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Souvenirs d'antan - Nikolaï Lvov

En regardant par dessus l’épaule vers la Russie d’antan

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Dans un livre récent Vladimir Sorokine parodiait la Russie éternelle, Nikolaï Lvov, lui, tresse des couronnes à ses souvenirs, cette Russie d’avant la révolution c’est la sienne et quand il regarde en arrière c’est pour se souvenir des jours heureux.
Le narrateur, Aliocha dont on devine aisément qu’il le double du romancier, est tout juste adolescent alors que règne Alexandre II dont on attend des réformes et qui permet à tous de regarder l’avenir avec optimisme.
Moscou est le centre de la vie d’Aliocha, loin de la capitale Moscou vit encore à l’heure de la simplicité                          

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Photo by Stephen Exley

« Dans les rues recouvertes de pavés biscornus, entre les fentes, l’herbe verdoyante affleurait à la surface »
Des petites échoppes occupent la Place Rouge, nobles et artisans, paysans, tout le monde respecte les rites religieux de la foi orthodoxe « les enfants recevaient leur éducation à la maison » tout le monde se connaît : les Gagarine, les Troubestkoï, les Chtcherbatov ....

La vie est rythmée par les saisons, au printemps « les enfants sautaient dans la rue par les fenêtres » l’hiver « ils dévalaient les pentes glacées et patinaient sur les étangs du Patriarche »

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Tableau de Boris Kustodiev

Musique et littérature tiennent une grande place dans la vie d’Aliocha, mais aussi le précepteur qu’il déteste, la Niania qui le console de tout.
L’été c’est le temps des visites il se souvient de son attente « nous regardions au loin, la grande route bordée de tilleuls centenaires, d’où devait surgir la calèche » celle de sa cousine Tania dont il va tomber éperdument amoureux comme on peut l’être à dix ans.
La mémoire de la maison c’est Pelaguia Agapovna, c’est elle qui relate les faits et gestes des grands-parents, le temps où la famille vivait dans une isba de bois, les mariages, les pertes de jeu.
Tout est empreint de poésie « les bosquets de lilas » « le pré en pente jusqu’à l’étang » les jeux, les représentations théâtrales, la lecture à voix haute du soir, la passion d’Aliocha pour Walter Scott........
Mais bientôt c’est la fin de l’enfance, la guerre de Crimée va éclater dispersant la famille, le père part pour le Caucase, le narrateur entre dans le monde adulte.

 

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officiers de l'armée Blanche


Des souvenirs superbement évoqués, la prose est simple et belle, poétique, parfois lyrique. Quand Nikolaï Lvov écrit ses souvenirs la Russie a basculé, le monde idyllique de l’enfance est loin, l’auteur profondément attaché à sa patrie est un esprit libre,  il s’est marié avec une paysanne de son domaine et dénonce les abus, la pauvreté, sa proximité avec le peuple russe le pousse à s’engager politiquement mais la guerre civile lui fera prendre le chemin de lexil.
C’est la Russie des romans de Tolstoï, de Tourgueniev, de Bounine qui est présente ici ressuscitée par Nikolaï Lvov

L’auteur
Nikolaï Lvov (1867-1940) est issu d’une famille de boyards de Tver qui a donné à la Russie de nombreux hommes de lettres, artistes ou serviteurs d’État. Président du gouvernement local de la région de Saratov, membre de la Douma d’État, Lvov prône, en 1905, un régime constitutionnel-démocrate et fonde le parti des Cadets. Après l’évacuation de l’Armée blanche vers Constantinople, en 1920, et l’assassinat de ses deux fils par l’Armée rouge, Nikolaï Lvov passe par la Serbie avant d’arriver en France. Installé à Meudon, il devient historien de l’Armée blanche et meurt à Nice, en 1940. Souvenirs d’antan est son premier texte traduit en français (source l’éditeur)

Commentaires

  • @ miriam : toi vers le chaud moi vers le froid

  • Étrange cette constante d'enfances heureuses dans la littérature russe...

