« La brume aspire les montagnes,
puis les recrache tout d’un coup,
on voit les sapins ressurgir,
comme un peuple soudain libéré,
le ciel moins gris s’aventure
sur les champs où s’étiolent
les vestiges de l’été.
On est pris d’une langueur
dont on aime le bercement,
ce bercement dont se grise l’automne,
entre de massives ombres
et d’instables lumières.
On sent cogner en soi
d’impérieux souvenirs
qui viennent sûrement
d’une ancienne blessure,
ou d’un lieu enfantin
qui n’en a pas fini
de nous jouer des tours. »
Le livre : Les Frôlements infinis du monde - Richard Rognet - Editions Gallimard