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  • Marguerite Yourcenar Portrait intime - Achmy Halley

    Elle aimait faire la cuisine, elle était végétarienne ce qui n’était pas du tout à la mode, elle était une passionnée de voyage, intrépide et indépendante, elle était gardienne de la nature et anticonformiste. 

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    Elle ? C’est Marguerite Yourcenar ou plutôt  Marguerite Cleenewerck de Crayencour, petite fille éduquée dans de riches demeures, ne mettant pas un pied à l’école mais se révélant une intellectuelle cultivée et libre.

    Vous pouvez bien entendu trouver une biographie très complète, vous pouvez lire son livre d’entretien avec Matthieu Galey mais vous pouvez aussi choisir de découvrir cette femme  à travers un livre splendide qui pourrait s’intituler « l’art de vivre de Marguerite Yourcenar »

    J’avoue que je ne suis pas totalement objective parlant de ce livre car j’aime l’oeuvre et je suis fascinée par le destin de cette femme. 
    Qui était Marguerite Yourcenar ? Nous la découvrons à travers des photos inédites, grâce à des documents d’archives américains, ses manuscrits, sa correspondance, tout cela étant conservé à l’université de Harvard. 

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    Il y a bien sûr son entrée à l’Académie Française le 22 Janvier 1981, cérémonie retransmise à la télévision !! j’ai l’impression que c’était hier, comme son entretien avec Bernard Pivot que l’on sent si fier et si intimidé par la prestance et le talent de cette femme. 

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    Villa au Mont Noir

    Achmy Halley, spécialiste de l’écrivaine, a dirigé pendant dix ans la Villa au Mont-Noir dans les Flandres et a séjourné sur l’île des Monts Déserts et a pu ainsi feuilleter les carnets, la bibliothèque et s’entretenir avec des voisins, des proches et nous faire ainsi entrer dans l’intimité de cette femme et nous dévoiler des facettes nettement moins connues.
    L’iconographie est superbe et très riche.

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    Petite plaisance 

    Marguerite Yourcenar aimait les plaisirs de la vie : faire la cuisine qu’elle voyait comme une alchimie, elle aimait faire son pain et enseignait l'art du pain à la française aux enfants du voisinage.

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    « il y a peu de différences entre le pain et les livres. On les pétrit pour leur donner forme et on les laisse grandir ».

    Elle aimait aussi le jardin qu’elle a créé avec Grâce Frick, elle vivait au jardin, s'activant au potager et se passionnant pour la botanique, elle se nommait volontiers « servante des oiseaux ».

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    « Chaque herbe du jardin c’est un morceau de moi »

    Le livre embrasse la vie de l’écrivaine, portrait intime plein d’anecdotes qui le rendent savoureux, et si vous est fan de recettes vous pourrez réaliser quelques une des préférées de la dame qui était passionnée des cuisines du monde autant que de voyages.

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    Un grand merci à Bonheur du jour qui m'a lancé sur la piste de ce livre.
    Laissez vous tenter par cette balade à Mont Désert, un beau livre qui chez moi a trouvé place à côté des Mémoires d’Hadrien et de l’Oeuvre au noir.

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    Le livre : Marguerite Yourcenar Portait intime - Achmy Halley - Editions Flammarion

  • La Corde - Stefan aus dem Siepen


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    Je n’ai pas lu de littérature allemande depuis quelques temps. Aujourd’hui je vous propose un roman qui a connu un vrai succès en Allemagne.

    Un roman qui m’a totalement envoûté et que j’ai lu d’une traite, il faut dire qu’il est court (150 pages).

     

    Dans un village en bordure d’une forêt profonde, à la veille des moissons, la découverte par Bernhardt d’une corde dont il n’a jamais vu la pareille. Le lendemain soumis à la curiosité du village il tente de voir d’où vient la corde mais sans succès .

    « La corde est longue ! croyez-moi ! j’ai fait un bon bout de chemin, mais je n’ai pas trouvé l’autre extrémité ».

     

    L’envie de savoir gagne peu à peu le village, oubliant les moissons les hommes décident de pénétrer dans la forêt pour en avoir le coeur net. 

    « Plus d’une douzaine d’hommes, sac plein de provisions sur l’épaule, couteau de chasse et outre d’eau en cuir à la taille,étaient rassemblés, impatients, prêts au départ, étreignant leurs femmes d’un geste distrait. »

     

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    La durée de cette incursion dans la forêt prévue pour la journée, passe à deux puis trois journées.