    J'adore la photo, presque tirée d'un vieux film comique, des officiers de l'armée blanche!
    Bonne journée Dominique!

  • @ Colo : prochainement j''essaierai de faire quelques billets sur des souvenirs russes nettement plus durs que celui là , ici on est un peu dans le texte habituel, celui que Sorokine dans son ROMAN met un peu en difficulté

  • je ne sais pas si ce livre est difficile à trouver , il est tentant même si tout cela est si loin et la Russie tellement différente aujourd'hui.
    explique moi ton retour aux grands classiques de la littérature. Tu sembles très tournée vers le passé.
    Ce n'est peut être qu'une impression et un hasard
    Luocine

  • @ Luocine : retour à des livres moins mis en avant par les fameux buz médiatiques oui , ici mon choix était vers deux auteurs qui écrivent sur leur enfance
    ce n'est pas la nostalgie à tout prix mais plutôt la qualité à tout prix, avec les sorties de rentrées de septembre ou décembre on trouve de tout : le pire et le meilleur, j'essaie de vous proposer le meilleur ...de quelques rentrées en arrière

  • les Gagarine ne levaient pas encore les yeux vers les cieux où l'un des leurs échappait aux lois de la pesanteur...

  • @ JEA : je me souviens du jour où j'ai réalisé que le nom Gagarine était celui d'une famille noble !! qu'auraient pensé les ancêtres à voir un Gagarine prendre la place de Leika

  • Beauté de ces paysages sous la neige et des bulbes de la place rouge !! Cela fait rêvé et me rappelle quand adolescente je lisais les sagas de Troyat : Tant que la terre durera et La lumières des Justes. Et j'ai toujours depuis une passion pour ce pays et ses écrivains. je note celui-ci que je ne connais pas

  • @ nadejda : j'ai beaucoup aimé ce livre, on y trouve toute la Russie, Lvov fut un vrai démocrate découragé par la révolution il rejoint l'Armée Blanche contraint et forcé, il y a tout son amour de la Russie dans son texte

  • La Russie... Encore une fois un bel inconnu que cet auteur.
    Hors sujet : Ys cite un article dans le magazine littéraire où une certaine blogueuse de Sauts et Gambades parle de son blog (parmi d'autres blogueuses); il semblerait que tu sois la seule "non professionnelle" du lot, parmi les Chevillard et autres.

  • @ Keisha : oui oui c'est bien moi je confirme, interviewée par mail, les propos qui me sont attribués sont bien les miens même si ce n'est pas au mot près
    Seule non pro ?? ah peut être , cela ne m'avais pas frappée

  • Toujours partante pour la Russie, tu le sais. Et si en plus, je peux y rencontrer un cousin... ;-)

  • @ Tania : si nous devons partir pressons nous pendant que la neige permet de glisser à toute allure et de traverser les fleuves gelés ......

  • Je termine Anna Karénine. Si cette lecture m'a plu, je ne peux dire que la littérature russe m'a fait vibrer.

  • @ Manu : je comprends ça parfaitement, quand je vois chez Ys toute la littérature sud américaine qu'elle chronique je suis tentée mais je sais que souvent ensuite ça ne me plait pas vraiment mais j'aime bien chaque fois être poussée à découvrir Goûts et couleurs...........

  • Ces gens attachés à leurs racines mais qui doivent pour X raisons un jour quitter leur pays, leur famille, leurs amis... C'est terrible, je les plains sincèrement. Ils vivent avec une éternelle blessure dans le cœur. Encore une découverte Dominique, merci. Bises. brigitte

  • @ Plumes d'Anges : les lectures d'exil sont toujours fortes

  • La Russie au temps des tsars! Une période qui me fascine!
    Merci Dominique pour cette passionnante série, je te souhaite un excellent week-end

  • @ Kenza : fascinante et si riche sur le plan littéraire

  • Mon commentaire d'hier a disparu dans les limbes .. les premiers tableaux me font penser à la Russie éternelle, enfin celle que j'ai dans la tête. Un livre que je note, même si je sais maintenant qu'il me faudrait trois vies pour lire ce que j'ai dans mon carnet. (et à la suite de ton commentaire chez Autour du Puits "cette brume de la mer me caressait comme un bonheur" rejoint directement ma PAL !)

