme elle l’appelle, il a quarante ans et elle vingt cinq mais qu’importe. Il va mourir de tuberculose dans les mois qui suivent. Ils décident de vivre ensemble à Berlin.
C’est la grande dépression, pas facile de se loger et de vivre et les déménagements seront nombreux. L’antisémitisme montre le bout de son nez. Kafka se remet à l’écriture de nouvelles et de temps à autre Max Brod passe prendre ses écrits pour les faire publier. Il écoute Dora pour qui les traditions juives tiennent une place dans sa vie, elle la « juive de l’est » comme l’apelera la mère de Kafka. Elle sagement écoute ses amis, assiste à des représentations théâtrales, lit ce que Franz Kafka lui donne à lire.
Elle le nourrit, l’apaise, le rassure sans poser beaucoup de conditions est là lorsque son souffle se fait court. Elle est la mère, la femme, l’amante, l’infirmière. L’argent manque mais c’est le bonheur. Quant la maladie rattrape Kafka, quand il ne peut plus respirer, plus avaler, il faut partir à la recherche d’un sanatorium et l’on est un peu transporté chez Hans Castorp sur la Montagne magique de Thomas Mann.
une page du journal
L’auteur nous propose un kafka amoureux mais toujours sous l’emprise de sa famille. Toujours accablé par le mépris de son père, par la sévérité des ses proches.
Dora, elle, est la femme un peu soumise mais follement amoureuse, prête à tout par amour, par abnégation.
Dès la première rencontre on devine que la fin est proche. Kafka souffre de solitude et pourtant pas question pour lui de retourner à Prague au sein de sa famille.
Aujourd’hui pas la moindre trace de cet amour car la famille de Kafka et peut être Dora elle-même ont fait disparaitre les lettres échangées.
L’auteur s’est donc inspiré de la vie de Kafka, avec intelligence et sensibilité il parvient à nous restituer ces derniers mois de la vie de l’écrivain. Une magnifique histoire d’amour un peu sombre mais magnifier par Dora Diamant prête à tout donner, tout accepter.
Eeguab parle lui de lecture "précieuse et vivace"
Le livre : La splendeur de la vie - Michael Kumpfmüller - Traduit de l'allemand par Bernard Kreiss - Editions Albin Michel
Commentaires
Dora Diamant, quel nom sublime, porteur d'une exceptionnelle lumière qui aura heureusement éclairée les derniers jours de Kafka... C'est très beau, je note ce titre, merci Dominique. Bises. brigitte
@ Plumes d'Anges : un nom prédestiné ! c'est un très beau roman d'amour qui ne dénature en rien la vie de Kafka et son dernier amour, mais au contraire le magnifie
Très envie de le lire! j'ai découvert Kafka à l'adolescence, Max Brod un peu plus tard. Il est temps d'y revenir.
@ miriam : c'est ce qui m'a fait choisir ce livre, en outre les critiques allemandes étaient excellentes
Les grands génies torturés trouvent toujours des femmes dévouées et effacées pour prendre soin d'eux (soupirs ..). J'ai été fascinée par sa relation avec Milena Jesenska (le livre de Marguerite Buber-Neumann que tu as sûrement lu aussi). Je connais moins la fin de sa vie, je note ce livre-là.
@ Aifelle : nous avons fait les mêmes lectures, je suis certaine que ce livre te plairait car on y voit l'amour désintéressé et total d'un femme pour un homme et non pour un génie
Roman d'autant plus tentant que je connais mal la fin de vie de Kafka ainsi que ce dernier amour!
@ Mango : laisse toi tenter tu ne le regretteras pas
J'ai très envie de lire ce livre. Comme toi c'est le journal de Kafka que je préfère et j'ai aimé aussi ses lettres à Milena. J'aimerais savoir ce qu'est devenue Dora Diamant. A-t-elle survécu aux années noires ???
@ nadejda : oui contrairement aux soeurs de Kafka qui ont péri dans les camps, Dora a survécu à la guerre et est morte à Londres où elle avait trouvé refuge
La splendeur de la vie...plutôt de l'amour, étant sa fin proche.
Sans doute devrais-je commencer par le journal de Kafka que tu apprécies tant, non?
J'aime beaucoup les dessins au pied de la page de son journal!
Belle journée à toi.
