« Molière nous décrit tous les radins dans L'Avare ; tous les hommes qui aiment les femmes dans Dom Juan ; tous les faux-culs dans Tartuffe. Le fabuleux bestiaire de La Fontaine nous rappelle combien les mœurs ne varient jamais malgré le temps. En peignant la cruauté des hommes ou les saccages du temps, Bosch, Goya, Schiele nous surexposent la douleur d’exister en son essence même.
Dans Madame Bovary Flaubert démonte les mécanismes mortels de nos illusions narcissiques, Kafka, dans Le Procès, les rouages étatiques qui nous écrasent, Houellebecq, dans Les Particules élémentaires, les ressorts déprimants de notre plaisir sexuel.
Le temps de la contemplation picturale, de la représentation théâtrale, de la lecture poétique ou romanesque, nous accédons à une connaissance claire, distincte et jubilante de tout ce que produit la Volonté dans l’univers et en nous-mêmes. En cela, toute grande œuvre répond exactement à la définition scolastique de la vérité : une adéquation entre la conscience et la réalité. »
Le livre : Philosophie sentimentale - Frédéric Schiffter - Editions Flammarion
Commentaires
T'inquiète, il est déjà noté!
Génial!
Merci d'avoir souligné "jubilante".
Ou surligné, si tu préfères.
Je souris en lisant "grande œuvre", c'est si subjectif, mais oui, il a raison bien sûr: "une adéquation entre la conscience et la réalité"
La Volonté de Schopnhauer, j'imagine, si je me souviens bien de cette Philosophie sentimentale de F Schiffter.
La réalité portée à la conscience par les œuvres, qui dira encore que lire ne fait pas l'homme ?