Dans les pas de l'Histoire : Salzbourg en temps de guerre
Salzbourg en temps de paix
Il est irascible, hargneux, vindicatif, agressif et même par moment franchement teigneux cet Otto Steiner, pas étonnant que ses amis soient si peu nombreux.
Bon je vous le concède être enfermé dans un sanatorium sinistre à Salzbourg en 1939 n’a rien de très réjouissant, savoir son fils loin parti sans espoir de retour et avoir en plus les poumons pleins de trous n’a rien d’un sinécure c’est même un combat perdu d’avance.
Il tient son journal, à la fois pour se donner du courage et puis parce que les journées sont interminables malgré les parties d’échecs.
Et il râle pour tout : la nourriture « Vendredi 7 juillet 1939. J’ai horreur du vendredi, Filet de cabillaud et pommes de terre bouillies.»
Il est exaspéré par son voisin de chambre qui fredonne un vieille chanson yiddish dont il se moque « Sonate pour poumons à vent et gosier phtisique »
Il est pourtant mal placé étant lui-même un tout petit peu juif !
Même les événements extérieurs s’attirent des commentaires laconiques « Freud est mort hier. Euthanasie. »
Sa vie et sa passion à Otto Steiner c’est la musique, mais au sanatorium c’est impossible et lorsque des soucis financiers le font se séparer de son gramophone, il touche le fond, il ne lui reste que ces souvenirs
« Je me souviens de centaines d’airs, des paroles de tous les grands opéras, en italien, en allemand, en français, des noms des maestros et des divas, des applaudissements. Ils résonnent dans ma tête. Ils me battent les tympans. »
Les nazis il les voit de loin, mais lorsque ceux-ci se mêlent du programme du festival, le fameux Festspiele, là c’est trop pour Otto
« Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi. N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ? »
Le combat contre la médiocrité voilà ce qui va redonner de l’allant à notre malade. Et je ne vous en dirais pas plus ce serait dommage.
Salzburger Festspiele © Dr. Karl Kreuzer
Un petit bijou que ce court roman. Ciselé, juste ce qu’il faut d’humour noir, un rien macabre, parfois glaçant, mais le plus souvent cocasse.
C’est très très réussi, un scénario parfait, des chausses trappes et des fourvoiements, une chute que l’on ne voit pas venir et qui est parfaite.
Ce roman va prendre place juste à côté de Inconnu à cette adresse car il est de la même famille.
En prime je vous offre un peu de Mozart pour accompagner votre lecture
Le livre : Sauver Mozart - Raphaël Jerusalmy - Editions Actes Sud 2012
Commentaires
Euh il est où le Mozart offert avec le billet?(m'en fiche, j'ai le coffret Tout Mozart à la maison)(ainsi qu'un atlas de plusieurs kg!) Il faut bien cela pour aborder sereinement ton blog et ses tentations!
@ Keisha : je te pardonne ton déménagement te met la tête à l'envers, à la fin du billet et sur Mozart ( en bleu) tu as un lien vers chez JEA qui il y a quelques jours à fait un billet sur l'"Ave Verum Corpus "
intéressant!
@ miriam : mieux qu'intéressant, vraiment réussi
Mozart pris en otage et Wagner promis aux gramophones pour mille ans au moins...
(merci pour le lien)
@ JEA : je vous recommande ce petit roman cruel et acide mais plein d'un bel amour pour la musique
Ton petit bijou est bien tentant et ce passage chez JEA, un doux bonheur, merci à vous deux. Belle belle journée. brigitte
@ Plumes d'anges : et en plus c'est un poids plume pour les bagages
@ Plumes d'Anges : il est doux de se laisser aller à ses envies
Ma curiosité est piquée: j'espère trouver le livre prochainement pour découvrir ce destin. Et surtout trouver du temps pour le lire. Je ne surais lire à votre rythme !
@ Christw : oui oui je dévore mais je ne fais de billet que pour une partie des livres lus, ceux qui en valent la peine
Il est dans ma PAL pour cet été
Aurai-je la sagesse d'attendre?
Ave verum corpus un beau souvenir de chorale
Merci
@ autour du puits : j'ai déjà fait ça, lire les livres à emporter ...avant de partir on ne se refait pas
Mozart à la rescousse des teigneux, les radios devaient le programmer en boucle!
Quel plaisir vos deux billets qui se répondent.
J'adore ce vieux gramophone, merci pour tout et belle journée Dominique.
@ colo :quand j'ai vu le billet de JEA alors que j'écrivais le mien l'occasion m'a paru belle
Bonjour Dominique, j'ai eu l'occasion d'aller deux fois à Salzbourg pour le Festival. On se retrouve hors du temps. Je note ce roman d'autant plus s'il est court, cela me rappellera peut-être quelques souvenirs de la ville. Merci et bonne après-midi.
@ dasola : notre musicien tuberculeux n'est pas très porté sur les paysages mais plutôt sur la musique
J'ai hésité et puis je l'ai commandé. Comment ne pas avoir envie de sauver Mozart ???
@ nadejda : j'espère que la lecture te comblera
Et bien je note.
Tu me donnes très envie de l´acheter.
@ alba : j'espère que tu te feras plaisir
Un roman devant lequel je me suis arrêtée il y a quelques jours... Je vais peut-être bien l'acheter alors, j'aime beaucoup les personnages teigneux ;-)
@ Margotte : tu seras servi, c'est une victime mais teigneuse et qui va se battre
Je suis un peu rebutée par les teigneux mais celui-ci semble se racheter ! S'il y a Salzburg et Mozart en prime, je ne vais pas hésiter.
@ Annie : en fait très rapidement on prend fait et cause pour lui
Je suis allée voir ce lien et écouter toutes les interprétations (quand on aime!)
@ Keisha : JEA a fait ça très bien
Le sujet, la musique en pays nazi m'a d'abord rappelé un certain chef d'orchestre qui, sous prétexte d'amour pour la musique et de réussite, a adhéré au parti nazi, a fait une splendide carrière même après guerre et est devenu très riche et très célèbre sans jamais être inquiété! Les méchants sont toujours récompensés! Alors ce livre doit faire plaisir même si le sujet est dur puisqu'il prend le contrepied! J'ai beaucoup aimé Inconnu à cet adresse et je l'ai vu interpréter (très bien) sur scène au festival d'Avignon.
@ claudialucia : ce chef d'orchestre là apparait dans le roman, l'auteur doit régler quelques comptes :-)
je l'ai comparé au roman de k Taylor car on y trouve de la même façon une certaine noirceur réjouissante si je peux le dire comme ça
Ce n'est pas Mozart qui est rédimé , mais bien moi.J'aime à rapprocher ce texte émotionnel de "Dieu joue de l'accordéon" de Gerard Lattier à propos de Karajan , à voir absolument!
je ne connais pas cette référence je vais aller voir cela
merci du conseil de lecture comme tu le dis c'est un petit bijou
Luocine