Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ceux de Podlipnaïa - Theodor Rechetnikov

La misère Russe 

vasnetsov.jpg

Viktor Vasnetsov

L’homme naît pour une vie de souffrance, qu’il supporte et traîne comme un boulet et qui finit par l’écraser…

Tout d’abord le nom de l’auteur ne vous dira rien, pas étonnant la dernière édition de ce roman date de ...1920 ou à peu près.

Un écrivain à la Zola dit l’éditeur, oui le Zola le plus noir, le plus sordide mais avec un fond de drôlerie qui vous ramène au roman russe.

 

Podlipnaïa c’est un hameau moche, sale et pauvre ! ce n’est pas moi que le dit c’est l’auteur. La Sibérie dans ce qu’elle a de plus terrible. Les récoltes sont maigres, les intempéries fréquentes, les hivers redoutables et Pila le paysan n’est jamais loin de crever de faim car il n’a « ni grange, ni meules de foin, ni jardin potager ».

Tous les habitants sont « malades de misère et de saleté »

 

 

moujiks 1817.jpg

La mort rattrape les enfants, les parents ne s’en attristent pas vraiment, une bouche de moins à nourrir. D’ailleurs la fille de Pila vient de mourir, elle était fiancée à Syssoïko qui est le seul à s’attrister, le Pope exige de l’argent pour l’enterrement et finit par prendre le seul bien de Pila : sa vache.

Trop c’est trop il décide de quitter Podlipnaïa avec femme et enfants.

Ils ne sont jamais sortis du village et les péripéties ne vont pas manquer, tantôt tragiques, tantôt drôles, le passage par la case prison les déroute mais ne les décourage pas. 

Ils ont un rêve devenir bourlaki, manoeuvrer les lourdes barques chargées de sel, de blé ou de fer. 

 

Ils vont devoir appendre le maniement des rames, mais la remontée du fleuve c’est une autre paire de manche ! Les barques sont halées par quinze homme, le travail est épuisant mais il peuvent manger à leur faim et travailler comme des forçats ne leur semble pas anormal. Dur au travail, dur à la peine mais en comparaison de la vie de paysan les « haleurs sur les rivières mènent la belle vie »

Le bourlaki c’est la figure du travailleur, si l’on veut poursuivre la comparaison avec Zola c’est le mineur de Germinal !

Ilia_Efimovich_Repin_-1844-1930-_-_Volga_Boatmen_-1870-1873.jpg

                               Ilya Repin haleurs sur la Volga

 "Les bourlakis travaillent : leurs échines s'abaissent et se relèvent en cadence, pour se courber encore."

 

Voilà je vous laisse découvrir la vie de Pila et Sissoïko plus avant. 

Dans ce récit pas de jolies phrases, la réalité toute nue sans fioritures, un style « sobre et énergique » dit le traducteur.

Ce serait d’une noirceur insupportable si Rechetnikov ne mariait pas le réalisme au comique, cela m’a évoqué Gogol et Isaac Babel.

Octave Mirbeau mettait Ceux de Podlipnaïa sur le même plan que les romans de Tolstoï et Dostoïevski, je n’irai pas jusque là mais la lecture et la découverte de cet auteur est tout à fait surprenante et réjouissante.

 

Vous pouvez lire le bien qu’en pense Cécile.

arton4323-24d73.jpg

Le livre : Ceux de Podlipnaïa - Theodor Rechetnikov - Editions Arbre Vengeur 2011

 

L’auteur

Fédor Mikhaïlovitch Rechetnikov (1841-1871). Orphelin précoce élevé par son oncle, modeste employé des postes, il fut d’abord scribe au tribunal avant de devenir fonctionnaire au ministère des Finances. Très jeune, il entra en contact avec les cercles littéraires de Saint-Pétersbourg et c’est d’ailleurs pour poursuivre une carrière dans les lettres qu’il décida de quitter la vie active. Son premier roman, Ceux de Podlipnaïa, fut publié en 1864 dans le journal Le Contemporain dirigé par le célèbre intellectuel libéral Nekrassov. Ce texte sans concessions frappa les lecteurs de l’époque, notamment par son évocation vériste des misérables conditions d’existence des paysans sibériens. Emporté par la tuberculose, le jeune homme ne laisse en effet dans son sillage que l’embryon d’une oeuvre prometteuse.