@ colo : je sais que c'est un peu iconoclaste de ne pas beaucoup aimé les romans mais qu'y puis je ? le journal par contre me touche énormément et ce roman épouse parfaitement les tourments de Kafka à la fin de sa vie et la lumière que lui apporta cette femme
On imagine mal Kafka amoureux quand on considère son œuvre austère (c'est du moins l'image générale que j'en ai), significative mais austère. J'ai relu récemment un passage de La Métamorphose: gageons que Dora n'a rien connu de tel avec Franz.
Il faudra quand même que je me procure le journal du "Docteur" que votre avis et d'autres bien informés m'incitent à acheter.
@ Christw : je reste assez circonspecte par rapport à Kafka; certains trouvent ses romans pleins d'humour , ce n'est pas mon cas
Son journal est sombre et émouvant et on y sent une âme en recherche
Ce roman est très bien documenté ce qui fait qu'il est parfaitement crédible et sans doute assez proche de la réalité de la fin de la vie de Kafka
Ah voilà, c'est chez Eeguab que j'ai vu ce livre (avec jeu de mot dans le titre)
@ Eeguab : j'ai mis un lien son article est sorti alors que je finissais ce livre et nos avis vont dans le même sens
Je commencerai par les lettres à Milena qui m'attendent dans ma PAL depuis une éternité ! ;-)
@ Kathel : les lettres à Milena sont superbes et bien ancrées dans la réalité mais ce roman vaut vraiment le détour
Vraiment un très bon livre,Dominique.Merci de ce lien.C'est vrai que moi aussi j'ai pensé à La montagne magique.Et j'aime beaucoup le trait d'Aifelle sur les compagnes des génies.A bientôt.
@ Eeguab : le moment de l'hospitalisation en sanatorium évoque inexorablement Thomas Mann
un splendide récit, émouvant et fort , un tour de force de donner vie et réalité à ces deux personnages
Et bien nous sommes deux à ne pas avoir aimer les romans de Kafka
Comme toi j'ai beaucoup aimé ce livre je ne sais si tu as vu sur mon bandeau droit je conseille sur le même sujet le livre de Kathi Diamant
Il suffit ce cliquer sur "celui-ci" pour accéder au livre en question
Bonne journée
@ Aloïs : je ne le dis pas trop fort car j'ai l'impression d'être hérétique :-)
un beau roman et je vais aller noter ta référence même si je ne lis pas ça immédiatement
Je lirai certainement ce récit, Kafka étant pour moi un auteur phare. Son Journal est extraordinaire, tout à fait d'accord. Et tu me donnes envie de relire ses romans fascinants !
@ Tania : un homme fascinant c'est certain et la lecture du journal renforce ce sentiment, les romans je suis plus réfractaire
Un épisode de la vie de Kafka dont j'avais entendu parler mais je ne savais pas qu'un roman la racontait! Tu n'aimes pas La métamorphose ou Le procès ou c'est le roman philosophique, en général que tu n'aimes?
@ Claudialucia; je suis restée hermétique à Kafka, certains y voient de l'humour moi non, fable philosophique certes mais à laquelle je n'arrive pas à adhérer
Ce livre est très beau et vaut la peine
Tu n'as pas aimé la métamorphose ? Je n'ai pas lu d'autres romans de Kafka... Je fais quelque chose de très mal car j'adore dire que c'est kafkaien à tout bout de champ ! Cette biographie m'attire parce que je connais très mal la vie de l'auteur ( même si j'ai bien compris que c'était la fin de sa vie...)
@ maggie : la métamorphose m'a laissé de marbre avec un peu de dégoût !
Ce livre là est bien un roman et non une bio même s'il est parfaitement documenté,
Bonjour Dominique, je l'avais repéré chez eeguab et l'ai noté pour plus tard car je suis une admiratrice de l'oeuvre de Kafka, que j'ai lu le livre de Margarete Buber Neumann (il y a longtemps). Bonne journée.
Donc, moi, me voilà à noter deux titres de plus .... Ce qui est très bien, évidemment. D'autant plus que comme toi, je suis assez hermétique à l'oeuvre de Kafka (les romans en tout cas). Ce que j'ai lu de son journal et des lettres à son père m'a beaucoup plu par contre. A bientôt.
J'aime tant Kafka. Merci pour cette référence.
Bonjour, nouveau concept d'exposition sur le web www.icidexpos.com bonne visite amicalement Eddie.
Ce roman biographique ou cette biographie romancée pourrait me plaire et complèterait parfaitement mes lectures du moment, notamment 1913 : chronique d'un monde disparu de Florian Illies, où Kafka tient une place de choix grâce à sa correspondance avec Félice Bauer cette même année 1913 !