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  • Salut Monsieur Rosset

    J’écoute peu les infos en ce moment et je suis donc passée à côté de la disparition d’un philosophe que j’aime et que je lis depuis pas mal d’années.

    C’est en lisant le billet de Christian que j’ai appris la nouvelle. 

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    J'aime beaucoup l'air malicieux sur cette photo

    Je lis Clément Rosset grâce à André Comte-Sponville, j’aime la lecture par ricochet ou cercles concentriques, celle qui vous emporte d’un auteur à un autre. 
    Je ne vous ferai pas sa biographie, vous pouvez la trouver un peu partout, non juste vous dire que sa disparition me rend très sincèrement triste.

     

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    Ses oeuvres les plus anciennes, celles que je préfère je crois

    J’ai commencé ma lecture de Rosset avec des livres qu’il a écrit alors qu’il était en Khâgne ou lorsqu’il préparait l’agrégation, convenez qu’il faut une bonne dose de culot et de talent.

    Il a bien entendu des thèmes favoris qui reviennent dans ses livres : le tragique de l’existence qui n’empêche pas la joie, l’absence de sens et d’interprétation possible de la vie, et bien entendu son livre sur le Réel qui affirme que le monde, le réel ne peut nous proposer que ce qu’il est, rien de plus, il n’y a pas d’autre monde à espérer

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    Clément Rosset en 2008 © Frédéric Poletti publié dans Philomag dont je vous recommande la lecture 

     

    Malgré une écriture loin du jargon philosophique universitaire j’ai parfois eu du mal à comprendre ses idées mais j’ai toujours été attirée par ses affirmations et je jubilait à la lecture de ses exemples qu’il prend plus souvent chez Tintin ou Arsène Lupin que dans le corpus philosophique traditionnel. J'ai trouvé chez lui les philosophes que j'aime : Epicure, Nietzche ou ...Montaigne !

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    3 livres passionnants de Clément Rosset 

    Les livres de Clément Rosset que je préfère : l’anti-nature, la philosophie tragique le Monde et ses remèdes, la Force majeure, le Réel et son double et Schopenhauer philosophe de l'absurde.

    Il invite son lecteur à mettre à bousculer toutes les idoles, religieuses, philosophiques, politiques.
    Mais là où il diffère du pessimisme de Schopenhauer sur lequel il a écrit une série d’essais c’est par une philosophie de la joie, de la joie de vivre qui sera le sujet de son dernier livre qui va paraitre aux Belles Lettres  L’endroit du paradis.

    Joli titre non ?

  • La Compagnie du fleuve - Thierry Guidet

    Je profite de grands rangements dans mes bibliothèques pour ressortir des livres qui m’ont plu
    C’était bien avant la descente de la Loire en Canoë, mille kilomètres à pied le long de ses rives, un long parcours du Mont Gerbier de Jonc à Saint Nazaire. Si la curiosité vous titille bouclez votre sac.

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    Le départ

    Départ en avril aux premières jonquilles, le temps de se mettre en jambes et il laisse déjà loin derrière lui le pays de Modestine, il suit avec l’oeil d’un peintre « un chemin de terre au milieu des pins, des aubépines, des noisetiers, qui longe une Loire d’aquarelle ».
    Marcher, penser, rencontrer et lire car Thierry Guidet ne saurait se passer de livres, lors de précédentes randonnées il était accompagné par Montaigne ou Sénèque, dans son parcours en Loire c’est la Bible qui lui tient compagnie car il lui faut « des livres qui se hument, se mâchent puis se digèrent lentement ».

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    La Charité sur Loire

    File le chemin rythmé par les bivouacs et les rencontres. Ici et là on repère les blessures mal refermées de la tempête de 1999.
    La Haute Loire, l’Allier, les plaines du Forez, les canaux latéraux, les chemins de halage, les « pays de rêveuses rivières et de canaux pensifs », il avance au rythme d’une péniche pendant un petit moment savourant la liberté des mariniers.
    La Loire était, avant le chemin de fer, un fleuve de chalands et de gabares. Thierry Guidet nous parle même d’une « marine de Loire » au temps où les péniches transportaient les épices des Antilles « la verrerie du Dauphiné, la faïence de Nevers, les couteaux d’Auvergne (...) les livres imprimés à Genève. »

    Mais le fleuve n’est pas toujours doux, les lignes de crues sur les façades des maisons sont là pour le rappeler. 
    Mi parcours et c’est l’entrée dans « La Loire des châteaux et des vignes » Vite  un signe de la main à Balzac, à Stendhal qui navigua entre Tours et Nantes, une pensée pour D’Artagnan qui fait son entrée à Meung sur Loire.
    Notre marcheur fait un détour par Chambord, flâne dans le potager de Villandry.
    Rois, reines, art de vivre, douceur angevine, avec au détour d’un chemin ....une centrale nucléaire.

