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Rechercher : la douce colombe est morte

  • Quatuor d'automne et La douce colombe est morte - Barbara Pym

    Restons en Angleterre et offrons nous une deuxième cup of tea

     

    La première série des Barbara Pym présentée ici clignait de l’oeil en direction des presbytères.

    Voilà une seconde livraison tout en douceur, délicatesse, panachée de dérision, où affleure un rien de cruauté.

     

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    Un quatuor d’abord qui va se disloquer pour cause de départ à la retraite. Deux femmes qui vivent parfois difficilement leur solitude, qui font parfois semblant de vivre leurs rêves, qui se raccrochent à une routine bienheureuse pour ne pas voir le temps passer.

    Les premières pages du Quatuor d’automne sont redoutables dans la description des petites habitudes au travail, des mesquineries qui ponctuent les journées, des faux-semblants.

    Ah ces pauses déjeuner où chacun part de son côté pour donner le change et faire croire à des rendez-vous secrets.

    Femmes et hommes partagent des journées de travail mais se refusent à laisser apparaître un peu d’eux-même sous la carapace.

    C’est très tendre et parfois très triste. 

    Pas de plaisanterie je vous le déconseille comme cadeau de départ à la retraite.......

     

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    Mon numéro deux c’est une Douce colombe à qui la vie joue un mauvais tour, lors d’une vente aux enchères elle fait la connaissance de deux hommes : James et Humphrey, deux antiquaires.

    Léonora est une belle femme qui aime le luxe, la beauté, la cuisine raffinée et les fleurs. 

    Elle a du goût Léonora, il n’y a qu’à voir son appartement, ce qui est bien pour plaire à ses deux chevaliers servants.

     

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    Seulement voilà chez Barbara Pym rien n’est jamais parfait alors les sentiments se portent souvent là où il ne faut pas, entre un Humphrey de sa génération et le un peu trop jeune James, pour qui croyez vous que Léonora a un penchant ?

    Cette douce colombe va se révéler machiavélique, manipulatrice et un rien perverse, prête à affronter Ned qui a pris une place bien trop importante dans le coeur de James. 

    Tout l’art de la dérision et du sous-entendu où excelle dame Barbara.

     

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    Voyez ce qu’en pense Plaisirs à cultiver

     

    Les livres :  

    Quatuor d’automne  et La douce colombe est morte - Barbara Pym - Traduit par Martine Bequié - Editions Christian Bourgois ou 10/18

  • La Colombe poignardée - Pietro Citati

    A la recherche de Proust  Episode 2

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    Vous n’avez jamais lu La Recherche, vous avez été tenté mais ... vous avez commencé et vous êtes enfui à toutes jambes ....Voilà un livre fait pour vous.
    Après le témoignage de Céleste, une analyse subtile qui déclenche l’envie de lire Proust ou apporte un plaisir renouvelé à sa lecture.

    Essai d’un érudit, d’ un esthète, d’un admirateur intransigeant, d’un écrivain d’un rare talent. Je vous assure que je n’exagère pas du tout.

    Le livre se divise en deux temps distincts, les premiers chapitres ont la forme de la biographie, mais une bio sautillante car le respect de la chronologie n’est pas le fort de Pietro Citati.
    Ce qui l’intéresse et qui du coup intéresse son lecteur ce sont les à côtés, les moments clé de la vie de Proust, ceux qui ensuite vont se retrouver dans son oeuvre et servir de trame à la Recherche.
    Pietro Citati nous invite à découvrir un homme pour qui le bonheur est le centre, l’essence même de son écriture.
    Je vous vois tressauter derrière votre écran ! quoi Proust amateur de bonheur ! lui qui dissèque pendant des pages sa quasi agonie lorsque sa mère ne lui donne pas le baiser du soir ?  

