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Rechercher : la petite lumière

  • Librairies, corps et âmes

    Liber, libraire, librairie….

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    Le dernier livre de cette série pour qui aime les librairies et les écrivains.
    Plus de 100 écrivains, de tous genres, de tous âges qui « rêvent, réfléchissent, et se souviennent ensemble »
    Des noms archi connus, d’autres oubliés,De Jorge Amado à Françoise Xénakis.
    Et tous nous parlent de libraires et de librairies, celles de leur quartier, celle de leur enfance  « rutilantes, pimpantes et pleines de livres »

    Ce livre à la gloire du « moins rentable des tous les petits commerces » va vous enchanter car de quelques lignes à quelques pages, tous ces écrivains se livrent, se perdent dans les rayons de leur librairie favorite, ils sont là pour  guider le lecteur car « L’école apprend à entrer dans une bibliothèque, elle n’apprend pas à entrer dans une librairie »

    912.jpgCommençons par quelques définitions
    « C’est la paradis que l’homme a inventé quand il s’est pris pour Dieu. (…) on n’y trouve que des amis qui ne trahissent jamais : les livres. »
    «  le domaine des enchantements et des découvertes »
    « Un lieu magique où l’on est reçu par un prince en son royaume qui met à vos pieds tous les trésors du monde
    « le commerce de la libraire est un avant-goût des jardins d’Allah »

    librairie.jpgPoussons  la porte
    « C’était une charmante vieille librairie telle que Gustave Doré aurait pu l’imaginer. Il n’y avait pas un atome de poussière sur les rayonnages qui fleurait bon la cire d’abeille »
    « Depuis l’enfance, entrer dans une libraire a toujours été une grande surprise. Une fête où se mêlent toutes sortes de troubles : l’étonnement devant tant de livres, la curiosité du regard et du toucher. L’angoisse du nombre, l’envie d’en faire autant. »
    « Il n’est pas une librairie où que j’aille, où je n’entre cherchant l’odeur et ce silence étouffé qui n’existe que là. »

    librairie-2.jpgUn peu de compassion
    « Le libraire doit quelque fois affronter l’étonnement du client qui s’attendait à trouver chez lui un ouvrage paru en 1971 sur l’influence de la nuit polaire sur le psychisme des lapons, dans une maison d’édition fondée dans la Creuse par un couple d’ethnologues qui laissèrent leur famille et leurs créanciers sans nouvelles en 1972. »

    librairie-Revel.jpgOui mais sans eux les libraires, sans elles les librairies………
    « pour moi l’absence d’une librairie véritable relève d’une forme de déshonneur devant la montée des barbares. Une défaite de la vie. »
    « Sans elles une cité ne mériterait pas son beau nom »
    « Que serait une société civilisée sans libraire ? »

    4876942.jpgUne denrée rare
    « un libraire comme ceux d’autrefois, qui connait ses clients et les reçoit en amis » 
    « Il y a, répandu sur toute la planète, une espèce de commerçants qui vendent des biens assez particuliers : ils vendent du temps, de l’espace et de la liberté. »

    vitrine01.jpgUne question d’appétit ou de soif
    « Le souvenir de cette vitrine suscite encore chez moi une sorte de frémissement. Au retour du collège nous passions devant celle du pâtissier et devant celle du libraire avec des appétits équivalents pour moi du moins. »
    « J’entre dans une libraire comme naguère on allait vers les sources qui soignent. J’ai soif de tous ces mots qui m’attendent, de cet amour, de cet espoir jaillissants, de cette pluie d’imaginaire. De ces cascades d’exigences qui me guettent au coin des pages. Du dérangement nécessaire qu’apporte les vrais livres. Je ne connais pas d’endroit au monde où se marient plus harmonieusement la paix et le désir. »

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     Un libraire en colère : lisez le billet de Christw et visionnez cette vidéo

    Il est l’heure de payer ses dettes aux libraires
    « A ce libraire de province, je dois, d’une certaine façon, d’être ce que je suis.(…) Récemment l’un deux m’a dit - lisez les Enfants Tanner de Robert Walser, c’est le plus beau livre sur la servitude - J’ai pris les Enfants Tanner, je l’ai lu, j’ai aimé ce livre pour autre chose que la servitude. Et c’est bien. Je vois les libraires comme des passeurs irremplaçables entre deux mondes, celui du livre et celui du lecteur. »