Éprouvant des difficultés à concilier sa vie de famille et l’exercice de son art, rongé par la dépression, il sombra dans l’alcoolisme puis contracta la tuberculose à laquelle il allait succomber. Il est enterré à Saint-Pétersbourg.(source l’éditeur)

 

Commentaires

  • Je ne sais pas si je peux encore lire ce genre de roman, où la misère est écrasante, avec aucune perspective de changement, jamais .... c'est un peu trop pour moi en ce moment.

  • @ Aifelle : le roman est rude mais l'on est sauvé de l'écrasement par l'humour et le goût du burlesque de l'auteur

  • 1920? Au tout début des années soviétiques alors, même Lénine vivait encore? Quoique, le fin fond de la Sibérie, cela ne doit pas être réjouissant qulel que soit l'époque.

  • @ Keisha : l'auteur vivait fin du XIX ème, 1920 est la date de publication en France, il avait eu du succès en Russie auparavant et ce avant la Révolution

  • Je suis contente que cela t'ai plu ! Je ne connaissais pas du tout Viktor Vasnetsov, mais l'illustration est terrible.

  • @ CecileSblog : terrible oui , j'ai lu ce livre grâce à toi et je t'en remercie, j'ai aimé malgré la dureté du propos

  • Je te vois plongé dans la littérature russe.
    L´exposition l´Hermitage au Museo del Prado m´a incitée à relire les écrivains russes, je suis même allée voir un film dont l´action se situe en Sibérie, tellement réaliste que je n´ai pu tenir jusque la fin.
    En ce moment, je relis Ana Karénine avec bonheur.

  • @ Alba : je lis souvent par cercles concentriques et c'est ce qui m'a incité à faire des billets par thèmes, les écrivains russes j'ai un gros faible
    Peux tu te rappeler le titre de ce film ?

  • Je ne connais pas cet auteur, mais je reconnais cette misère dénoncée par Tolstoï. "L'homme naît pour une vie de souffrance" : destin insupportable et fardeau encore actuel pour tant de Russes - et d'autres.

  • @ Tania : Tolstoï est bien sûr invité dans la préface, on ne peut comparer les deux écrivains mais il est certain que comme un certain nombres de nobles de l'époque même s'ils n'étaient pas révolutionnaires beaucoup d'entre eux réprouvaient le sort réservé aux moujiks, aux serfs

  • Ta passion pour la littérature russe
    Je crois que je ne connaisseur pas cet éditeur qui cache la forêt
    Je crois que c'est encore un peu noir pour moi
    Bonne journée
    Je relis Je vois des jardins partout!

  • @ autour du puits : il me faut à moi aussi un peu de fleurs et de jardins pour pourvoir lire ce type de récit mais je crois que c'est là que se niche la vraie et bonne littérature ...hélas :-)

  • Paysan pauvre, sans grange, ni même un potager, c'est vrai que c'est intenable comme situation... Pour en venir à préférer hâler des bateaux comme des bêtes de somme... Cela laisse sans voix.

  • @ Kathel : leur choix tient autant du désespoir total que d'une méconnaissance totale de la vie ailleurs que dans le village, tout est nouveau et donc les attire

  • C'est très très sombre, heureusement tu nous parles de situations comiques, arrivent-elles à contrebalancer cette noirceur ambiante ? Je vais quand même rechercher ce livre...
    J'aime beaucoup V.Vatnetsov, il y a de très belles œuvres.
    Je t'envoie du soleil, bises. brigitte

  • @ Plumes d'Anges : dire que cela équilibre serait exagéré, disons que cela permet de lire les passages les plus durs
    Je ne connaissais pas ce peintre qui a peint aussi des tableaux assez mystiques

  • Bonjour Dominique, comme annoncé je te lis très attentivement! Et je me disais que la pauvreté, extrême comme ici, prend des visages différents selon les pays et les époques. Partout tragique, elle n'est pas la même en Inde qu'en Sibérie.
    Aucune comparaison avec ce que nous vivons, bien sûr. Tu parles à juste titre d'une méconnaissance totale de ce que se passait ailleurs...la télévision aujourd’hui crée tant d'espoirs suivis de tant de désespoirs!
    Tes illustrations, si bien choisies, sont terribles....