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    Gabare sur la Loire

    La fin du parcours approche et c’est un monde d’îles que l’auteur nous fait découvrir à bord d’une gabare : l’île Meslet, le Piloquet, l’île aux bergers, et même Kerguelen.
    Le voyage se termine à Saint Nazaire, j’ai aimé la compagnie de Thierry Guidet, jamais pompeux, toujours curieux qui dit « J’ai marché en badaud, curieux de la leçon de choses, et d’histoire, et de géographie, et de littérature que me donnerait le fleuve. »

     

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    Le bout du voyage : l'estuaire de Saint Nazaire

     

    Le livre : La Compagnie du fleuve - Thierry Guidet - Editions Joca Seria 2004

  • Dans les pas de Marcel Proust - William Friedkin

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    Parfois l’amour des livres peut surprendre.
    Je me souviens de mon étonnement en apprenant qu’Orson Wells était un fan de…Montaigne !

    Et bien je viens d’avoir une surprise du même genre.Connaissez-vous le réalisateur de l’Exorciste, film célèbre s’il en fut, il a aussi commis French Connection ?

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    Son nom est William Friedkin, aujourd’hui je vais vous le présenter, non comme un réalisateur, mais comme celui qui a mis ses pas dans les pas de Proust.

    Son petit livre est préfacé par quelqu’un que j’aime beaucoup : Jérôme Prieur.
    Il est traduit par Nicolas Ragonneau grand spécialiste de Proust.
    Un court moment j’ai cru à un canular du genre Gary et Ajar, mais non pas du tout, William Friedkin a bien écrit ce texte qui fut publié par le New York Times le 20 mai 2017.

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    Sherazade des temps modernes

    Pour Friedkin, La Recherche est un livre essentiel. Il l’a découvert grâce à sa femme …Jeanne Moreau

    Comment tout ça est arrivé ?
    « Jeanne a commencé à me lire le texte et à me le traduire instantanément.
    Je l’ai trouvé extrêmement beau et profond, et… je continue à lire Proust chaque jour. » avouez que c’est mieux que des boutons de manchette comme cadeau de noce !

    Friedkin est tombé sous le charme de Proust et va lire tout ce qu’il peut trouver sur l’écrivain, il lit la biographie de Jean-Yves Tadié et dans son entretien avec Nicolas Ragonneau, (Pour retrouver l’interview complet c’est ici), il demande à celui-ci de remercier Tadié « Dites-lui s’il vous plaît combien j’admire son livre. Pour moi, qui ai lu tout ce que je pouvais trouver, c’est le livre le plus définitif sur Proust, celui que je crois le plus. Et dites-lui que ce fut une grande expérience de lecture »

    Et surtout il va partir sur les traces de l’écrivain.
    « Dès que vous avez lu Proust, cela devient une partie de votre vie. »

    Il va arpenter le Ritz, chercher à visiter le lycée Condorcet, et bien entendu il va jusqu’à Illiers-Combray, là où dit-il « on se rapproche le plus du monde de Proust ».

    proust

    Il est devenu Proustomaniac
    « Et maintenant, comme j’ai traversé tous les tomes, je lis différents passages. Parfois je lis un passage hors de son contexte, c’est comme écouter de la musique quand vous voulez écouter un de vos passages favoris. Ainsi je le lis tous les jours et c’est vraiment étrange parce que… je n’avais évidemment rien en commun avec Marcel Proust, absolument rien. Nous avons grandi à des époques différentes, nous avons des expériences et une éducation très différentes, mais j’ai trouvé une certaine… non pas similitude, mais une parenté et une humanité dans l’œuvre de Proust qui me saisissent dès la première phrase. »

    Ce petit livre est un bijou pour tout amateur de Proust et il va prendre place dans ma bibliothèque à la lettre P évidemment

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    Le livre : Dans les pas de Marcel Proust – William Friedkin – Traduction Nicolas Ragonneau – Éditions La Pionnière 2019

  • Beau comme l'antique

    Savez-vous d’où vient cette expression Beau comme l’antique ?  Et bien je vais détruire le mythe, cela n’a rient à voir avec Rome ou l’antiquité mais tout à voir avec …Napoléon, ben oui !! C’est le peintre David qui utilisa l’expression pour parler de l’empereur.  Enervant non ?