    « J’ai passer davantage de temps à lire qu’à faire quoi que soit d’autre dans ma vie !  Et les libraires de ce fait, ont joué un rôle essentiel tout au long de mon existence. »

    « Chez lui, dans sa libraire, les livres étaient des monuments, des personnes, des vies incarnées, des promesses d’aventures et de bonheur, des invitations au voyage et à la rêverie. »

    « Aussi lui dois-je des voyages dans les montagnes de Sils avec Nietzsche, sur les traces du Condottière avec André Suarès, dans la campagne normande avec Flaubert, sur les collines de Meudon avec Céline, dans les régions où les eaux sont étroites avec Gracq, dans la cuisine de Françoise et de Tante Léonie. »

    « J’ai passer davantage de temps à lire qu’à faire quoi que soit d’autre dans ma vie !  Et les libraires de ce fait, ont joué un rôle essentiel tout au long de mon existence. »

    Ont participé : Annie Ernaux, Frédérique Hébrard, Irène Frain, Jacques Chessex, Claude Roy, Elie Wiesel, Michel Onfray, Philippe Meyer, Claude-Michel Cluny, Pierre Sansot

    Ce livre date de 1994 et il a été fait pour défendre la librairie qui était en danger déjà !!

    Le Livre : Librairies, corps et âmes - Textes réunis par Dominique Reynié - Editions Vinci

  • Jean Henri Fabre - Aline Delage

    L’ Homère des insectes

     

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    Ma première lecture de Jean Henri Fabre remonte à mes 7 ans, c’était un petit livre extrait des Souvenirs entomologiques et c’est comme ça que j’ai passé l’été à chercher et à observer les insectes dont parlait l’auteur.

    C’était en Provence dans le Vaucluse et les mots de Fabre s'accordaient parfaitement avec le jardin où je lisais. 

    En 1989  j’ai acheté les Souvenirs entomologiques chez Bouquins et depuis je les ai parcouru, lu, j’ai relu les meilleurs passages, j’ai encore quelques pages à découvrir car j’ai lu autour de chaque insecte et il faut du temps si l’on ne veut pas friser l’overdose. 

     

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    Forcément l’envie de lire une biographie est venue. Jean-Henri Fabre est un personnage extraordinaire. 

    Ce qui m’a le plus impressionné c’est la force de sa curiosité et l’acharnement qu’il a mis à apprendre tout au long de sa vie. 

    Depuis une enfance pauvre en Rouergue, en passant par l’Ecole Normale classé premier au concours d'entrée et obtenant ainsi une bourse indispensable à cet enfant de pauvres.

    Il va ainsi assouvir son envie d’apprendre, apprendre tout : le grec, le latin, la poésie, la littérature.

    Il est curieux aussi des sciences donc il suit des cours du soir en chimie !

    Devenu instituteur il va mettre ses dons pédagogiques au service des enfants. Mais sa curiosité et son envie de progresser sont insatiables, il étudie l’algèbre, le calcul infinitésimal. Pour lui la science est tout.

     

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    « C'est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh ! pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères »

     

    On suit la vie de Fabre au gré de ses nominations, Carpentras, la Corse, Avignon, Orange.

    Il supporte mal le snobisme scientifique dont il est la victime ( ah la rencontre ratée avec Pasteur )  alors il herborise et chasse les insectes et fait paraitre des études qui étonnent et qui vont faire que Darwin son lecteur assidu lui donnera un surnom resté célèbre : l’observateur inimitable 

    Car dit-il

    « la science des livres est une médiocre ressource dans les problèmes de la vie ; à la riche bibliothèque est préférable l’assidu colloque avec les faits. »

     

    Victor Duruy qui avait été son inspecteur est devenu ministre, il remet à Fabre la Légion d’Honneur mais sur le terrain il n’est toujours pas reconnu par ses pairs.

    C’est l’époque des ses livres pour le grand public : Le Ciel, La Chimie de l’Oncle Paul, l’Histoire de la Bûche ou le Livre des Champs.

     

    Son quotidien est parfois douloureux, perte d’un enfant, d’une femme, remariage parfois difficile. Il se lance dans l’utilisation industrielle de la Garance, expérience qui finira par péricliter.

