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Rechercher : la petite lumière

  • Bribes d'hiver

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    Je m’en retourne à mes jardins d’hiver.

    « L’hiver est une maison de verre. On ne voit plus briller dans les arbres ce vieil or, cet oranger et ces bruns chauds, ce jaune vif et ce rouge d’automne qui accrochaient encore aux branches un peu du soleil et des désirs de l’été, quelque chose comme la lumière tardive de l’amour »

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    « À présent, le grand tilleul est d’un noir nu : un tronc et quelques branches, de pauvres raisons d’être. Mais il y a encore, jusqu’au cœur de l’hiver, dans les nids déserts des oiseaux, les brindilles de leur chant et la mémoire de leurs envols. Désormais, il faut s’obstiner à chercher dans les mots un peu de chaleur, puisque c’est par là que passent les choses humaines, les joies et nos affaires de cœur »

    Le livre : Le Jardin sous la neige – Jean-Michel Maulpoix- Éditions Mercure de France

  • Un Tableau un livre et Van Goyen

     

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    Paysage avec deux chênes –  Rijksmuseum Amsterdam

    « C’est l’année (1645) ou Jan van Goyen peint avec la palette la plus retenue et la plus inspirée Vue d’une ville et d’une rivière.
    Le même artiste peignait en 1641 le rayonnant Paysage avec deux chênes traversé par un rayon de soleil.

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    Vue d’une ville et d’une rivière – Musée de Quimper


    L’homme qui a su faire ces deux tableaux où la lumière retenue ou délivrée est si présente est né en 1596. »

     

    Le Livre : Au jour le jour 2000/2005 – Paul de Roux – Editions le Bruit du temps
    Les Tableaux :
    Paysage avec deux chênes – Jan van Goyen - Rijksmuseum Amsterdam
    Vue d’une ville et d’une rivière – Jan van Goyen – Musée de Quimper

  • En si bon chemin vers Compostelle - Léo Gantelet

    En si bon chemin vers Compostelle - Léo Gantelet - Editions l’Astronome
    compostelle.gifIl y a des rêves que l’on traîne avec soi longtemps, personne ne sait si on pourra un jour les réaliser mais qu’importe car en leur compagnie la vie est plus douce
    Aller à Saint Jacques de Compostelle, faire ce chemin mythique est un rêve que j’ai en moi depuis très longtemps, depuis une fameuse émission de Bernard Pivot où il avait invité Pierre Barret et Jean Noël Gurgand qui avaient « fait le chemin » et publié un livre toujours disponible et passionnant : Priez pour nous à Compostelle.
    Depuis j’ai engrangé au fil des années une jolie bibliothèque sur le sujet, je ne suis jamais partie mais je n’ai jamais cessé de rêver.
    Le livre de Léo Gantelet était devenu indisponible et je courais après depuis longtemps, il vient d’être réédité pour mon plaisir.
    Léo Gantelet est Haut Savoyard, il a un parcours original, il est passé de l’informatique à l’ouverture d’une galerie d’art, aussi lorsque sur un coup de tête il décide de partir à Compostelle son entourage le prends très au sérieux.
    Assez classiquement on assiste à ses préparatifs, son souci des détails pratiques en particulier le poids du sac à transporter sur 1900 km, ou le choix des chaussures mais aussi une préparation physique peu convaincante à vrai dire.

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    Photo du site Santiago chemin de lumière

    Le récit de Léo Gantelet est très agréable à suivre, il écrit simplement et sait donner de la saveur à ses anecdotes, il fait vivre avec sympathie les personnages qui croisent sa route ou qui font un bout de chemin avec lui.
    La traversée de l’Aubrac, le passage des Pyrénées, les longues heures en Castille, j’ai pérégriné avec lui avec bonheur et envie.
    S’il entre dans vos projets de vous lancer à votre tour prenez le temps de lire ce livre et rangez le dans votre bibliothèque en attendant le grand jour.