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    Oui ce Proust là, dont Pietro Citati nous dit que son envie de bonheur était tellement intense qu’elle en était douloureuse. D’une façon inattendue il rapproche Proust de Tolstoï dans cette course effrénée vers la vie et le bonheur.
    A travers des anecdotes, des épisodes de la vie de Marcel Proust il donne à voir cette réalité. Les relations avec sa mère, qui refusait tout ce que son fils était « l’emphase, l’exagération, la tragédie, le dévoilement de soi » les relations avec les autres qui toutes étaient blessure car « la douleur est l’arme véritable pour pénétrer dans le coeur des autres. »
    On voit Proust au travail, Proust en pleine crise d’asthme, Proust devant les tableaux de Chardin ou de Vermeer, Proust se gorgeant de musique.
    Pietro Citati nous invite dans son intimité avec ses amis, ses amants : Reynaldo Hahn, Antoine Bibesco, Anna de Noailles.

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    La seconde partie  Autour de la recherche  est une analyse de l’oeuvre, une recherche sur la Recherche, en découvrir les mécanismes, en comprendre les rouages. Voir se construire cette cathédrale somptueuse :
    « La Recherche est une oeuvre unique. Si nous lisons Wilhelm Meister, Crime et Châtiments, Anna Karénine, les Démons ou L’homme sans qualités, nous découvrons que l’oeuvre grandit d’abord comme un arbre ou un taillis, sans posséder encore une architecture, ou une théorie sur elle-même. »
    Pour la Recherche il en va autrement « Toute l’énorme masse narrative s’y dissimule, comme un germe qui deviendra arbre, forêt, continent. »

    Proust voulait écrire un roman avec des « essences »  des « gouttes de lumière » et son oeuvre « tente de réunir en elle toutes les traditions la littérature. »
    Effort prodigieux de Marcel Proust car nous dit Pietro Citati
    « Pour écrire un livre aussi démesuré, Proust avait l’impression de devoir se multiplier. Il lui fallait faire appel à tous ses sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher »

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    Proust l’écrivain du temps « Nous connaissons tous le temps, tous nous vivons immergés en lui, et nous entendons le lent bruissement qui l’accompagne et nous enveloppe tandis que nous pénétrons en lui »  mais quelle différence avec d’autres écrivains du temps « Stevenson reproduit sa légèreté rapide, Flaubert sa continuité monotone, Hardy sa laborieuse épaisseur, Proust la mélodie des événements. »
    Ce livre est un monument d’admiration pour un auteur, le Proust portraitiste, le Proust maître du dialogue, le Proust ironiste mais aussi le ténébreux et presque frère de Dostoïevski.
    Je vous laisse en compagnie de Citati qui je l’espère finira de vous convaincre de glisser ce livre dans votre bibliothèque.

    « Nous sommes parvenus ici, vers la fin du temps retrouvé; nous avons lu des milliers de pages, sans comprendre les signes, les indices, les avertissements, les révélations inachevées, les clartés dans l’ombre; des épisodes entiers reçoivent maintenant leur signification : nous n’avions même pas compris les premières pages ; il nous faut maintenant revenir en arrière, déchiffrer Longtemps je me suis couché de bonne heure , puis relire tout le livre, tandis que Marcel commence à écrire le sien. »

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    Le livre : La Colombe poignardée - Pietro Citati - Editions Gallimard 1997 également en Folio

  • Douce France

    J’aime les voyages lointains mais j’aime aussi un monde beaucoup plus proche.

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    La Provence fait partie de moi intensément et même si je n’arpente pas les sentiers du Lubéron ou de la Montagnette autant que je voudrais j’aime lire à leur propos

     

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    Lourmarin

    Rendez-vous sous le soleil provençal dès demain

  • Les Ailes de la colombe - Henry James

    C’est toujours une aventure d’entrer dans un roman de Henry James. Après les Ambassadeurs Roderick Hudson et Washington Square j'ai repris contact avec le romancier des tourments du coeur, qui aime conduire son lecteur au fond des âmes mais par des tours et détours souvent longs, délicieux et mensongers

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    Portrait de James ©Michel Maire


    Pour ce roman Henry James nous gratifie d’une préface mais elle est tellement fouillée que l’éditeur très justement l’a reportée en fin de volume. 
    Si vous êtes prêt à vous embarquer pour 800 pages d’amours interdites, d’illusions perdues, d’amitiés tortueuses alors vous prendrez le chemin de Londres puis de Venise à la suite de James qui est par excellence le romancier de l’Italie.