     

    Ayant prospecté les environs il finit par trouver ce qui sera sa dernière demeure et son havre de paix et de travail : Sérignan du Comtat.  Proche du Ventoux qu’il aime et au milieu des garrigues qui seront son terrain de jeux. Il a atteint son but.

     

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    « s’accorder un laboratoire en plein champ ».

     

    C’est un pour lui l’occasion de vivre sa passion

    « Je sens toujours bouillonner au fond de moi toute la fièvre de mes jeunes ans, tous mes enthousiasmes d'autrefois. » 

     

    L’Harmas va voir l’aboutissement du travail du savant qui garde intacte une joie d’enfant quand il observe :

    « Mon sujet est l’épeire soyeuse à large ventre festonné et argenté. »

     

    Il s’intéresse à l’insecte rouleur de boule qui ressemble à Sisyphe roulant son rocher

    « Ce mythe me plait. C’est un peu l’histoire de beaucoup d’entre nous, non odieux scélérats, dignes d’éternels tourments, mais gens de bien, laborieux, utiles au prochain. »

     

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    « un chaos de plantes et d'arbustes créés de toutes pièces pour attirer ici une foule d'insectes de plusieurs lieues à la ronde »

      

    Sur les pas de Pétrarque il fait l’ascension du Ventoux avec ses amis dont le philosophe John Stuart-Mill avec qui il espère écrire une Flore du Vaucluse.

     

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    S' il ne fut jamais reconnu par ses pairs et ne fit jamais partie de l’Académie des Sciences, aujourd’hui c’est le monde entier qui le célèbre et en particulier le Japon.

    Au pays du soleil levant, Il existe quatre traductions de ses Souvenirs entomologiques, ses ouvrages scolaires sont disponibles dans les grandes surfaces et les enfants continuent d'apprendre la littérature et les sciences de la nature à travers ses écrits.

     

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    Ses 600 aquarelles de champignons font l’objet d’un livre magnifique et d’expositions, ses admirateurs sont prestigieux : Mallarmé, Maeterlinck, Jünger bien sûr. Le Président de la République Poincaré fait un détour par l’Harmas pour le saluer.

    Et c'est Victor Hugo qui lui donne son plus beau titre : Homère des insectes.

     

     

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    Aquarelle de Pleurotus phosphoreus

     

    Faites connaissance avec cet extraordinaire vulgarisateur, qui fut l’un des premiers à pressentir l'importance de ce que l'on appelle aujourd'hui l'écologie et qui fit graver sur sa tombe « Minime finis sed limen vitae excelsioris  la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute. » 

     

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    « Ces insectes, du bousier à la cigale en passant par les fourmis et autres carabes, Fabre les identifie, les classe, les observe dans leurs activités quotidiennes, analyse leur comportement, imagine leur psychologie, ou les dissèque pour percer le mystère de leur physiologie. »
     

    Un magnifique écrivain qui a un style bien à lui, vivant, parfois émouvant, souvent lyrique, sa passion transpire tellement qu’on ne le lâche pas.

     

    Pour le rencontrer :

     

    L’Harmas de Sérignan du Comtat qui est devenu  Muséum National d’Histoire Naturelle

    Micropolis la cité bâtie en l’honneur de Fabre  

    Son oeuvre en ligne 

    Le site de Philippe Defranoux et son travail sur Jean Henri Fabre illustré d’une multitudes de photos 

     

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    Les livres

    Jean Henri Fabre - Souvenirs Entomologiques - Editions Bouquins 

    Jean Henri Fabre l’observateur incomparable - Aline Delage - Editions du Rouergue 2005

    Jean Henri Fabre - Marie Mauron - Editions Alain Barthélémy 1980

  • L'histoire mondiale de la France - sous la direction de Patrick Boucheron - Editions du Seuil

    Quand l’Histoire fait le buzz

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    Avant de vous décider à acheter ou emprunter ce livre vous avez le choix entre deux types de critiques : soit l’on estime que cet ouvrage est « le fossoyeur du grand héritage français » dixit Alain Finkielkraut notre homme en vert, soit qu’il soit là pour « déplacer, dépayser, et élargir notre histoire » dixit Patrick Boucheron.

