Le Sauvage des Pyrénées - Pep Coll - Traduit du Catalan par Edmond Raillard et Juan Vila - Actes Sud
Tout commence avec la chute d’un chien sur un replat de falaise « une langue étroite et longue de terre vierge, constellée de roches grises et d’arbustes vert foncé. »
Tura, mais on l’appelle aussi Ventura ou mieux Bonaventura Mir, va élire domicile sur ce replat d’où il domine le village et tout ceux qui le prennent pour un idiot, il est vrai que comme d’autre échange leur droit contre un plat de lentilles, lui Bonaventura a délaissé le confort d’une ferme cossue contre une vie d’étudiant et tout le village rit de lui. Son frère a au passage hérité de la propriété familiale et « emprunté » la fiancée de Ventura, la belle Filomena.
Il va se construire un domaine, une forteresse, c’est à lui, c’est son bien qu’on se le dise « Habitants de Maulpui (...) je vous fais savoir à tous que j’ai pris la ferme et libre décision de rester vivre sur cette hauteur »
Malgré toutes les tractations, toutes les tentatives pour l’extraire de son replat, notre héros persiste des années durant et transforme peu à peu la parcelle de terrain en un lieu de vie, il laboure, sème, arrose, cueille et vit bientôt en autarcie.
De loin en loin il a des nouvelles du village, il regarde tous ces petits insectes se démener, il les reconnait de loin mais n’a nulle envie de se joindre à la fourmilière.
De temps à autre il a de la visite, il faut du courage aux visiteurs parce qu’ils doivent emprunter des échelles de cordes et parce que Ventura a tourné un peu anarchiste et qu’on ne sait jamais quel va être l’accueil, aussi les visiteurs sont rares.
Du haut de son perchoir il contemple la bêtise humaine
Bonaventura ne s’ennuie pas, il a même mis au point une technique très sûre pour jouer aux échecs avec un membre du village, à distance et de belle façon.
Mais la vie de Bonaventura va prendre un tour inattendu à la mort de son frère, emporté comme la moitié du village par une épidémie de peste
Après des années de vie solitaire sur son replat va-t-il être contraint de retourner à la civilisation ? La presse et les scientifiques s’intéressent de très près au cas de ce fou qui s’est fait ermite ce « sauvage des pyrénées »
N’hésitez pas à passer quelques heures en Catalogne en compagnie de ce doux dingue de Bonaventura, le héros instruit et érudit qui a choisi de se faire ermite.
C’est un récit qui prend son temps. Un récit joyeux, drôle et savoureux. Il y a du Rousseau dans ce récit, et Bonaventura est frère en loufoquerie de Don Quichotte et Pickwick.
Une jolie fable sur l’utopie, la folie et l’amour de la liberté.
L’auteur
Pep Coll est né à Pessonada en 1949. Il vit actuellement à Lleida, où il est professeur de langue et de littérature catalanes. Ecrivain, il est aussi l’auteur de scripts pour la télévision, d’articles de journaux ( source l'éditeur)
Commentaires
Ah, mais que je suis contente qu'il soit traduit en français! J'avais un peu pensé aussi au "Baron perché" de I. Calvino en le lisant avec délice. Bonne semaine Dominique....un petit saut en Catalogne s'impose...un jour!
@ Colo : la parenté avec le Baron perché ne m'avait pas frappé mais tu as raison, j'ai découvert la littérature catalane avec ce livre est c'est un grand plaisir
J'ai également tout de suite pensé (souvenir délicieux) au Baron perché. La version Catalane semble fort sympathique...
@ Margotte : ce sauvage là est délicieux aussi, un rien philosophe comme le baron et détenteur d'un humour tout aussi fin
Je n'ai pas lu "le baron perché" me voilà donc contrainte aujourd'hui à noter deux titres !
@ Aifelle : c'est la punition des curieux :)
Tiens, si j'avais croisé ce livre, j'aurais pensé qu'il te plairait... et ensuite qu'il pourrait me plaire aussi ! ;-)
@ Kathel : c'est un livre discret, très peu médiatisé et que j'ai beaucoup aimé, il ne faut pas s'arrêter aux premières pages qui sont déconcertantes
Je l'avais repéré en librairie. J'attendais un avis parce que je n'avais pas bien suivi la quatrième de couverture. La librairie est ouverte jusqu'à la fin de la semaine :)
@ Cécile : une lecture un peu folle et baroque mais d'une jolie profondeur et d'une drôlerie irrésistible
C'est aussi le genre de livres qui me plaît bien, avec des huluberlus finalement pleins de sagesse!
@ Mango : Huluberlu c'est un titre qui va très bien à Bonaventura Mir