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    Les personnages du film

    Kate Croy est amoureuse de Merton Danser un jeune journaliste sans le sou, elle n’a aucune dote et sa famille lui cause bien des tourments. Sa tante, la redoutable Mme Lowder, a cette singularité que « son visage lorsqu’elle parlait, était comme une fenêtre éclairée dans la nuit, mais sur laquelle le silence immédiatement tirait les rideaux ». Elle lui cherche un parti convenable et si possible argenté.
    Merton Densher n’entre aucunement dans les vues de tante Maud !

    Milly Theale jeune et charmante américaine, à l'inverse elle « est riche de tout (...) elle possède la liberté, la fortune, une vive intelligence, le charme personnel, le don d’intéresser et de s’attacher les êtres. ». 

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    « C’était un visage de jeune femme, merveilleusement dessiné, un buste, en robe splendide; un visage de teinte presque livide, d’une beauté triste et couronné d’une haute masse de cheveux, tirés en arrière, qui avaient dû, avant que le temps n’en atténuât la couleur, ressembler à ceux de Milly. »

    Elle  a fait connaissance avec Merton à Boston pour son journal et même si elle n’est pas prête à l’avouer, son envie d’Europe est sans doute liée à l’envie de revoir le jeune homme. 

    Elle part en Europe avec un chaperon bien intentionné Susan Stringham qui a des liens très anciens avec Mme Lowder et qui compte sur elle pour introduire Milly dans la bonne société londonienne, entendez par là la société où l’on peut trouver un possible mari. Kate et Milly deviennent amies proches. 
    Pour compléter le tableau il y a Lord Mark que l’on verrait bien fiancer avec Kate si celle ci ne s’obstinait pas à refuser ses avances.

    Jusque là rien que de très classique, amoureux transis, coureurs de dote, jeune fille à marier et familles imposant leur volonté. 
    Mais Henry James sème quelques grains de sable qui vont gripper la machine, Milly la fraiche ingénue deviendra-t-elle victime ou imposera-t-elle ses choix ?  les chassés croisés vont être multiples. L’auteur fait varier les tempos, le temps s’étire, apparaissent des sentiments  moins nobles : cynisme, férocité des ambitions, manipulations subies ou consenties.

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    A Venise

    Une lecture où il est bon de prendre son temps, de peser tous les changements, de suivre tous les méandres du récit. Ce qui couve là dessous c’est l’argent, son rôle, son pouvoir, les raffinements des complots, les démarches clandestines. James n’abat jamais ses cartes et nous laisse jusqu’au bout dans le doute.

    Si vous aimez les explorations de l’âme humaine alors plongez dans ce roman dont on ressort enchanté. 

    Ah dernier détail, le titre fait référence à un psaume, je vous met sur la piste c’est le cinquante cinq.

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    Le livre : Les ailes de la colombe - Henry James - Traduit par Marie Tadié - Editions Gallimard Folio

     

  • Morts imaginaires - Michel Schneider

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    Finita la comédia 

    Ecrire, raconter, imaginer parfois les morts d’écrivains célèbres, de poètes maudits ou non. Que se passe-t-il lorsque le rideau tombe ?

    Ce sont les morts dont Michel Schneider nous fait le récit sous un angle particulier, un point de vue bien à lui.
    C’est la réalité et en grande partie la vérité mais l’auteur nous les développe de façon très  personnelle.

    C’est un livre surprenant, que je lis pour la seconde fois pour vous en parler et je l’ai fait sans une once d’ennui, avec le même grand plaisir qu'à la première lecture de retrouver ces moments de vie ou plutôt de mort où  poésie et  réflexion s’invitent.