    Je dois avoir un côté centriste (c’est à la mode n’est-ce pas ?) car si j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai trouvé ici ou là quelques discours un peu trop négatifs qui tendent à culpabiliser le lecteur d’aujourd’hui, mais cela ne concerne que quelques chapitres d’un très gros livre qui reste un travail passionnant pour nous aider à regarder la France les yeux bien ouverts sur le monde et où le positif l’emporte largement.

     

    Patrick Boucheron et l’équipe d’historiens qui l’entoure ont décidé de choisir 146 dates dans l’histoire de la France, des faits et des personnages, pour illustrer l’évolution de la nation France.On va des dessins de la grotte Chauvet aux attentats de 2015.

    C’est donc une histoire que vous pouvez lire comme je l’ai fait en suivant la chronologie ou vous pouvez piocher au hasard de vos envies et de votre curiosité, chaque chapitre étant une unité indépendante avec sa propre bibliographie et un nombre limité de pages ce qui permet de rapidement se faire une idée du sujet traité. 

    Pour aller dans le sens de Finkielkraut il y a en effet des choses passées sous silence, la littérature est très peu présente ainsi que l’art. Mais l’ensemble est éclairant, loin des discours simplistes de certains pseudo historiens style Lorant Deutsch

     

    Une date : 34000 ans avant JC et ces hommes « les premiers à avoir fréquenté cette grotte, les auteurs de ses principales fresques » quelque part dans le sud de la France.  Ils illustrent ce « grand art des cavernes » , inventent un langage qui aujourd’hui nous émerveille.

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    La grotte Chauvet

    « brillants artistes, dont cette grotte reste le chef-d’oeuvre : avec près de cinq cents figures animales »

     

    Des personnages : Des gaulois au Sénat de Rome en 48
    On a longtemps appris que nos ancêtres et les romains n’étaient pas dans les meilleurs termes mais savez vous qu’un jour une délégation de notables venus « d’Aquitaine, de Lyonnaise, de Belgique »est allée réclamer le droit d’accéder et de siéger au Sénat ? C’est bien fait pour flanquer un coup à nos irréductibles gaulois ça ! 

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    Un homme et une ville : Troyes en 1105
    La Champagne a abrité un homme d’exception qui commenta la totalité de la Bible et du Talmud. Il s’appelait Rachi et peut être « considéré comme l’un des premiers grands auteurs français »
    Il passa sa vie en Champagne mais son savoir plane encore aujourd’hui dans « les synagogues du monde entier, des grandes villes américaines aux hameaux du Yemen, du Birobijian à Canberra »
    La ville lui a consacré un musée.

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    Rachi né et mort à Troyes

    Un fléau : La peste noire 1347 et des foyers aux quatre coins du monde, en Ukraine, en Chine, véhiculée par les marchands persans, arabes, grecs, vénitiens, génois. Elle interrompt même la Guerre de cent ans mais atteint les villes de France plutôt que les campagnes. Elle fit aussi d’autres sortes de morts comme les 2000 juifs victimes d’un pogrom à Strasbourg, il fallait bien trouver un bouc émissaire.

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    Une ville : Dunkerque 1662
    Une ville sur laquelle Louis XIV met la main alors qu’elle était jusque là un repaire de corsaires, un nid d’espions hollandais et anglais, bref un port très cosmopolite.

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    Vous le croyez français Jean Bart ? non corsaire flamand 

     

    1825 et la première intervention humanitaire de la France et la première réflexion sur le droit d’ingérence. Vous avez devinez ? oui rappelez vous 

    Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ? 
    Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus, 
    Je veux de la poudre et des balles. 

     

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    Theodoros P. Vryzakis, Missolonghi 

    1917 : pendant que la Première Guerre fait rage, en Nouvelle Calédonie la révolte des Kanaks vient rappeler que ces français malgré eux refusent d’aller se battre pour la France en Europe. Colère que les Kanaks mettront en mots grâce à des « poésies-récits ».

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    1954 et l’appel de l’abbé Pierre « le pays se mobilise pour venir en aide aux mal-logés. Le retentissement est international »

     

    Il y a encore cette histoire d’un tailleur de pierre qui s’en va en Suède en 1287 pour construire la cathédrale d’Uppsala ou Dominique Vivant Denon cherchant à soustraire aux armées et pays d’occupation les oeuvres dont Napoléon avait enrichi le Louvre. Le Nobel de Marie Curie ou la loi de 1927 facilitant l’accession à la nationalité française et qui me fait me souvenir de la lecture d’Adieu Volodia de Simone Signoret. 