     

    Revenons à Rome

    Je vous ai présenté une partie de ma bibliothèque consacrée à l'antiquité, il me reste à vous inviter dans ma bibliothèque romaine.

    Je m’aperçois qu'elle est sous la coupe d’Ovide manifestement. 
    Son oeuvre majeure, Les Métamorphoses dont j’apprécie la traduction de Marie Cosnay aux Editions de l’Ogre. C’est très réussi et  magnifiquement mis en page. 

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    J’avais fait un billet sur les Métamorphoses il y a quelques années dans lequel j’évoquais deux livres autour de l’oeuvre d’Ovide, je vous laisse vous y reporter si vous le souhaitez.

    Mais je n’ai pas fini avec ce diable d’homme car ce qui m’a toujours attaché à l’homme c’est son destin d’exilé et ses lettres, certes parfois un rien larmoyantes, mais toujours d’un style époustouflant, ses lettres d’amour et lettres d’exil sont superbes. 

    Alors bien sûr j’ai lu des biographies et essais et je vous en recommande deux; celui de Xavier Darcos et un essai assez récent et Avec Ovide de Nicolas Gardini, tout en finesse et érudition. 

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    Ensuite il y a Virgile, pour lui j’ai fait une petite folie avec l’édition en Pléiade et un Virgile de Xavier Darcos que j’apprécie beaucoup, vous allez croire que je fais une fixation sur le ministre, non pas du tout mais que voulez-vous il n’y a pas beaucoup d’essais sur Virgile qui soient facilement accessibles et il en fait partie.

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    Puis il y a Sénèque, qui pourrait être dans mon rayon philo. J’ai ses oeuvres complètes en numériques mais j’ai surtout un livre vieux d’environ 20 ans qui a souffert de mes nombreuses lectures, c’est Apprendre à vivre chez Arléa une éditions des Lettres à Lucilius que j’ai lu et relu et dans lesquelles je viens piocher quand je lis Montaigne adepte s’il en est de Sénèque. 

    Son compagnon d’étagère c’est l’empereur, je veux dire Marc Aurèle, je l’aime mais nettement moins que Sénèque. 

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    Avant de passer au dernier des auteurs romains de ma bibliothèque je fais un petit détour par Pompéi, avec un livre promenade dans le temps et l’espace, qui m’a enchanté et qui est un livre monde puisque l’auteur Claude Aziza nous balade dans les essais, les romans, les films qui ont été écrits sur Pompéi, depuis Chateaubriand à ………C’est réussi je vous le conseille si vous allez un jour à Pompéi.

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    Enfin le dernier mais pour moi le premier, mon préféré : Lucrèce

    Tout ça c’est la faute à ma fille ainée qui a eu De rerun natura au programme de sa classe de prépa, ça m’a agacé de ne l’avoir jamais lu, puis vinrent Jean Salem, Marcel Conche  et André Comte-Sponville qui ont alimenté ma curiosité  sur Lucrèce 

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    Ensuite ben ….ensuite il y a Montaigne, à force de voir les citations cela a fini de m'agacer de ne pas mieux connaitre l’auteur alors j'ai lu et relu le texte.

    Et depuis peu il y a la formidable éditions de Bernard Combeaud aux Editions Mollat, j’en conviens j’ai fait une folie car c’est une édition de luxe mais oh combien satisfaisante que ce soit pour la qualité du livre, pour la traduction et les commentaires de B Combeaud. Un must. 

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    Voilà mon dernier conseil pour ceux qui aiment écouter, les versions audio que j’ai présenté ici dans un billet il y a peu . 

    Je ne jure pas que cette bibliothèque se maintiendra ainsi, je vais sans doute y faire quelques rajouts mais attention il va falloir que s’en en vaille la peine !

    Les Livres et Livres audio

    Ovide - Lettres d'amour et d'exil - Editions Thesaurus Actes Sud 
    Ovide - Les Métamorphoses - Traduction Marie Cosnay - Editions de l'Ogre
    Xavier Darcos - Ovide - Editions Fayard
    Nicolas Gardnini - Avec Ovide - Editions de Fallois
    Xavier Darcos - Notre Virgile - Editions Fayard
    Virgile - Editions de la Pléiade
    André Comte-Sponville - Le miel et l'absinthe - Editions Herman 
    Lucrèce - La Naissance des choses - Traduit par Bernard Combeaud - Editions Mollat 
    Ovide - Les Métamorphoses lues par Michel Vuillermoz Editions Frémeaux 
    Lucrèce - La naissance des choses  lue par Denis Podalydès Editions Frémeaux 

  • La Fabrique du chef-d'oeuvre - Sébastien Le Fol

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    Je vous propose un livre qui évoque les grandes oeuvres de notre littérature, les inoubliables, les incontournables.

