Ce n’est pas souvent que l’on apprend la disparition d’un poète, et encore moins celle d’un poète auquel on revient sans cesse au fil des années.
Il y a bien des façons de rendre hommage à un disparu, faire un billet dithyrambique sur son oeuvre, éplucher ses écrits, parler de l’homme lui-même.
Ma bibliothèque est riche de ses poèmes, de ses écrits autour de ses amis et j’attends avec impatience les dernières parutions qui vont sortir début mars.
Poète de l’éphémère qui souhaitait que « L'effacement soit ma façon de resplendir »
Mes étagères sont riches aussi de ses traductions.
Mais aujourd’hui ce que je préfère c’est vous parler d’un poète qui pour moi appartient à la même famille que Philippe Jaccottet, un poète francophone comme lui, non pas suisse mais belge.
Philippe Leuckx
J’ai fait connaissance avec Philippe Leuckx il y a peu de temps, je l’ai trouvé discret dans une petite maison d’éditions qui porte un nom qui me plait infiniment : La Tête à l’envers.
Il a publié bien entendu chez d’autres éditeurs et je compte bien élargir ma bibliothèque.
Aujourd’hui le recueil que j’ai reçu porte un titre qui ma plu immédiatement et qui est inspiré par un autre poète Jules Supervielle
Quelqu’un a pris ta main qui t’attendait aussi
Pour écouter ce long sillage du coeur
Qui ne pouvait pas croire à la fin du voyage
Un recueil de 62 poèmes en vers ou en prose avec lesquels j’ai fait la promenade parfaite, promenade faite de sensations, d’émotions, d’impressions saisies sur l’instant.
Philippe Leuckx vise la simplicité car les mots coulent « j’avais pour compagnie un ruisseau »
J’ai senti la lumière à travers les mots
Mon coeur est plein de fenêtres
Et d’étoiles vers les confins
Je suis passée de l’ombre à la lumière, du soleil à la fine bruine
Le printemps ose une fine bruine sur le murmure des mondes
A peine
Un troglodyte bruisse sur l’arbre à découvert
La beauté de la nature s’impose sans effort dans ses poèmes.
Au-delà des rumeurs
La lumière ruse
A l’heure où les herbes
Vont boire
Un abri sous les fleurs
Rêve et nostalgie se partagent les poèmes, tout est empreint de douceur « Nous allions sous la pluie avec les mots en poche »
Vincent Van Gogh Cuesmes Wasmes
L’ enfance est très présente, une enfance peut être un peu malmenée et sans doute solitaire dans le pays du Hainaut, pays de mines et de terrils, le pays de Van Gogh
L’enfant blessé d’ombre
se recoud au soleil
Le poète vagabonde avec bonheur « D’errance en vagabondage, de cheminement en balade, de sentes en passages escarpés » parfois il va chercher la lumière en Grèce
Il va comme le marcheur, le wanderer comme le surnomme Françoise Lefèvre dans sa préface, je préfère le nom de pérégrin car nous dit le poète « Chaque poème rend pèlerin de soi »
Il m’a rappelé un poète que j’aime beaucoup Hubert Voignier et son recueil Les Hautes herbes.
Un poète que je vais m’empresser de connaitre mieux car j’ai aimé sa poésie subtile et apaisée, forte de sensations, de bribes d’enfance, de paysages du coeur.
J’ai aimé sa « langue douce de l’errance » mais aussi cette sensibilité qui touche profondément
Il y a quelque chose de compté dans l’air. Qui broie. Efface.
C’est un tumulte léger au coeur. Parfois juste un repli.
Souvent une souffrance.
Le livre : Ce long sillage du coeur - Philippe Leuckx - Editions La Tête à l’envers