     

    Ce ne sont que quelques exemples par forcément les plus importants mais parmi ceux qui m’ont plu ou qui ont attiré mon attention ou des sujets que je ne connaissais pas du tout.

    Certains chapitres m’ont moins plus, par exemple celui sur Jean Calvin non que l’homme n’est pas important, mais l’affublé du terme d'« humaniste » me semble bien erroné quand on pense à Michel Servet qu’il envoya au bûcher ou à Sébastien Castellion qu’il accula à la misère.
    J’ai eu quelques tiraillements aussi en lisant le chapitre sur la Terreur dont l’auteur semble dédouaner un peu vites les révolutionnaires de l’époque.

     

    Pourtant dans leur grande majorité les articles sont intéressants, riches. Ils offrent une excellente synthèse en peu de pages, libre ensuite au lecteur d’aller parfaire son information. 

    Le portrait de la France qui ressort est plus bigarré, plus métissé que celui qui prévaut dans beaucoup de livres.

    C’est une Histoire qui interroge, qui relance la réflexion, qui agace parfois mais qui toujours nous met en demeure d’élargir notre point de vue et rien que pour cela j’ai fait une place à ce livre dans ma bibliothèque, il va aller rejoindre le Petit Mourre qui lui répond à de toutes autres questions, ils se complètent bien.

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    Le livre : L’histoire mondiale de la France - Sous la direction de Patrick Boucheron - Editions du Seuil

  • Le monde de Balzac

    Lorsque l’on veut connaitre mieux un romancier, la voie naturelle après la lecture des romans, c’est la biographie.

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    Balzac et les personnages de la Comédie humaine

    J’ai deux biographies de Balzac dans ma bibliothèque, en fait même trois. La plus ancienne est celle d’André Maurois, sincèrement elle m’ennuie, pas de rythme, pas vraiment d’analyse des oeuvres, bien entendu c’est bien écrit mais vraiment très daté hélas.

    Le seconde de François Taillandier est un peu courte à vrai dire car si le chapitre d’ouverture est très séduisant ainsi que l’épilogue, la bio elle même est un peu fade et surtout ne procure aucune envie forte de lire Balzac c’est mon principal reproche.
     

    Et puis il y a Stefan Zweig avec Trois maîtres, comme d’habitude c’est du bonheur de lecture, et surtout, il est celui qui donne envie de se précipiter sur les romans. 

    Enfin il y a les essais d’Alain sur Balzac et ce fut une jolie découverte, à la fois passeur et analyste de l’oeuvre, avec eux je me suis régalée.

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    Voilà ce que j’ai retenu et qui m’a donné envie de plonger tête première dans la Comédie humaine

    Tout d'abord suivons Zweig.

    « Balzac fut le premier romancier professionnel; Zweig dit qu’il trouve là son plein équilibre, il devient « l’historien de son temps »

    Après plus de dix ans d’insuccès il publie le Colonel Chabert et Eugénie Grandet.  Il a découvert la loi qui dorénavant dominera son œuvre 

    « représenter la réalité, mais en y introduisant un dynamisme plus vigoureux, parce qu’il est limité à un petit nombre d’individus. »

    En ces années-là Balzac a découvert son grand secret :
    tout est sujet ; la réalité est une mine inépuisable quand on s’entend à la fouiller. Il n’est besoin que d’observer comme il faut et chaque homme devient un acteur de La Comédie humaine.

    On ne peut imaginer ce que cet homme qui, en dix semaines, fut capable de faire sortir pour ainsi dire du néant La Cousine Bette et Le Cousin Pons aurait pu créer encore.