  • @ Colo : on sent tout à fait que si ces hommes ne se révoltent pas c'est faute de connaissance, impossible de comparer, le Pope est pratiquement aussi pauvre qu'eux et le Seigneur est un homme lointain parfois jamais vu
    La misère touche malgré le temps écoulé.
    La télévision instruit parfois mais rend les choses aussi très virtuelles hélas, on s'habitue presque à certaines images

  • Merci pour la découverte des peintres Vasnetsov et Repine (Je connaissais son beau portrait de Tolstoï sans savoir qu'il était de lui) et de ce livre de Rechetnikov. Tous les trois me touchent.

  • @ nadejda : le tableau de Repine je l'ai vu chez Cécile qui a fait un billet sur ce livre et Vastnetsov c'est en pianotant à la recherche d'images

  • Je ne peux pas m'habituer à certaines images, je veux parler de celle de ton billet précédent !
    Que faire contre la misère, qu'elle se trouve à l'autre bout du monde ou ici pas si loin de nous ???
    La misère me révolte et sa représentation est insoutenable et celle des enfants encore plus...
    Mais le livre que tu nous présentes aujourd'hui saura peut-être nous en parler autrement...

  • @ Enitram : c'est difficile et en même temps on ne doit pas détourner la tête, du moins pas tout le temps, le livre prochain est nettement plus positif, reviens me voir :-)

  • @ ClaudiaLucia : je l'avais repéré sur les présentoirs mais c'est le billet de Cécile qui m'a convaincu

  • Voilà un auteur russe absolument inconnu pour moi.Et dont la vie semble avoir été pour le moins peu réjouissante.Je ne suis pas sûr de le lire prochainement,non que ça ne m'intéresse pas.Mais comme je l'ai déjà écrit la concurrence est si rude entre les livres.A bientôt.

  • @ Eeguab : à qui le dis tu, c'est toujours un problème que de choisir au milieu de toutes les tentations

  • Rechetniko était alcoolique, poitrinaire et dépressif. Ajoutons la misère, la mystique et toute l'ambiance du moujik rude et désespéré, houlala! Voilà mon cliché de l'"âme russe" dans toute sa frénésie, ses excès, sa passion.

  • @ Sandrine : je t'accorde le cliché pour l'âme mais la misère elle était bien réelle et certainement assez désespérante

  • Tes articles me rappellent régulièrement que je dois me mettre à la littérature russe ! Je ne sais pas pourquoi, Tolstoï excepté, je renacle toujours...

  • @ Annie : je comprends tout à fait ça car j'ai la même difficulté avec la littérature d'amérique du sud, je n'accroche que rarement

  • @ L'or ces chambres : et pourtant c'est une réalité aujourd'hui encore même si c'est d'une façon différente

  • Dominique,
    Je cherche, je continuerai à chercher

    J´ai trouvé ce film que tu as peut-être vu.
    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19200824&cfilm=189473.html

  • @ alba : j'ai vu la sortie de ce film mais il est resté très peu de temps dans les salles et je ne l'ai pas vu
    je vais voir s'il est sorti en DVD car il me tente effectivement
    merci à toi pour la recherche

  • Bonjour Dominique, quand on lit le condensé de la vie de cet écrivain mort à 30 ans, c'est (presque) aussi triste que le roman que tu décris. Je n'en avais jamais entendu parler. Une fois de plus, merci pour cette découverte. Sinon, la pauvreté est à l'origine de beaucoup de malheurs, de guerres, du désespoir. Bonne journée.

  • @ Dasola : Un écrivain quasi inconnu mais qui a su bien traduire l'horreur de la misère

Écrire un commentaire

Optionnel