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    Le cimetière du Père Lachaise

    « Je tiens ici le registre des morts imaginaires d'écrivains réels. J'ouvre le rideau au moment où La commedia è finita »

    Certains ont eu une mort douce, d’autres tragique, certaines sont un rien ridicules.

    Michel Schneider nous offre ainsi les heures dernières de trente-six écrivains, mais la cérémonie n’est pas macabre du tout.
    Il utilise les biographies, les correspondances, les bons mots de la fin restés célèbres de ces hommes et femmes à qui il offre ainsi un beau monument funéraire.

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    le combat du jour et de la nuit

    Certains derniers moments sont très révélateurs, d’autres totalement incompréhensibles, certains sont choquants d’autres risibles. Parfois l’on prend une leçon de courage et de dignité.

    Je vous propose d’aller vous recueillir sur quelques tombes célèbres et de répondre à l’invitation de Michel Schneider, après avoir déposé vos fleurs il sera tant d’ouvrir les oeuvres.

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    Nabokov en chasseur

    Prenez Nabokov pense-t-il à  sa Russie natale ? Pas le moins du monde, Nabokov dit « un certain papillon est déjà en vol » joli dernier rêve non ?

    Montaigne qui souhaite mourir à cheval mais qui s’éteint parmi les siens lui qui disait avoir « continuellement la mort en bouche »

    Tchékhov qui « était un médecin. Il savait un peu ce qu’était la mort » et réclame un peu de champagne. 

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    Lev Nicolaïevitch Tolstoï en gare d’Astaopovo, fuyant sa femme, sa maison « fuir…fuir »

    Robert Walser à la mort « malicieusement tragique » qui trouve la mort en promenade « D’un pas frêle mais assuré, il est parti sur la page du jour. »

    Vous trouverez aussi Pascal, la belle marquise de Sévigné, Goethe ou Pouchkine, Kant et Flaubert, Rilke ou Zweig.

    Un livre à ranger à côté de celui de Cees Nooteboom 

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    Le livre : Les morts imaginaires - Michel Schneider - Editions Grasset et Folio

  • Choisir sa mort

    Il y a des écrivains qui parviennent à se faire une place déterminante dans nos lectures. 
    Karel Schoeman est du nombre. Depuis la parution de son premier roman chez Phébus j’ai lu toute son oeuvre traduite. Un homme au parcours atypique : pensionnaire d’un monastère en Irlande, infirmier psychiatrique en Ecosse et bibliothécaire aux Pays Bas puis en Afrique du Sud.

     

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    Karel Schoeman était solidaire du peuple noir à une époque où ce n'était pas la norme.
    Son oeuvre est très large en particulier des livres d’histoire, des biographies et du théâtre. En France seuls ses romans sont traduits mais quels romans ! 

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    Karel Schoeman a fait le choix d’une mort volontaire, il a cessé de s’alimenter et de boire « pour ne pas se voir veillir » Il avait 77 ans

    Il est mort à Bloemfontein où se situe En étrange pays un roman que je viens de relire et dont je vous parlerai dans le prochain billet. Si vous cherchez des billets sur son oeuvre allez voir Eeguab qui est amateur 
    j'ai fait une chronique sur son roman Cette vie 

    Malheureusement en France du moins il n’a pas atteint la même notoriété que certains écrivains d’Afrique du sud alors que ses romans sont d’une grande force, certes ce sont des romans assez austères parfois mélancoliques mais je les ai lus avec un plaisir intense. 

    Toujours résolument opposé à l’apartheid et solidaire du combat pour son abolition, il avait reçu la plus haute distinction des mains de Mandela : l’Ordre du Mérite sud-africain

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    Dans un courrier à son avocat il dit espérer que son geste permettra que la question de l’autonomie des personnes âgées et leur choix de fin de vie soient discutés ouvertement.

    C'est une position que je partage totalement et contrairement à l’omerta française l’archevêque Desmond Tutu  à pris position en faveur de l’euthanasie.