    A propos de celui qui introduisit l’argent dans le roman Zweig nous dit

    « Il est à côté des prodigues, pour compter leurs dépenses ; à côté des usuriers, pour compter le taux de leurs intérêts ; à côté des marchands, pour calculer leurs bénéfices ; à côté des dandys, pour compter leurs dettes et à côté des politiciens, pour compter leurs pots-de-vin. »

    Balzac ne doit pas être jugé d’après un de ses livres pris en particulier, mais d’après l’ensemble

    « il doit être considéré comme un paysage avec sa montagne et sa vallée, son horizon illimité, ses crevasses traîtresses et ses torrents rapides. »

    L’œuvre de Balzac est immense. Dans ses quatre-vingts volumes vit toute une époque, tout un univers, toute une génération. Jamais avant lui n’avait été méthodiquement tentée une entreprise aussi grandiose ; jamais l’audace d’une volonté surhumaine ne fut mieux récompensée.

    A sa mort Victor Hugo prononça l’éloge funèbre

    « Messieurs, le nom de Balzac se mêlera à la trace lumineuse que notre époque laissera dans l’avenir… »

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    Château de Saché

     

    Passons aux essais maintenant que je n'avais jamais lu et qui m'ont énormément plu.

    Alain démarre son livre par un brin d’histoire personnelle pour saluer son père qui l’a mené vers la lecture

    « Mon père avait des dettes et des soucis : il ne voulait pas y penser ; c’est la raison peut-être pour laquelle il fut un enragé liseur. »

    Mais attention pour se lancer dans la Comédie humaine il faut être lecteur

    « Connaissez-vous le bruit d’une feuille que l’on tourne ? Si vous n’y entendez pas le destin et l’irrévocable, c’est que vous n’êtes pas lecteur ou disons liseur. »

    Comme son père avec lui il partage avec nous ses lectures des romans de Balzac, les uns après les autres

    « me voilà jeté dans un de mes livres préférés »

    Il nous fait part de ses choix, de ses préférences  : le Curé de Tours, un médecin de campagne des romans fort mal accueillis par la critique 

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    Le Lys dans la vallée dont Balzac dit

    « Je prépare une grande et belle œuvre, intitulée Le Lys dans la vallée, une figure de femme charmante, pleine de cœur, ayant un mari maussade, et vertueuse »

    « Les illusions perdues  cette somme balzacienne rassemble les thématiques essentielles et met exemplairement en place le mythe d’une jeunesse et d’une époque symbolisées par les tribulations, espérances et désillusions du héros, Lucien de Rubempré. »

    L'on passe d’un récit assez sobre à une énorme fresque aux 273 personnages 

    C'est le moment où Balzac songe à rassembler et relier tous ses personnages pour en former une société complète.

    Il y a de la part d'Alain des mises en garde, des éclaircissements, des coups de colère pour des romans trop peu lus, ses personnages préférés comme Beatrix. ou le roman qu'il préfère peut-être : un Curé de village.
    Alain lit et relit avidement la Comédie humaine.

    C’est un livre que je vous recommande, il vous donnera envie d’élargir vos lectures aux titres moins connus ou de relire ceux qui vous importent mais dont vous avez oublié les détails.

     

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    Les livres 

    Trois maîtres - Stefan Zweig - Traduit par - Editions Belfond ou Le livre de poche
    Balzac - Alain - Editions Gallimard Tel 1999

  • L'autre George, à la rencontre de George Eliot - Mona Ozouf

    « C’est curieux que dans tous les genres les plus différents, de George Eliot à Hardy, de Stevenson à Emerson, il n’y a pas de littérature qui ait sur moi un pouvoir comparable à la littérature anglaise et américaine.(…) deux pages du « Moulin sur la Floss » me font pleurer. » 

    Lettre de M Proust à R Billy

    george eliot

     Il y a dans les écrivains d’aujourd’hui, des auteurs pour qui j’ai une réelle admiration, Mona Ozouf en fait partie. J’ai lu ses articles littéraires et surtout son essai sur Henry James. Quand j’ai vu qu’elle proposait une promenade dans la forêt des romans de George Eliot je n’ai pas pu résister.

    george eliot

    Mona Ozouf lit Le Moulin sur la Floss  vers 15 ans sur les conseils de son professeur de français, elle n’a jamais cessé depuis.

    Elle s’étonne qu’en France, George Eliot ne soit que très peu lue, est-ce la taille de ses romans souvent touffus, est-ce l’étude psychologique des personnages toujours détaillée, toujours riche ou tout simplement est-ce par méconnaissance de l’oeuvre ?

