Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Naufrages - Akira Yoshimura

 

bateai.jpg

 

Un roman court qui a des allures de conte, dont l’auteur jamais ne nous précise la période ou le lieu de son histoire. On ne sait presque rien de ce village de pêcheurs d’un Japon millénaire, pauvre, tellement pauvre que lorsque les ressources s’épuisent, les hommes vont louer la force de leurs bras, loin, avec l’espoir de revenir un peu moins pauvres.

 

tumblr_kw2fpoX0ch1qzcyglo1_1280.jpg

 « Des bateaux passaient de temps en temps dans la journée. Généralement quand la mer était calme, mais aussi quand elle était agitée. Ils disparaissaient alors très vite, leurs voiles à mi-hauteur, ballottés par la houle qui les faisait tanguer dangereusement. Isaku les regardait en compagnie des autres villageois. »

 

Isaku est seul depuis que son père est parti, il doit faire vivre sa famille, ses capacités de pêcheur sont encore bien faibles et, malgré tous ses efforts, le riz vient à manquer.

Il est temps pour Isaku d’être initié, d'être initié au secret inavouable partagé par tout le village : le pillage des bateaux, tous sont des naufrageurs, allumant des feux trompeurs sur la plage pour faire échouer les navires. 

Ensuite c’est la noria vers l’épave pour récupérer le riz, des objets utiles pour chacun ou pouvant être vendus. Mais il peut arriver que le bateau n’apporte pas l’abondance espérée et fasse le don mortel de la maladie.

 

« C’est un crime passible des châtiments les plus extrêmes. Sans ces naufrages, le village aurait disparu depuis longtemps, laissant place à une côte inhospitalière semée de rochers. Les naufrages avaient permis à leurs ancêtres de survivre sur cette terre, et les villageois se devaient de perpétuer la tradition. Ils croyaient que l’âme des défunts partait loin dans la mer, et qu’après un certain temps, comme elle n’avait aucun autre endroit où aller, elle revenait s’installer dans le ventre d’une femme enceinte. »

 

japon.jpg

« Les villageois marchaient de long en large sur la plage, les yeux fixés sur la mer. Il faisait de plus en plus froid, et les hommes venaient tour à tour rajouter du bois sous les deux chaudrons. Puis, sur un geste du chef du village, on apporta des bûches supplémentaires pour faire un nouveau feu autour duquel les villageois se rassemblèrent. »

J’ai vraiment aimé ce roman sombre, le narrateur nous montre le village, la faim qui tenaille, le froid, l’angoisse que ceux qui sont partis ne reviennent jamais. Isaku est un être simple mais sa vie est marquée par la peur, l’espoir de subvenir aux besoins de sa famille mais rêve aussi de connaitre l’amour.

J’ai aimé ce tableau d’une communauté incapable d’aider les siens sauf en provocant le malheur.

Un récit âpre qui suit les rythme des saisons sans jamais que nous n’y trouvions de consolation, rythmé aussi par les naissances, les mariages, les morts. Tout le quotidien est exploré sans jamais être pesant. 

Il y a un côté impermanent dans ce récit, comme les villageois on attend un mieux qui ne vient jamais. 

 

Un récit que j’ai aimé malgré son côté très sombre, pas de révolte chez ces pêcheurs, une angoisse qui pèse sur leur vie, un fatalisme qui fait accepter les privations, les douleurs. Quand tuer est la seule façon de survivre ....

 

9782742716593FS.gif

Le Livre : Naufrages - Akira Yoshimura - Traduit par Rose Marie Makino-Fayolle - Editions Actes Sud numérique

Commentaires

  • @ clara : alors vas y c'est un bon roman

  • @ Claire Jeanne : un beau récit dur et qui reste en mémoire

  • Bonjour Dominique, merci pour le conseil, tu donnes envie. Et les illustrations me plaisent beaucoup. Bon samedi.

  • @ dasola : un bon roman

  • @ miriam : c'est assez sombre et cela m'a donné envie de relire un roman d'Inoué sur des histoires de naufrages aussi

  • Il est sur ma LAL depuis une éternité ! il fait partie de ceux qui se font constamment passer devant le nez ..

  • @ Aifelle : mets lui une étiquette de priorité cela vaut la peine

  • C'est bien l'auteur de "Le convoi de l'eau" ? Alors je note, je note, je note...

  • @ Anne : oui c'est bien le même auteur

  • Oh , oui !!! Puisque c'est l'auteur d'un petit chef-d’œuvre "Le convoi de l'eau" !Merci aussi à Anne d'avoir fait le lien.

  • Oh, tu me rappelles qu'il est dans ma PAL, et sans doute au fond, même ! Il faut que je l'en ressorte, j'avais aimé l'atmosphère du Convoi de l'eau...

  • @ Kathel : à ressortir pour le plaisir de ce beau et sombre récit

  • Connais pas, mais il me semble que cet auteur est dans ma liste des auteurs à lire...

  • @ keisha : j'ai lu trois romans de l'auteur et tous avec grand plaisir

  • Oh, oh, je ne suis pas la seule à l'avoir sur les étagères où il attend gentiment. Un auteur qui m'a été plus que recommandé par une grande lectrice de littérature japonaise, ce qui explique que ses livres soient chez moi :). Lequel de ses romans parmi ceux que tu as lu me conseilles-tu pour une première rencontre ? ( sur les étagères aussi Le convoi de l'eau et le recueil de nouvelles L'arc en ciel blanc )

  • @ Marilyne : j'ai lu quatre livres de cet auteur, le plus abordable avec Naufrages est le Convoi de l'eau, ensuite plus "dur" quant au sujet il y a la Guerre des jours lointains où l'auteur aborde les crimes de guerre des soldats japonais enfin mais c'est un documentaire : le grand tremblement de terre du Kanto en 1923

  • @ Claudialucia : un roman à découvrir mais aussi les autres titres de l'auteur

  • Ta présentation, commentaire et illustration, me donne envie de découvrir ce livre qui m'a l'air dur ... Je le note

  • @ nadejda : le japon d'autrefois certes mais qui apparait proche à la lecture

  • J'ai beaucoup aimé ce roman et j'en garde un souvenir très vif. J'aime tout de cet auteur, en fait, même si c'est généralement très sombre.

  • @ Papillon : comme toi et le côté sombre on l'oublie par la grâce d'un récit bien mené

  • Un conte noir, cette histoire de naufrageurs - merci pour les belles illustrations.

  • Des naufrageurs! moi qui suis sur la mer une partie mon temps! quelle horreur!Sur l'eau on a besoin d'imaginer que la terre est peuplée d'hommes accueillants et heureux de voir arriver des voyageurs. Les pirates et les naufrageurs font vraiment peur (les naufrageurs beaucoup moins depuis le GPS) . Mais en Bretagne aussi nous avons eu notre lot de naufrageurs!
    Et c'est intéressant de changer de point de vue.

  • Je garde finalement un bon souvenir de ce livre sombre, où la survie est le lot des plus forts !

Écrire un commentaire

Optionnel