    Le maitre d’oeuvre de ce livre nous propose d’entrer dans la fabrique elle même, celle qui livre les secrets de la création d’un chef d’oeuvre. car comme le disait Bernard de Fallois « Quel  roman que l’histoire des romans » et bien ici vous allez vous en donner à coeur joie.

     

    Comment certaines de ces oeuvres ont traversé les siècles ? Comment ont elles été écrites ? 
    Pourquoi sont elles enseignées encore dans les écoles ?

    Frédéric Le Fol est allé le demander à des écrivains, des journalistes, des philosophes.
    Il a sélectionné 23 oeuvres, on imagine le casse tête qui fait que l’on élimine Baudelaire mais qu’on garde De Gaulle !!! 
    Bref 23 oeuvres qu’on lit encore aujourd’hui. 

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    J’ai été autant intéressée par le choix des oeuvres que par celui des accompagnateurs qui cherchent à nous faire partager leur passion, leur admiration, leurs avis. 
    Tous ces accompagnateur partagent une passion pour la littérature et nous donne envie de la partager à notre tour.
    J’ai retrouvé là des amis de lecture. 

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    Pascal à Port Roya

    Laurence Plazenet et sa connaissance de Pascal mais aussi de Port Royal. 

    Jean Michel Delacomptée que je lis depuis des années et qui m’a transporté dans le siècle de Louis XIV mais aussi chez Montaigne et qui ici nous emporte chez La Fontaine 

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    L’article d’Antoine Compagnon sur Montaigne est une parfaite introduction à l’auteur et son avis sur l’adaptation la meilleure en langue d’aujourd’hui me convient parfaitement car il fait une belle place à Bernard Combaud et à l’éditions chez Bouquins qui devrait rester pour l’avenir comme une édition de référence.

    « Leur actualité (Les Essais), c’est celle d’une pensée émancipée, promeneuse et plurielle, d’une pensée à l’essai, ennemie de tous les fanatismes et de tous les fondamentalismes, d’une pensée politique au sens noble, portant sur l’identité de la nation par delà les croyances et les dévotions. »

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    Josyane Savigneau nous introduit chez Marguerite Yourcenar et Hadrien et donne envie de relire la bio qu’elle a fait de l’auteure.

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    « Lorsque l’unique maison d’édition de Gaza fut écrabouillée par un bombardement israélien, que découvrit on ? Qu’après le Coran, son livre le plus vendu était Les Misérables de Victor Hugo traduit en arabe »

    Les Misérables reste pour moi le modèle même du roman, n’en déplaise aux grincheux, l’histoire elle même est dans toutes les mémoires, les noms des personnages sont dans la langue courante, et l’article de Jean François Kahn est juste …parfait 

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    Olivier Frébourg que je connais déjà est idéal en passeur des MOT ….pour les non initiés Les Mémoires d’Outre Tombe de ce prétentieux mais si éblouissant Chateaubriand.

    « On pourrait penser que cet ouvrage est un fleuve, un océan. Il l’est ! Mais c’est aussi un kaléidoscope composé de l’Iliade et l’Odyssée, des Confessions celles de Saint Augustin et de Rousseau. »

    Comment tous ces livres ont vu le jour, comment ils ont été pensé, publié ? La critique fut parfois et est encore parfois, féroce mais ….ces livres sont inscrits dans notre patrimoine littéraire et leur postérité est incontournable.

    Il y a quelques surprises : le Mémorial de Saint Hélène ! Vu par un spécialiste comme Thierry Lentz cela prend une autre tournure. 

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    J’ai lu avec intérêt Jérôme Dupuis quand il parle de Céline. J’ai aimé l’article sur Jules Verne et sur Alexandre Dumais mais j’étais là moins surprise, moins épatée.

     

    Je vous sens un peu dubitatif ? Il en manque, et Proust alors ? Et Stendhal ? J’ai fait l’impasse parce que Proust est partout sur ce blog, Stendhal n’est pas en reste et l’article est passionnant mais je suis restée un peu en retrait car je les connaissais déjà très bien.

    Balzac est à la noce en ce moment avec les films qui sortent : Les Illusions perdues, Eugénie Grandet et il a une place réservée avec Splendeurs et misères des courtisanes.

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    Je n’admire pas le De Gaulle du coup d’état de 58 mais j’admire celui du 18 juin et ses mémoires méritent sans doute leur place ici.