    Son livre qui se compose de deux grandes parties, tout d’abord l’analyse fine et complète de trois des grands romans de George Eliot, Le Moulin sur la Floss, Middlemarch, Daniel Deronda. 

    george eliot

    l'adaptation BBC de Daniel Deronda

    Puis une série de chapitres pour découvrir l’auteure, ses prises de position, son féminisme avant l’heure, sa vie d’une femme extrêmement intelligente, courageuse et qui fut victime d’un ostracisme social très très victorien.
    Mary Ann Evans, qui se souvenait que lorsqu'on avait appris que Jane Eyre était l'oeuvre d'une Charlotte, le ton de la critique avait subitement changé, pris un pseudonyme.

    Son premier ouvrage, Les Scènes de la vie cléricale rencontre un certain succès puis Adam Bede parait en 1854  recueille une bonne critique. Le reste suivra jusqu’à Daniel Deronda

    george eliot

    Scènes de la vie cléricale 

    Mona Ozouf nous fait entrer dans les réflexions de cette femme en but au puritanisme de l’époque en raison de sa vie privée, elle vit avec un homme marié et ayant perdu la foi elle ne met plus les pieds à l’église.

    Une petite idée du puritanisme ambiant ?
    Dans Le Moulin sur la Floss, Maggie l’héroine est couverte de baisers….sur l’avant-bras par son amoureux, la critique y vit une scène révoltante, très choquante of course.

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    George Eliot by John Letts,
    1986, Newdegate Square, Nuneaton © LH Images/Alamy

    Pourtant cette femme est portée par une morale, Mona Ozouf nous fait entrer dans la confidence de cette morale sans Dieu, d’une morale qui ne nie pas la femme, qui revendique même l’égalité. 
    Comble de l’horreur George Eliot considère que la maternité ne définit pas les femmes ni ne doit les enfermer. Ici, la modernité d'Eliot est éclatante et c’est elle sur laquelle insiste Mona Ozouf.

    Mona Ozouf manie l’oxymore à son propos : « Sédentaire voyageuse, athée religieuse, conservatrice de progrès, rationaliste éprise de mystère… »
    George Eliot est dotée d'une formation religieuse très imprégnée d'évangélisme, sensée convertir des impies elle se retrouve à leurs côtés.
    C’est une darwiniste convaincue qui  croit au développement et au progrès, et met son espoir dans la science, voir le beau personnage du médecin dans Middlemarch. 
    Elle se révèle aussi visionnaire lorsqu'elle évoque dans Daniel Deronda l'idée d'un Etat juif en Palestine... en 1876, vingt ans avant Theodor Herzl.

    george eliot

    Pour les amateurs de George Sand, tout un chapitre est consacré à la comparaison entre la vie et l’oeuvre des deux George les plus célèbres du monde de la littérature.

    Etant déjà lectrice de George Eliot, ce livre m’a conforté dans mon admiration pour la femme qu’elle fut.
    J’ai commencé mon parcours avec les plus grands romans Middlemarch et Daniel Deronda et je suis en bonne compagnie, Léon Tolstoï, Henry James, Marcel Proust, Virginia Woolf, D. H. Lawrence connaissaient bien son œuvre… Certains, comme James et Woolf, lui ont même consacré d’importants articles.
    Pour Virginia Woolf lire Eliot constituait une expérience « frappante » et « magnifique »

    george eliot

    Mona Ozouf et George Eliot : deux féministes

    Mona Ozouf dit dans une interview :
    « Oui, il y a des choses que je relis constamment. Probablement parce que, même tragiques, elles me consolent. »
    Dans ce livre elle rend  un hommage appuyé à la littérature dans un style simple mais avec une telle conviction que je vous défie de ne pas faire de l’oeuvre d’Eliot votre prochaine lecture.

    Pour les anglophones vous pouvez lire :  My Life in Middlemarch paru en 2014 de Rebecca Mead, 

    george eliot

    Le Livre : L’autre George : à la rencontre de George Eliot - Mona Ozouf - Editions Gallimard 

     

  • L'Herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell

    Parmi mes plaisirs il y a la littérature, l'art, la musique et la nature, alors lorsque deux d'entre eux se marient je ne peux pas résister.Pour ce premier des quatre billets annoncés place à la littérature et à la botanique réunies.

    Environ soixante plantes ou fleurs sont présentes dans Le roman de Marcel Proust, de mémoire je n'aurai été capable d'en citer qu'une dizaine je crois.