     

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    Photo du site Santiago chemin de lumière

    Merci à Léo Gantelet qui a eu la gentillesse de mettre un aimable commentaire à ce billet  vous pouvez le retrouver sur son blog

     


    Deux autres excellents bouquins sur le sujet :  Retour à Conques et Le grand chemin de Compostelle de Jean Claude Bourlès chez Payot

  • Bribes de Maurice Genevoix


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    « Appuyons nous à la main courante, au-dessus des toits de Blois. Et fasse le ciel que cela nous arrive une de ces journées d'hiver où le givre poudre l'ardoise et s'irise au soleil montant. 
    Il n'est pas de plus belles journées sur le Val, où la lumière soit plus pure et plus fine, où la présence des hommes invisibles nous tienne langage plus émouvant. 
    A peine si de loin en loin, tout en bas, une silhouette emmitouflée disparait au tournant d'une rue. (…) Mais les toits fument de toutes leurs cheminées, le givre fond, embue doucement l'ardoise ; le soleil rit à toutes les vitres, la moindre ombre portée vanne, dirait-on, la lumière, l'affine encore, en fait une chose caressante et précieuse, d'une qualité qu'on n'oublie plus. » 

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    « Un matin gris du milieu de la semaine, les élèves entendaient l’institutrice conclure sa lente et syllabique narration : « Point final. Mau-rice Ge-ne-voix. » 
    Elle écrivait le nom au tableau en le faisant résonner. « Vous avez cinq minutes pour vous relire. » Le silence se remplissait de bruits de papiers et de porte-plume, de tout un fretin d’angoisses et de remords qui trépignait, gratouillait, gommait sur les tables tachées d’encre et gravées au compas. Puis le fayot du début de l’allée ramassait les pages condamnées aux bâtons rouges et aux zéros, rouges aussi, et soulignés. Parmi les maîtres invisibles, qui, entre les murs de l’école Michelet, faisaient bondir des lièvres sur les carreaux lavés et fuir des truites dans l’eau froide des courants d’air, il y avait Maurice Genevoix … »

     

     

    Les Livres : 

     Val de Loire Terre des hommes - Maurice Genevoix - Editions Christian Pirot
    Pour Maurice Genevoix - Michel Bernard - Editions La Table Ronde

     

  • L'année sans été - Gillen d’Arcy Wood

     Vous allez retrouver ici les deux personnages de mon billet précédent : Napoléon, ou du moins la fin de l'ère Napoléonienne et Turner qui donna des couleurs à cette année (ces années devrait on dire d'ailleurs) sans été.

     

    En avril 1815, près de Java, se produisit une éruption volcanique qui entraina un bouleversement climatique pendant 5 ans et qui changea la vie des hommes sur tous les continents, entraina plusieurs millions de morts, provoqua des changements importants pour la science, pour l'art, pour la littérature.

    Sans doute la première catastrophe climatique répertoriée, l'éruption du Tambora, qui peut-être comparée à celle de Santorin 1600 ans Avant JC qui anéantit la civilisation Minoenne.

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    Cette éruption localisée entraina des cataclysmes en chaine et donne un aperçu assez effrayant de ce qui attend la planète dans les années à venir, car le changement ne fut alors que de 2 °C…

    Si vous êtes étonnés de n'avoir jamais entendu parler de ce volcan et de son éruption, pensez que 1815 en France c'est la fin des guerres napoléoniennes et les regards sont plutôt tournés vers Saint-Hélène que vers Java.

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    Je vous propose de faire un tour du monde des conséquences qui grâce aux explications très claires, aux tableaux statistiques et aux schémas du livre, sont très clairement exposées 

    Commençons au plus près de l'éruption : outre les dégâts et les morts dus à la lave et aux fumées toxiques, il y eu bien sûr un tsunami, on estime pour Java et les îles proches à environ 100 000 victimes, la cendre recouvrait les cultures et l'obscurité dura une semaine entière.

    Bien entendu le nuage ne s'arrêta pas aux frontières ! c'est toute l'Asie qui fut atteinte plongeant des régions entières dans le chaos et la famine

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    Les rizières du Yunnan

    Au Yunnan en Chine c'est la famine qui fait des ravages, le riz est sensible aux variations climatiques et les paysans meurent de faim, on vend des enfant pour un sac de riz, ils sont prêts à tout aussi quand la survie devient impossible ils se tournent vers une autre culture qui fera à terme des ravages conséquents : la culture du pavot. En quelques décennies, l'opium fut cultivé à travers le Yunnan Le « triangle d'or » de la production internationale d'opium était né.

    « Un poète chinois Li Yuyang, a évoqué de la manière la plus émouvante qui soit le monde dévasté par la crise climatique »

    La pluie tombe sans fin, comme les larmes de sang

    d’un homme sentimental.