    Les femmes inquiètent guettent le retour des hommes à l’orée de la forêt

    « Une lune gris pâle se leva au-dessus des arbres, indifférente. Sachant pourtant que leurs maris ne reviendraient plus ce soir-là, les femmes trouvèrent réconfortant de patienter encore un petit moment ».

     

    Une communauté villageoise en proie à l’obsession, à une curiosité irrépressible qui lui fait tout oublier. Un groupe sensible à une parole habile, séductrice, véhiculée par l’instituteur Rauk qui a trouvé là le plaisir de prendre une revanche sur des paysans plus ou moins incultes. C’est un peu le joueur de flûte du conte.

    Le groupe doit trouver assez vite de quoi se nourrir et est en proie aux tentations communes à tous les hommes : rancune, colère, envie. La violence n’est pas loin. Certains vont choisir de faire demi-tour.

     

     

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    « Rauk se leva de sa place et, ce qui le fit paraitre plus chétif encore, se plaça devant le tronc épais du tilleul afin de pouvoir embrasser du regard ses compagnons assis.»

     

    Un roman très habile qui porte sur les obsessions humaines, sur « l’avidité et la folie des hommes »

    Impossible de fermer le livre, on est comme le groupe obsédé par cette corde, curieux nous aussi de la suite et inquiet que le retour à la normalité soit impossible.

    Interroger sur un parallèle avec la montée du nazisme l’auteur dit non ce n’est pas ce qu’il a voulu même si certains mécanismes à l’oeuvre dans le roman aient pu être ceux utilisés par les nazis.

    La traduction est parfaite et fait ressortir une belle langue, riche, fine, expressive, recherchée.

     

    Une belle parabole que je vous invite à découvrir.

     

     

    Le Livre : La Corde - Stefan aus dem spielen - Traduit par Jean Marie Argelès - Editions Ecriture

     

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    Stefan de la Siepen | © DTV / Bernd Schumacher

     

    L'auteur : Travaille au ministère des Affaires Etrangères. Il a été en poste à Moscou, à Shanghai. 

  • Le Désert et la Grâce - Claude Pujade-Renaud

    9782742769032FS.gifLe Désert et la Grâce - Claude Pujade-Renaud - Editions Actes Sud
    Port Royal, Pascal, la Querelle janséniste - je suis certaine que tous ces noms évoquent quelque chose pour vous, peut-être des souvenirs plus ou moins ennuyeux (tout dépend de votre prof de français de l’époque !!)
    Si vos souvenirs sont très diffus je vous propose d’y revenir par un livre qui n’est ni un cours d’histoire - bien que le roman soit très fidèle à la vérité historique - ni un cours sur les tragédies de Racine bien que celui-ci soit au cœur du récit.
    Le roman embrasse un siècle entier, celui pendant lequel Richelieu, puis Louis XIV et les jésuites, vont lutter contre l’influence de ces hommes et femmes qui choisissent de vivre hors du siècle.

    Un petit rappel : Pour les jansénistes, Dieu accorde sa grâce par avance, à ceux qui la mérite par pure miséricorde. La liberté de l'homme existe encore, mais est très limitée. Ainsi, celui qui est prédestiné au mal, ne peut en aucun cas se retourner vers le bien.
    Le Jansénisme fut diffusé en France par Saint Cyran. Le mouvement gagna la famille Arnaud, les religieuses de Port Royal et une partie de la noblesse.

     

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    C’est un spectacle macabre qui ouvre le roman : l’Abbaye n’existe plus mais le cimetière est toujours là ; les corps et ossements des hommes et femmes inhumés ici sont jetés à la fosse commune sur ordre du Roi. La volonté du pouvoir est d’effacer toutes traces du Jansénisme et des hommes et femmes qui y adhéraient.
    Le couvent a été rasé, les religieuses dispersées et contraintes d’abjurer leur foi sous peine d’être privées de sacrements et de sépultures chrétiennes.

    racine.jpgPascal, Racine, Messieurs les Solitaires, les religieuses « les Arnauld, les Le Maistre, laïcs ou religieux » sont les grandes figures qui traversent le roman.
    En but aux persécutions certains sont emprisonnés, d’autres sont partis en  exil,
    ils peuplent ce roman de leur ombre.