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    Toute l'oeuvre de Proust est emplie de parfums qui accompagnent les personnages, les moments, les lieux. Les métaphores liées à la botanique sont innombrables. 
    On peu dire que c'est un comble concernant un homme qui ne pouvait sentir une fleur sans être aussitôt victime d'une crise d'asthme !

    Dane Mc Dowell a eu l'heureuse idée de nous ouvrir les pages de l'herbier de Proust. 

    Habilement plutôt que de suivre l'ordre du livre, elle choisit de nommer les fleurs selon des catégories rappelant les mots et les métaphores du roman. 

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    Les fleurs de l'innocence

    Les Fleurs de l'Innocence regroupe ces demoiselles qui s'habillent de blanc ou de bleu jusqu'au jaune et au pourpre

    La boule de neige, le nymphéa, l'aubépine, les fleurs de cerisier, de pommier, le camélia ou le gardénia, le myosotis, le lys, la pervenche, le bleuet, la jacinthe ou le volubilis 
    Le bouton d'or, la jonquille, le coucou, le souci, le blé, la giroflée, la capucine. 

    Déjà là j'avais peine à croire que toutes ces fleurs soient nommées, mais si preuve à l'appui, elles sont bien dans La Recherche.

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    « Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l'aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses » A l'ombre des jeunes filles en fleurs

    Mais Proust fut, chacun le sait, pendant des années, un homme de salon, alors il y a Les fleurs de salon, celles qui fleurissent sur les tables, dans les boudoirs, les parcs et les jardins de ses hôtes. 
    La rose, l'hortensia, l'ancolie, le lilas, la violette, la pensée, l'anémone, l'héliotrope, l'iris, la clématite, la glycine
    L'oeillet, le pavot, le fushia, la digitale, le coquelicot…..

    Mais il y en a une que, si vous avez lu Un amour de Swann, vous n'avez pas oublié : le catleya, Dane Mc Dowell conserve l'orthographe choisie par Marcel Proust, une orchidée rare qui rehausse la toilette d'Odette de Crécy. Depuis la fleur symbolise l'amour charnel et faire catleya est dans toutes les mémoires.

    Devinez le nom que Dane Mc Dowell a donné à cette catégorie de fleurs ? Les fleurs du mal voyons ! Petit clin d'oeil à Baudelaire que Proust aimait tant. Ajoutez le seringa, la datura et la belladone et quelques fleurs capiteuses.

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    « Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et Swann vit, sous sa fanchon de dentelle, qu'elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée attachée à une aigrette en plume de cygne » Du côté de chez Swann

    Mais l'herbier ne serait pas complet sans les fleurs et L'herbier de la mémoire avec les trois arbres d'Hudimesnil, la ronce, ou le tilleul

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    « Le dessèchement des tiges les avaient incurvées en un précieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale » Du côté de chez Swann

    L' herbier se constitue au fil des pages, Dane Mc Dowell ajoute quelques touches historiques, quelques précisions botaniques. 
    On butine, sans obligation d'ordre aucun, on peut grappiller en fonction de ses propres souvenirs de lecture, ou de ses préférences. 

    On savoure toute la poésie des situations évoquées, les descriptions minutieuses, mais aussi les situations cocasses des personnages en lien avec cette brassée de nature.

    C'est donc une explosion de couleur, de fragrances, de réminiscences qui porte le lecteur de Jean Santeuil aux dernières pages du Temps retrouvé

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    C'est une promenade jouissive dans un jardin splendide. 

    Le livre est savant mais avec finesse, l'auteur nous adresse quelques clins d'oeil et ajoute souvent une touche de malice.
    C'est un livre qui possède un grand charme grâce à sa superbe présentation et surtout grâce aux illustrations de Djor qui habillent les pages de somptueuse façon.

    Pour les amateurs ce livre va tout naturellement trouver sa place, et pour ceux qui hésitent à se lancer dans la lecture de La Recherche, une lecture longue, tellement longue que Robert Proust disait qu'il fallait s'être cassé une jambe pour en faire la lecture ! ce livre leur fera faire une jolie promenade dans le monde de Marcel Proust.

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    Le livre : L'herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell - Illustrations de Djor - Editions Flammarion