  • @ Aifelle : oui mais peut être avons nous plusieurs vies :-)

    le livre de Maupassant est un récit de son voyage en Italie de Gênes à la Sicile puis vers l'Algérie j'aime énormément pour ma part

  • Bonjour Dominique, cette Russie d'antan fait ressentir une certaine nostalgie mais n'oublions pas les Moujiks. L'écrivain en a été conscient. Bonne fin d'après-midi.

  • @ Dasola : c'est ce que j'ai trouvé de sympathique chez cet homme, noble il était pour autant très préoccupé par les moujiks et la dureté de la vie pour les plus pauvres

  • Je ne dis pas que ton blog n'est pas TB, mais il me semble que les autres sont journalistes, libraires, etc, prof de français, un peu de sérail, quoi ou alors dont le métier colle aux livres. Toi tu es une lectrice de coups de coeur, pas forcément d'actualité, blogueuse par plaisir. Ou je me trompe? ^_^

  • @ Keisha : non non tu ne te trompes pas, je n'exerce pas du tout un métier qui colle aux livres, effectivement dans l'article du Magazine Littéraire que tu cites il est surtout question de blogs de "pro" et donc plus contraint de coller à l'actualité, ma réserve avec les rentrées littéraires concernent les blogs comme le mien et pas du tout le travail de critiques, ou de professionnels qui doivent rendre compte des nouveautés
    C'est la liberté du lecteur, du simple lecteur

    Et pour ceux qui ne comprendraient pas de quoi nous parlons, allez lire l'article du magazine littéraire consacré aux blogs et où A sauts et à gambades apporte son grain de sel

    http://www.magazine-litteraire.com/content/rss/article?id=21013

  • Je crois que la Russie est l'invitée du salon du livre cette année ! Tu nous offres au travers de ce livre une avant première intéressante ! Et bien sûr, j'ai envie de le lire...
    Bonne soirée

  • @ Enitram : c'est le japon qui est l'invité mais Moscou est la ville invitée

  • Je ne sais pas pourquoi je ne vais pas d'emblée vers la littérature russe
    Pourtant lorsque je le fais je suis rarement déçue.

    Un petit titre qui n'est pas la Russie d'antan mais que j'avais beaucoup aimé,très divertissant Enterrez moi sous le carrelage.

    Bonne journée

  • @ autour du puits: chez moi c'est l'inverse je suis depuis toujours très attirée par cette littérature , je note ton titre qui me parait loufoque à souhait

  • j'avais déjà lu l'article, grâce à Ys, mais je vois que d'autres l'ont découvert dans ta réponse à mon commentaire, c'est aussi bien.

  • @ emmyne : merci

  • Beau texte et belle iconographie ! Merci Dominique pour ce retour à l'enfance.

  • @ Annie : un retour toujours agréable

  • Vive la littérature russe, j'aime la Russie par sa littérature et j'en ai forcément une vision un peu archaique pour le coup ...mais tant pis, c'est comme ça que je l'aime. Ce tableau de Boris Kustodiev est un enchantement !!

  • @ Malika : une vision qui est toujours d'actualité car la littérature ne vieillit pas

  • Encore un livre que je note dans ma liste...
    J'aime beaucoup la peinture de Kustodiev, tu l'as bien choisie car elle nous transporte, à elle seule, dans cette Russie d'antan.

  • @ Claire-Lise : si tu as autour de toi une amoureuse de la Russie c'est un excellent livre

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