    Mais les  personnages centraux sont deux femme, deux personnages magnifiques de foi, d'orgueil et de dévouement.
    Françoise de Joncoux  dite «  l’invisible » qui porte secours, soigne, assiste et «  consacrait une partie de ses nuits à ce labeur : multiplier les copies afin d’éviter tout risque de perte, en répartir chez des connaissances sûres pour parer à l’éventualité d’une perquisition et d’une saisie, les expédier aux Pays-bas où ils seraient relus, préparés, annotés par les jansénistes exilés puis, une fois imprimés, seraient clandestinement diffusés en France. »

    Marie-Catherine Racine, fille de Jean, elle aurait voulu prendre le voile mais son père la força à quitter Port-Royal parce qu’il « défendait sa liberté d’écrire, sa carrière tout juste montante d’auteur de théâtre »
    Elle essaie de comprendre pourquoi son père après avoir été élevé par les Solitaires, a renié ses amis mais a choisi de se faire inhumer Port-Royal.

    Leurs amis : Claude Dodart médecin bien en cour et dont le père fut médecin de l'abbaye, Charlotte de Roannez, Jacqueline Pascal la soeur du philosophe, Angélique Arnaud enfin figure tutélaire de l'Abbaye

     

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    Angélique Arnauld peinte par Philippe de Champaigne

    Leur ennemie : Madame de Maintenon qui les poursuit de sa hargne « Il fallait absolument anéantir ce monastère et ce parti. Reste à les extirper des mémoires »

    Claude Pujade-Renaud ressuscite pour nous Port-Royal des Champs, haut lieu de résistance au pouvoir royal, elle restitue magistralement ces personnages qui vivent dans une atmosphère de secret, de crainte et de solitude.
    Elle sait faire d’un sujet austère une magnifique fresque tout en finesse et dans une langue qui se veut fidèle à l’esprit du temps.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

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    Le site de Port-Royal

     

    Pour en savoir plus

     

    L’excellent biographie d’Anne Delbée : Racine roman

    Lettres Provinciales de Blaise Pascal

     

  • Le Sourire de Mandela - John Carlin

    Ni surhomme ni saint

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    Peut-être comme moi êtes vous enclins à admirer certaines personnalités de l’histoire, non  qu’elles soient des personnes sans défauts mais parce qu’au-delà de leur faiblesse vous leur reconnaissez une grandeur, vous admirez certaines de leurs actions, vous leur reconnaissez du courage, vous applaudissez à certaines de leurs idées. 

    Pour moi il y a quelques hommes et femmes de cette trempe et Nelson Mandela en fait partie.

     

    Voici un livre extrêmement intéressant et agréable à lire ce qui ne gâche rien.
    L’auteur est un journaliste anglais « je suis un des rares journalistes étrangers à s’être trouvés sur place pour couvrir à la fois sa sortie de prison, le 11 février 1990, et son accès à la présidence quatre ans plus tard. » Dit-il.

    Le livre décrit  la trajectoire politique de Mandela à l’aide de nombreuses interviews de ses proches ou ennemis noirs et blancs, 

    Ce n’est pas un biographie mais plutôt un portrait. L’auteur est admiratif de Mandela aussi cherche-t-il à rendre son portrait le plus juste possible, à déceler chez lui l’art de la manipulation car comment cet homme a pu en si peu de temps retourner l’opinion, prendre le pouvoir ?

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    Nelson Mandela le jour de sa sortie de prison 11 février 1990

    Comment les 27 années de prison n’ont pas réussi à faire plier la volonté et la foi en l’avenir de cette homme. Comment son apprentissage de la langue et de l’histoire afrikaner va lui permettre d’être l’homme du compromis et du pardon.

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    le film magnifique qui illustre les années de prison

    Oubliant toute rancune on voit naitre un homme politique qui va parvenir à tenir la dragée haute à ses pires ennemis 

    Le film de Clint Eastwood le montre bien, film qui a certes des défauts mais dont on est incapable d’oublier l’image d’un Nelson Mandela portant le maillot des Springboks équipe qui illustrait l’apartheid dans sa version la plus primitive, et lançant un appel pour que blancs et noirs se rassemblent lors de la Coupe du monde de Rugby. 

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    Invictus avec Matt Damon et Morgan Freeman

    Il a réussi son pari : «  tendre la main de manière rassurante à l'Afrique du Sud blanche »
    Un peu manipulateur ? Peut-être mais surtout fin politique et stratège hors pair.

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    L'homme qui passe de la prison au gouvernement

    Il va imposer une politique de réconciliation avec les commissions vérité pour empêcher l’explosion de toute haine raciale.

    Un exemple lors d’un meeting animé : 

    «  Il montre du doigt une femme blanche qui se tient debout parmi les participants, un peu en retrait. "Cette femme, là-bas", dit-il avec un large sourire. "Elle m'a sauvé la vie." 