    Les maisons coulent et frissonnent

    comme un poisson dans les eaux qui ondulent

    Je vois mon fils aîné accroché à la chemise de sa mère.

    Le petit pleure sans qu’on l’entende. Il n’y a plus d’argent, et

    Le riz est aussi rare que les perles, nous offrons nos couvertures pour nous sauver.

    Un seul dou de riz, et rien de plus à la maison.

    Nous n’avons que quelques acres, et rien n’y pousse.

    Ma femme et mes enfants ont partagé leurs grains pour

    Toute l’année.

     

    Restons en Asie avec l'Inde et le Bengale : la poussière de l'atmosphère va entrainer des changements dans l'évaporation dans l'océan indien et entrainer des variations funestes des moussons, une alternance de sécheresse et d'inondations. 

    Plus pernicieux, la variation des températures et de l'humidité provoque la mutation du germe du choléra qui va flamber et se propager comme une trainée …de lave
    L'épidémie sera mondiale, elle atteindra Paris, Moscou, et les USA.

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    le Choléra a atteint le Québec

    En Europe c'est une baisse généralisée des températures, des étés pluvieux, inondations, retard des cultures.
    « Les Allemands appellent 1817 l'année du mendiant »

    C'est surtout l’Irlande qui connaît une effroyable famine, c'est pour les Irlandais le début d'une période très sombre, le gouvernement anglais restant sourd à leurs appels et à ceux de leur poète William Carleton qui écrit un conte resté fameux sur cette famine oubliée

    En Suisse des glaciers avancent jusqu'à détruire le Val de Bagnes. A Chamonix Percy Shelley note

    « Ces glaciers avancent constamment dans la vallée, ravageant dans leur lente mais irrésistible progression les pâturages et les forêts qui les entourent. »

     

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    Le glacier des Bossons Chamonix © ivredelivres

    Curieusement en Angleterre il y eu un côté positif aux variations climatiques. Pour comprendre il faut d'abord dire qu'il y eu un effet paradoxal à cette catastrophe, si la planète se refroidit, les pôles eux se réchauffent et cela crée l'ouverture temporaire des mers polaires. Les explorateurs britanniques vont sauter sur cette opportunité pour partir à la recherche du fameux passage du Nord-Ouest. Si ils eurent de la chance quelques saisons, la suite fut plus difficile avec la perte de la fameuse expédition Franklin.

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    Expédition arctique en 1819

    Mais finissons notre tour du monde avec les Etats-Unis qui connurent leur première vraie crise économique, les gelées et la sécheresse dans l'est du pays détruisirent les récoltes, poussèrent les agriculteurs à la ruine, on vit des chutes de neige conséquentes en plein été ! 

    L'« année 1816-où-il-a-gelé-à-en-mourir ». Le 6 juin  « comme dans un mauvais rêve, il commença à neiger. De gros flocons, humides.» 

    « Les oiseaux tombaient des arbres, raides morts, tandis que les fermiers craignaient que leurs moutons qu’ils venaient de tondre ne survivent pas »

    La famine qui suivit déclencha un déplacement de population et la première ruée vers l'ouest et un afflux d'émigrants 

    «  1817 est l’année qui a vu le plus grand nombre de migrants britanniques et européens arriver sur le sol américain.»

     

    Finissons par une note culturelle  

    « Le froid était « exceptionnel » et les villageois se plaignaient du retard du printemps.Quelques jours plus tard, une tempête de neige leur gâcha la vue de Genève et de son célèbre lac »

    des tempêtes exceptionnelles se lèvent sur le Léman, que faire lorsqu'on ne peut pas sortir ?

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    Percy Shelley, Mary Shelley  Lord Byron

    « on compta 130 jours de pluie entre avril et septembre » Le froid était exceptionnel. Cet été sombre a certainement contribué à l'écriture d'un célèbre roman. Mary Shelley  « écrirait ainsi sa propre histoire d’horreur évoquant un sinistre monstre qui reçoit accidentellement la vie pendant une tempête » Frankenstein était né.