     

    J’ai aimé la préface de Sébastien Le Fol qui sait nous faire partager sa passion, lui qui n’eut pas de livres dans sa famille mais qui a trouvé celui qui va le conduire vers l’écrit un peu comme Monsieur Germain qui prit par la main un nommé Albert Camus.

    «  Est ce parce que j’ai manqué de livres les quinze premières années de ma vie ? Les grands écrivains sont sacrés pour moi. Je pénètre dans les bibliothèques comme dans les abbayes cisterciennes : sur la pointe des pieds. Je n’ai pas reçu le baptême mais j’éprouve la foi du converti. »
    Certes je connaissais la plupart des oeuvres et parfois la façon dont elles avaient été éditées mais c’est là qu’interviennent les accompagnateurs qui viennent mettre leur grain de sel, leur savoir, leur étincelle pour rendre tout cela clair, pour rendre l’envie de lire et relire tout à fait dévorante.

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    Le livre : La Fabrique du chef d’oeuvre - sous la direction de Frédéric Le Fol - Editions Perrin

  • Voyages - William Bartram

    Le père de Franklinia Alatamaha

     

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    Une partie de ma famille est allée vivre en Caroline du Sud, cela rend immédiatement curieux d’un territoire.

    Coïncidence : Je croise dans un livre récent le nom d’un naturaliste qui a arpenté ces terres là et double coïncidence une nouvelle collection chez Corti nous offre la traduction des voyages de ce naturaliste !!!

    Ma curiosité bien réveillée j’ouvre le livre de William Bartram.

     

    Plus jeune qu’Audubon, William Bartram vit en Amérique avant que ce soient les Etats-Unis. 

    Fils de quaker, son père botaniste du roi l’initie à la botanique, à l’entomologie, à la zoologie alors qu’il est encore en culottes courtes.

    Mais le père n’a pas le talent du fils pour conter ses voyages et il va falloir attendre 1791 pour que William publie ses pérégrinations en Caroline, Géorgie, en Alabama, Mississipi, Louisiane jusqu’en Floride.

     

    Il a fait un périple qui l’a emmené des Appalaches à la Floride juste avant la Guerre d'indépendance et son livre devint très vite non seulement un classique américain mais inspira aussi les européens, en particulier le Vicomte de Chateaubriand qui l’a beaucoup lu (Les Natchez lui doivent beaucoup) et a fortement influencé les romantiques anglais comme Wordworth et Coleridge.

     

    Il s’embarque en 1773 pour un voyage qui va duré 4 ans pendant lesquels il va observer, décrire, dessiner des plantes.

     

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     « L’élégant palmier de Floride, le superbe Magnolia, empreint de magnificence et de dignité »  

     

     

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    Le Turdus migratorius qui  « se lance d’une tourelle avec la célérité d’une flèche, comme s’il tentait de rattraper son âme qu’il aurait rendu à la dernière note d’un chant aigu »

     

    Véritable scientifique qui a lu Linné, il va répertorié et nommé tout ce qu’il voit. La liste en fin de volume est impressionnante.

    C’est le défenseur des beautés de la nature, « Infinie variété de scènes animées, indiciblement belle et agréable » , il rapporta de ses voyages multiples spécimens tous exceptionnels

     

    Au passage il donnera son nom à quantité de plante et en particulier au Franklinia Alatamaha une plante magnifique qui ne survécut que grâce à la collecte des graines que fit le naturaliste.

     

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                                 Franklinia Alatamaha

     

    Il est l’ancêtre des protecteurs de la nature mais bien avant cela de la protection et du respect des indiens Creek, Choctaws, Cherokees ou Séminoles car en fervent Quaker il est respectueux de toutes les créatures rappelant par là Montaigne 

    « Ayant beaucoup dans mes voyages fréquenté les Indiens de l’Amérique, j’ai pu juger pour moi-même s’ils méritaient les critiques sévères que leur adressent les blancs. »

     

    Il a le savoir écrire des hommes instruits de son temps et c’est un plaisir que de lire ses pages. Il nous gratifie parfois d’envolées lyriques qui ont du plaire à Chateaubriand, mais qui ont la haute tenue scientifique des écrits d’un Buffon.

    Le naturaliste a exploré le Sud avant la guerre d’indépendance et ainsi laissé son voyage en héritage à la toute jeune nation américaine.

     

    Aujourd’hui encore on peut suivre ses traces sur le Bartram Trail 

     

     

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    Le livre : Voyages - William Bartram - Editions José Corti