    Il l'invite à monter sur scène et l'embrasse chaleureusement. Il raconte qu'en 1988, alors qu'il était incarcéré dans la prison de Pollsmoor, près du Cap, il avait été hospitalisé après avoir attrapé la tuberculose et que c'était cette femme, une infirmière, qui l'avait soigné. » 

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    L’homme qui reconnait le gâchis de sa vie privée, divorce et difficultés avec ses enfants.
    L’homme capable d’aller saluer la veuve de l’homme qui l’a envoyé en prison.

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    On peu aussi admirer l’homme qui renonce au pouvoir après un mandat seulement ! Et celui qui reçoit le Prix Nobel de la paix en 1993.

    On décèle à travers le livre la qualité de l’engagement, la figure morale et politique qui se forme, et l’héritage que cet homme a laissé au monde. Un homme qui incite à devenir meilleur, a reconnaitre les vertus de la réconciliation.

    Le sourire de Mandela vient du fond de l’âme et en cela il est universel.

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    Le livre : Le sourire de Mandela - John Carlin  - Editions du Seuil ou Points poche

  • Le Silence des vaincues - Pat Barker

    « Chante, divine muse, la colère désastreuse d’Achille…»

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    L'Iliade tout le monde connait même ceux qui ne l’ont jamais lu !
    L
    ’Iliade chante la colère d’Achille, le héros dont les décisions vont touchées les deux camps de la guerre. 
    C'est un poème sur la guerre, la lutte pour le pouvoir, la vengeance, la haine, l’envie, tout est là.

    Si vous l’avez lu vous avez certainement remarqué que les voix sont toutes masculines, rois, guerriers, vainqueurs et vaincus, combattants courageux ou lâches, père ou mari, des hommes rien que des hommes. Seule au loin la silhouette d’Andromaque qui fait ses adieux à Hector avec « un rire en pleurs »

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    Pat Barker casse le mythe et déplace le coeur du roman vers l’expérience des femmes. Elle écrit l’Illiade du point de vue des femmes capturées vivantes dans le camp grec.
    Les femmes livrées comme butin aux mains des hommes, devenues esclaves par la loi de la guerre. Pour les femmes c’est le début de l’horreur.

    Le roman est à la première personne, c’est Briséis qui s’exprime
    Elle est l’archétype de ces femmes à qui la parole n’est jamais donnée.
    Elle a déjà enduré le sac de sa ville natale par Achille, et a vu le massacre de son père et de ses sept frères et l'esclavage de sa mère. 

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    Briséis rendue à Achille  Pierre Paul Rubens

    Gagnée par Achille le vainqueur, elle est d’abord son trophée puis est finalement attribuée comme un lot de consolation à Agamemnon le roi tout puissant . On lui a enlevé Chriséis, il va réclamé réparation et s’empare de Briséis.

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    Achille et Briséis   Fresques de Pompéi

    On s’éloigne à grands pas du récit homérique. Il n’est pas question du Divin Achille « nous l’appelions « le boucher » un mixte de brutalité et de courtoisie, voilà qui est clair.

    Briséis va se trouver prise entre deux feux, le roi tout puissant Agamemnon et la juste demande d’Achille qui refuse de combattre si on ne lui rend pas son « butin » 

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    Achille réclamant son dû     Tableau d'Antoine Coypel

     

    Pat Barker fait entendre la voix des femmes réduites au silence, femmes violées et asservies, veuves ou orphelines, voyant périr père, frère époux dans des scènes déchirantes qui devraient inspirer pitié et compassion.

    Elle manie bien l’art des métaphores  « ce moment brillant, quand le vacarme de la bataille s'estompe et que votre corps est une tige reliant la terre et le ciel »
    Elle évoque très bien la vie quotidienne : la nourriture et le vin, les bruits, les cris, la douleur des plaies, le sang qui coule.

     

    Elle nous renvoie l’image du  vieux roi Priam qui se fraye un chemin, seul et non armé, à travers le camp ennemi, pour implorer Achille de lui rendre le corps mutilé d’ Hector., passage qui rappelle le magnifique roman de David Malouf : la Rançon
    Homère fait dire à Priam « Je fais ce qu'aucun homme avant moi n'a jamais fait, j'embrasse les mains de l'homme qui a tué mon fils. »

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    Priam devant Achille  Alexandre Ivanov  Galerie Tretyakov 

     

    Ce passage grandiose est battu en brèche par Briséis pour qui il n’y a que perte et chagrin. 
    Elle riposte aux paroles de Priam, comparant cette rencontre  entre hommes à la myriade d’horreurs insoupçonnées subies par les femmes pendant la guerre. 