     

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    La peinture est, elle aussi, impactée par ces changements 
    On dit que les couleurs rouge orangé du ciel dans ces années là sont celles qui ont inspiré JMW Turner 

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    Les ciels de l'époque inspirèrent aussi John Constable

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    La baie de Weymouth  à l'approche de l'orage 
    John Constable - Musée du Louvre

    « En Grande-Bretagne, un pic extrême de vents venus de l’ouest soufflant en tempête et accompagnés de pelotons de nuages de pluie venus de l’Atlantique déferla mois après mois – une armée aérienne grise qui apporta la misère aux paysans de Grande-Bretagne comme dans l’ouest du continent. Dans une peinture de Constable datant d’octobre 1816, la baie de Weymouth – une jolie crique abritée sur la côte sud de l’Angleterre où l’artiste passait sa lune de miel – baigne dans une pâle lumière sous un ciel tourmenté gris-noir »

     

    Un livre passionnant, un rien effrayant quand même, ce n'est que vers les années 90 que les conséquences d'une éruption se firent jour grâce au progrès de la climatologie.
    Pourtant un homme avait fait le lien entre éruption et changement climatique « en juin 1783 l'éruption du  Laki, un volcan islandais provoqua un refroidissement brutal, des récoltes catastrophiques et, l’année suivante, la misère en Europe ; il fut aussi à l’origine de la formation de glaces menaçant la navigation transatlantique »  cet homme c'était Benjamin Franklin, un visionnaire. 

     

    Vous avez dit réchauffement climatique ? 

     

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    Le livre : L’année sans été - Gillen d’Arcy Wood - Traduit par Philippe Pignarre  - Editions La Découverte

  • John Florio alias Shakespeare - Lamberto Tassinari

    Si vous me suivez ici régulièrement vous savez que j’ai lu deux biographies de Shakespeare, trois en fait mais l’un d’elle n’a pas fait l’objet d’un billet.

    Dans les trois, les auteurs se posent beaucoup de question sur l’identité même de l’auteur anglais, des zones d’ombres importantes persistent, en particulier sur ses études, sur une dizaine d’années où l’on ignore ce qu’il a pu faire. Toujours les biographes se sont interrogés sur le surgissement brutal de cet auteur si doué, si magnifique sur la scène londonienne, disons le, du jour au lendemain

     

    D’ailleurs Stephen Greenblatt note les trous dans la biographie et les incertitudes

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    « Un jeune homme originaire d’un petit bourg de province, sans fortune, ni relations familiales, ni éducation universitaire »  mais aussi « une réussite qui défie toute explication rationnelle » 

    Parlant de l’oeuvre

    « Son oeuvre est si surprenante et si lumineuse qu’elle semble avoir été créée par un dieu et non par un mortel, encore moins par un provincial d’origine modeste. » Il précise « nous n’avons aucune preuve que Shakespeare fit ses études à la grammar school de Stratford. »

     

    C’est au point que beaucoup d’écrivains et non des moindre,Borges, Henry James, Dickens, Twain, Walt Whitman sans oublier Freud, mettaient en doute que l’auteur de théâtre ait pu ainsi surgir d’un chapeau.

    Beaucoup de noms ont été avancés, Francis Bacon, Edouard de Vere ou Marlowe, sans que jamais on ne soit parvenu à rien prouver faute de documents.

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    Voici l’essai de Lamberto Tassinari qui n’hésite pas à franchir le Rubicon et à considérer que William Shakespeare en tant qu’auteur n’a jamais existé, que sous ce nom se cache John Florio italien de naissance, anglais d’adoption, l’auteur du premier dictionnaire anglais/italien Le Monde des mots et le traducteur de Montaigne et Boccace en anglais.

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    John Florio

    Pour l’occasion et afin que vous ne me preniez pas pour une hurluberlue j’ai relu la biographie romancée de John Florio par Anne Cuneo

    La biographe place Shakespeare au plus près de Florio même si dans la post-face l’auteur prend bien garde de préciser que jamais au grand jamais elle n’a pu penser à une possible paternité de John Florio, faute de temps dit-elle.

     

    Ce qui m’a intéressée dans le travail de Tassinari c’est qu’alors que Shakespeare est un des auteurs ayant entrainé la production de travaux universitaires en nombres ahurissants, personne n’ait cherché à travailler sur Florio éminent intellectuel de son temps, linguiste émérite, traducteur reconnu. Comme si cet homme singulier n’avait jamais existé et surtout n’avait aucun lien avec William Shakespeare.

