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  • Aussitôt que la vie - Marie Gillet

    Ecrire en marchant, quelqu’un qui démarre son livre ainsi c’est fait pour me plaire instantanément, j’ai pensé à Nietsche, grand marcheur devant l’éternel. 

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    Marcher « Dans la colline éblouissante de lumière » ou bien écrire « Dans le bureau mansardé tapissé de livres » je prends les deux instantanément.

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    Le Garlaban 

    Marie Gillet nous propose de marcher avec elle sur les chemins. De jour en jour, de saison en saison, cheminer lentement. 
    Dans le sac à dos de la marcheuse, en plus des carnets, il y a toujours un livre, pour accompagner les pauses, les moments de contemplation. 

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    Le plus traditionnel 

    Thoreau écrivant son journal parlait de Journal météorologique de l’âme, Marie Gillet tient ce genre de journal depuis des décennies, à travers une multitude de carnets.
    Aujourd’hui, elle nous offre, comme un présent, quelques Bribes et Brindilles des mots engrangés mêlés aux souvenirs d’enfance.

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    J’ai aimé les carnets que Marie Gillet utilise. Ceux que l’on glisse dans la poche, ceux qui attendent le retour de promenade. Ceux achetés lors de voyages, ceux plus simples mais pleins de mots et d’autres choses 
    «  Tous sont boursouflés de feuilles, de brindilles, de grains de terre, plus rarement de fleurs »

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    Non celui là n'a pas été cueilli 

    Le lecteur pourrait facilement se perdre dans cette multitude comme on se perd devant une brassée de mots, une avalanche de sensations, un tsunami d’odeurs et de couleurs.

    Ces carnets sont là pour « l’action d’écrire » et deviennent  « des herbiers de mots, des dictionnaires personnels, des bibliothèques de traces ».
    Carnets relus parfois « un jour de pluie d’hiver ou une nuit de givre ».

    Ces carnets sont aussi un retour en arrière, vers l’enfance qui fut à la fois douloureuse et lumineuse.
    Elle découvre, enfant, le Mistral, « Dès que j’ai habité chez Mètou, j’ai appris à vivre comme on vit ici : avec le vent. »
    Cela  m’a beaucoup touché car j’ai fait la découverte de ce vent si particulier à 7 ans sur le site du château des Baux de Provence, le vent était tel que ma grand tante du m’arrimer à elle très fortement pour que la brindille que j’étais ne soit pas emportée. 

    Elle nous dit ses compagnons de marche et lumière : Hyacinthe (cela m’a rappelé Henri Bosco bien entendu) Loulou, Ange et Le chef la figure tutélaire dont on ne saura jamais s’il fut ange ou démon.

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    J’ai retrouvé dans ses mots la sensation de chaleur et de lumière que j’ai ressenti enfant dans cette Provence, j’ai retrouvé mon plaisir à crapahuter dans la colline au dessus du village dans le thym et le romarin, la chaleur des vieilles pierres du vieux château dans la Montagnette et de « laisser être la beauté, même cachée, pour qu’elle participe à l’équilibre du monde. »

     

    J’ai aimé ce moment où cessant de faire la course à la randonnée la plus difficile, la plus rapide, la course au « butin » à rapporter pour être pendant un petit moment une personne importante, Marie choisit de lâcher prise.
    Ne plus être  celle qui doit « régler touts les problèmes, trouver toutes les solutions, toujours progresser, s’élever » mais devenir celle qui ne ramasse plus rien, qui ne cueille plus aucune fleur, qui se contente d’admirer, de contempler et de remercier.

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    Chêne Rouvre 

    Les arbres et les couleurs occupent une place privilégiée dans ce livre. Le chêne tout d’abord et j’ai aimé que Marie Gillet secoue un peu la perruque de La Fontaine sur le sujet.
    Le chêne on devrait dire les chênes car il y en a de toutes sortes, et celles du sud sont un peu mes préférées : Rouvre, Kermès, Yeuses.

    Quant aux couleurs c'est Le bleu qui domine, le bleu Poussin, le bleu polaire, le bleu de Turner. C’est un festival de bleu que Marie Gillet nous offre, sous la bienveillance de Rimbaud, de Baudelaire ou de Giono.

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    Le bleu de Turner : le Château de Norham 

    L’odeur et la fragilité des violettes m’ont particulièrement touché, une des mes fleurs préférées mais uniquement dans un bois, vous savez le petit bois du Sous préfet au champs.

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    La beauté des asphodèles qui m’a contraint à rouvrir mon exemplaire de l’Odyssée. Et bien j’avais totalement oublié ce passage et du coup ce n’est pas juste le passage que j’ai relu, non j’ai replongé dans le livre la tête dans les étoiles.

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    J’ai aimé les listes qui viennent au jour «  lors d’une promenade aux alentours de la maison ou d’une marche de l’aube au soir » listes de fleurs, d’arbres, de lieux, mais surtout de personnes qui ont marqué la vie de l’auteur à jamais.

    J’ai aimé comprendre comment les mots engrangés deviennent textes un jour pour dire l’éblouissement ressenti, le chemin vers la lumière parfois très douloureux.

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    Vous avez compris j’ai aimé ce livre, il est désormais plein de petits coups de crayon, des petits signes qui évolueront lors d’une autre lecture, qui se déplaceront, qui seront effacés, remplacés au gré de mon humeur, de mon plaisir.

    Ah dernier détail Marie Gillet vous la connaissez sans doute déjà pour vous assurer de petits bonheurs du jour régulièrement 

    Le livre : Aussitôt que la vie  - Marie Gillet  - Editions L’Harmattan