    « Je fais ce que d'innombrables femmes avant moi ont été forcées de faire. J'ai écarté les jambes pour l'homme qui a tué mon mari et mes frères ».

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    Le roman de Pat Barker est un message féministe très clair sur la lutte des femmes pour s’extirper des récits dominés par les hommes. Elle offre des portraits de personnages nuancés et complexes 

    C'est un roman fort et poignant, un livre passionnant et qui nous impose de réfléchir à notre façon de raconter des histoires

    « Les vaincus entrent dans l'histoire et disparaissent, et leurs histoires meurent avec eux »
    L’auteur nous invite à écouter ces voix silencieuses, ces voix oubliées.

    On est loin de l’héroïsme du champ de bataille, c'est un chant intemporel où l’emporte le chagrin, la douleur, le silence des vaincues, assez loin de la légende d’Homère. 

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    Le livre : Le Silence des vaincues - Pat Barker - Traduit par Laurent Bury - Editions Charleston

     

  • Lumière d'été puis vient la nuit - Jón Kalman Stefansson

    Aujourd’hui je vous donne rendez-vous dans un village un brin atypique puisqu’il n’a ni église ni cimetière et c’est bien dommage car « le doux tintement des cloches réjouit les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l’éternité » enfin ça c'est l'auteur qui le dit.

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    Bon c'est pas celui là car il y a une église 

    Et ce ne sont pas les seuls particularités de ce village car il est composé de « centenaires rigolards » et de toute une galerie de personnages plus déjantés et particuliers les uns que les autres. 

    JK Stefansson dresse huit portraits au fil des chapitres et pour vous appâter un peu voici une petite liste : 
    Un directeur de l’atelier de tricot qui rêve en latin et va en faire sa carrière et qui ne jurera plus que par les constellations et les trous noirs.
    Jonas qui voit et peint des oiseaux partout et transforme la vie des habitants avec ses pinceaux.
    David le fils du directeur latiniste qui lui est en bisbille avec quelques fantômes.
    Et mon préféré Kjartan qui va céder à la tentation de la chaire.

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    Peut être comme ça 

    D’anecdote en anecdote la vie du village s’impose et la galerie de personnage prend vie
    Des liens connus ou secrets se tissent.

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    Je verrai bien Kjartan habiter là 

    On ne reste pas au ras des pâquerettes, non on voyage aussi dans le cosmos et l’on approche les trous noirs.
    Ne cherchez pas d’inutiles rebondissements, la vie s’écoule, chacun poursuit ses rêves mais l’auteur balaie tout ce qui fait notre vie quotidienne : la peur, la perte et le manque, l’amour, la douleur ou la joie, la solitude ou l’échange.

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    Le père de la comédie humaine à l'islandaise

    C’est la comédie humaine à l’islandaise dont le caractère universel ne vous échappera pas.
    Pourquoi j’ai aimé ce livre ?

    Parce que JK Stefansson a l’art du paysage chevillé à l’ écriture 
    J’ai aimé la truculence et la bonhomie de ses personnages hilarants.
    J’ai aimé les adresses aux lecteurs que émaillent le récit et qui sonnent tellement justes
    Parce que j’aime le pays des fjords au climat aventureux
    Parce que l’humour est présent tout du long 
    Parce que l’auteur nous parle des incertitudes de l’existence, des bifurcations qui se présentent, des erreurs possibles, bref de la vie !

    Parce qu'il m'a rappelé les Racontards de Jorn Riel qui m'ont fait passer de tellement bons moments 

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    Jorn Riel

    Il tente de nous dévoiler le mystère de l’existence « ces recoins sombres parfois aussi vastes que des palais »

    Parce qu’au bout du compte il n’y a que l’amour « cet oiseau qui vous entame constamment le cœur » alors « Qu’importe le tumulte du monde, l’avènement et la chute des civilisations, le hasard et le néant, si on n’a pas de lèvres à embrasser, une poitrine à caresser, un souffle qui vous emplit les oreilles. »

    Le style est cocasse, drôlatique même, parfois un brin caustique, souvent plein de poésie et toujours bienveillant.
    L’écriture singulière de cet auteur est très reconnaissable et magnifiquement mise en valeur par une traduction parfaite.
    Merci Monsieur Boury 

    Hasard des parutions sur les blogs Nathalie fait paraitre aujourd'hui son billet sur ce livre. 

    Si vous ne l'avez jamais lu je vous recommande sa trilogie magnifique 

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    Le Livre : Lumière d’été, puis vient la nuit -  Jón Kalman Stefansson - Traduit par Eric Boury - Editions Grasset