    Pourtant le premier livre de Florio  First Fruites  est un ouvrage d’un linguiste qui aurait dû susciter l’intérêt de tous les chercheur soucieux de reconstituer la langue anglaise de Shakespeare 

    On constate quand on lit Shakespeare qu’il a un penchant pour les proverbes en tous genres hors « John( Florio) a lancé la mode de l’utilisation de dictons populaires et de proverbes en Angleterre, une mode dont Shakespeare, selon la critique orthodoxe, allait être un des adeptes les plus enthousiastes. »

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    le dictionnaire de john Florio

    Le second livre de l’italien Second frutes est un « texte extrêmement pénétrant, résultant d’un travail de journalisme littéraire intelligent et cultivé sur la vie londonienne de l’époque. Bref, c’est un manuel plein de vivacité, d’érudition, d’idées et de tournures stylistiques qui, souvent, se retrouvent inchangées dans les oeuvres de Shakespeare »

     

    Plusieurs universitaires ont commencé d’étudier Shakespeare à la lumière de Florio, mais au dernier moment, alors qu'il avancent des arguments en faveur d'un lien fort, ils renoncent à faire un pas de plus et à dire Florio = Shakespeare

    Ce qui est certain et n’est nié par aucun biographe de Shakespeare c’est que « indépendamment de la question identitaire, le processus de l’écriture, de la représentation et de l’impression des oeuvres de Shakespeare demeure un mystère presque total » et j’avoue qu’en relisant la biographie de Greenblatt le lien qu’il fait entre, un penchant possible pour l'alcool du père de Shakespeare et la création de l’ivrogne Falstaff, est un rien tiré par les cheveux par exemple. 

     

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    Alors d’où viennent les connaissances de Shakespeare en musique, son vocabulaire musical est étendu, en botanique, en médecine ...
    Tous les biographes mettent l’accent sur l’influence de Montaigne sur Shakespeare (le Roi Lear, la Tempête) Montaigne dont les Essais furent traduits par.... John Florio

    Florio a forgé  1149 mots en anglais pour traduire Montaigne, rappelez vous que l’on dit que Shakespeare lui en aurait inventé 2000, il semble improbable que deux hommes vivant à la même époque, créent en même temps un nouveau vocabulaire sans se connaitre !

     

    Plus pertinent encore la connaissance par Shakespeare des écrits de Giordano Bruno pas encore connu, que Florio a côtoyé plusieurs années auprès de l’ambassadeur de France.
    Le Marchand de Venise et Othello ont pour source d’inspiration des romans italiens non traduits en anglais au moment où Shakespeare écrit.

    La Renaissance se prêtait bien aux emprunts littéraires, le droit d’auteur n’était pas fixé et  « la masse des emprunts de Shakespeare à Florio est avérée »

    On a souvent fait noté les emprunts de Shakespeare à la Bible et son savoir en la matière, ce à quoi L Tassinari répond qu’en effet John Florio a fait des études au séminaire de Tübingen ce qui lui permettait de vivre « bible en poche »

     

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    Enfin la connaissance fine de l’Italie est sûrement un argument de poids, connaissance des textes, de la commedia del arte, et sentiment de l’exil très souvent utilisé par Shakespeare.
    Florio est un italien amoureux de la langue anglaise ce qui pourrait expliquer l’étrangeté souvent remarquée de la langue de Will le barde.

     

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    Robert Dudley Comte de Leicester mécène de john Florio ET Shakespeare

    L’essai de Lamberto Tassinari n’est pas parfait mais il a le mérite d’ouvrir un débat.
    « Pourquoi ce linguiste polyglotte, lexicographe, traducteur, courtisan, ami des plus puissants parmi les nobles de son époque, durant seize ans secrétaire personnel de la reine Anne de Danemark et grand diffuseur des cultures européennes en Angleterre a-t-il été boudé par les universitaires ? »

     Il n’y a pas de preuves de ce que Lamberto Tassinari avance MAIS il y a un tel faisceau d’éléments concordants qu’à tout le moins on peut être certain d’une coopération entre ces deux personnages si tant est qu’ils ne fassent pas qu’un.

    Que les anglais résistent à l’idée d’étudier la question on peut le comprendre, imaginons qu’un trublion vienne nous dire que Molière c’est du vent ....

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    Le livre : John Florio alias Shakespeare - Lamberto Tassinari - Traduit par Michel Vaïs - Editions Le Bord de l’eau